lundi 14 avril 2014

Une conférence sur la péniche de la Barge (quai de la Rapée à Paris)


Le propre de la réussite sociale, le fait d’avoir été député ou ministre, d’appartenir à un clan, à une coterie comme le disait Stendhal, c’est de pouvoir dire ce que l’on veut, parfois n’importe quoi, et d’être en toutes occasions acclamé.

C’est ce qui s’est passé, le premier avril dernier, avec Luc Ferry, ancien ministre de l’Education nationale, pas du tout descendant de Jules Ferry comme il l’avait laissé croire, et qui a eu par ailleurs le triste privilège durant le temps de son mandat de voir ses livres subir un autodafé.

Il s’en est apparemment bien remis. Admirons les multiples activités de cet intellectuel, professeur, journaliste, homme de radio, homme de télévision, toutes performances par ailleurs difficilement compatibles avec la pratique de la pensée.

Ce soir-là il tentait de vendre son dernier livre paru chez Robert Laffont  « La Plus Belle Histoire de la philosophie » et pour ce faire, développait sur la péniche de la Barge, au quai de la Râpé, dans le cadre de soirées judaïques organisées par le FSJU, sa nouvelle théorie.

L’histoire de la philosophie comporterait selon lui quatre grandes étapes.

La première est l’étape grecque qui serait dominée par la quête de l’harmonie. Selon les grecs le cosmos connait un ordre parfaitement sublime et la seule tache de l’homme consiste à y trouver sa juste place. Ulysse s’éloigne d’Ithaque durant dix ans que dure la guerre de Troie, mais ensuite il y revient comme nécessairement et l’Odyssée est l’histoire de ce retour.

La deuxième grande étape est celle des religions, catholique, judaïque et autres.

La troisième est celle des Lumières, de la Révolution, de la sécularisation des Droits de l’Homme, celle de la Démocratie et de la Liberté, troublée un moment par Nietzsche et sa volonté de puissance.

Enfin, la dernière serait celle du bonheur sous la forme aujourd’hui du mariage d’amour.

Des millions de petites filles sont sacrifiées chaque jour dans le monde sur l’autel de l’obscurantisme et de l’Islam, par l’autorité de leur frère ou de leur père. Chez nous au contraire, c’est le règne de la liberté. Tout le monde est libre de s’aimer et de se marier librement.

Grande pensée, assurément qui conclut exactement au contraire de ce qui se advient. Aujourd’hui il n’y a plus de mariage d’amour. L’amour se prend et puis se jette, à coup de préservatifs et de sécularisation de la société.

Les seuls mariages précisément, qui ne se délitent pas, sont ceux qui sont fondés sur la religion, qu’elle soit catholique, juive ou autre. La sacralité est indispensable à qui souhaite s’inscrire dans le temps.

On connait la théorie de Luc Ferry développée dans son livre « L’homme Dieu ». Ce dernier désormais est maitre de la terre et de lui-même, grâce à la raison, dans le prolongement de la pensée de Kant. C’est la théorie des Lumières.

Cet homme dont il parle est celui précisément qui est en pleine déconfiture, car ayant rompu toute relation au sacré.

La vérité est que l’Europe n’est pas ce royaume du mariage d’amour qu’il évoque avec émerveillement mais bien au contraire un univers en pleine décomposition.

Au centre de celui-ci cependant, une lueur d’espoir : en France, le mouvement contre le mariage pour tous, qui sauve l’honneur et annonce peut être une recomposition spirituelle.

Par ailleurs Luc Ferry lorsqu’il évoque le mariage d’amour et la liberté ne parle que de l’Europe. Il laisse totalement de côté les Etats-Unis d’Amérique qui sont indissolublement liés à notre monde, sans doute parce qu’il sait que ceux-ci sont animés par la foi protestante associée aux Lumières et que chez eux la foi ne conduit pas à l’obscurantisme mais bien au contraire à la connaissance.

Le vrai drame, c’est qu’entre la pensée de Luc Ferry et celle de la gauche en France, il n’y a pas de distance. Or il se prétend de droite.

Nous sommes en pleine confusion. En tout état de cause, tous, de droite comme de gauche, sommes complices du parricide, de la mort du Roi et de la tentative de meurtre de Dieu. Tous nous sommes dans le déni.

Contrairement à ce que prétend Luc Ferry il ne peut pas y avoir de spiritualité laïque. La laïcité n’est pas synonyme de liberté, mais de l’athéisme. Dans de nombreuses communes en France aujourd’hui, on interdit le son des cloches des églises. Il porterait atteinte à la liberté, cette liberté qui, si on y prend garde conduit tout droit au totalitarisme.

En fait la solution serait la résurgence des différentes spiritualités qui habitent la France, dans le cadre de la redéfinition d’une authentique laïcité positive.

Luc Ferry n’est pas un penseur. Il est un professionnel des medias et il va au plus pressé, à ce qui peut se vendre facilement.

En ce sens, son livre devrait sans doute « marcher ».

Que la péniche de la Barge et la communauté juive qui y sévit fassent de ce personnage un de ses plus brillants intervenants est inquiétant.

La pensée juive à ce rythme risque d’être engloutie sous l’assaut de la médiatisation.

Attention, danger !

Edouard VALDMAN