mercredi 1 octobre 2014

Bernard-Henri Lévy ou le Crépuscule des idoles



J’ai rencontré Bernard-Henri Levy dans les années 70. J’avais remarqué à plusieurs reprises, dans le journal Le Monde, une publicité concernant des ouvrages publiés aux éditions Grasset, sur lesquels figurait le nom d’une collection « Figures », et celui de son directeur.

La répétition faisant son effet, j’ai été davantage attentif à ces publications, d’autant plus que moi-même je cherchais à ce moment à faire éditer un manuscrit. J’ai pensé qu’il pourrait peut-être y trouver sa place.

Bernard-Henri Levy venait de publier, « la Cause des Femmes » de Gisèle Halimi. Il accueillait dans sa collection l’ensemble de la littérature gauchiste de ces années.

Je lui ai écrit et demandé un rendez-vous. Il m’a invité quelque temps après à venir lui rendre visite chez Grasset. J’avais imaginé une rencontre avec un homme d’un certain âge, et je me suis trouvé devant un jeune archange très grand et très beau.

Il m’a reçu aimablement dans son bureau et m’a promis de considérer mon projet. Il avait l’air affairé. Il s’agissait d’un récit autobiographique qui avait trait plus spécialement au problème de l’identité juive.

« La Blessure », mon récit, m’a été directement renvoyé par ces mêmes éditions, quelque temps après avec une mention sur l’enveloppe « Bernard-Henri Levy ».

J’ai pensé qu’il en avait pris connaissance et me l’avait fait renvoyer sous un mauvais prétexte. Au moment de la publication de son essai « La barbarie à visage humain », j’ai découvert dans une revue, à l’occasion d’une interview qu’il avait donnée à un journaliste, des extraits de mon propre ouvrage.

J’ai été interpellé à ce moment par cette attitude !
 

 

Je l’ai perdu de vue quelque temps. Parfois je le rencontrais à Saint Germain des Prés. Je me souviens d’un jour où je me trouvais au café du chaye de l’abbaye, au coin de la rue de Buci. Il passait par là et m’a apostrophé « Est-ce que tu as vu Jean-Marie Benoist ? ». C’était un des nombreux intellectuels qui faisait partie du groupe qu’il venait de constituer chez Grasset « Les Nouveaux Philosophes ». Il allait décéder peu après.

En fait Lévy s’était fait la main en tant qu’éditeur. Il était lui-même normalien et connaissait très bien son milieu. Il avait du charme et il était intelligent. Il n’eut guère du mal à se faire une place.

Il édita des écrivains tels Jean-Paul Aron, Jean-Paul Dollé, Jean-Marie Benoist et surtout le livre culte de ces années-là « L’ange » de Jambet et Lardreau. Tous ces jeunes philosophes travaillaient autour de la critique du marxisme. Soljenitsyne était passé par là. L’union soviétique s’effondrait. On était à la veille de la fronde de Lech Valesa. Les chars soviétiques étaient entrés à Prague. En France les années Giscard se terminaient et on approchait de 1981, l’année de la prise de pouvoir par la gauche.

Bernard-Henri Lévy se faisait le héraut de ce mouvement de pensée.

 

 

Soudain, en 1977 il publie « La Barbarie à visage humain ». Il cesse d’être éditeur pour devenir lui-même auteur. Il avait le système éditorial en mains et pouvait se lancer lui-même.

L’intérêt de la « Barbarie à visage humain » vient avant tout du moment où ce livre est publié. Il faut considérer que la pensée française était imprégnée de marxisme. Même les plus réfractaires à cette idéologie avaient été antérieurement membres du parti communiste.

Malraux avait été marxiste, Camus également, un court espace de temps. Sartre bien sûr. Seuls Raymond Aron et Levinas ne l’avaient sans doute jamais été.

Or Bernard-Henri Lévy clamait tout à coup une chose importante « l’Histoire n’existe pas ! ». D’une certaine manière il brisait un tabou de la pensée française.

A Beaubourg il réunissait autour de lui, pour une conférence, toute l’intelligentsia parisienne. Il était comme un jeune prophète. On se pressait pour le voir et pour l’entendre.

Pivot l’accueillait évidemment à « Apostrophes », et son émission qui réunissait les jeunes philosophes eut un grand succès.

Dans les années 70, Levy a réuni autour de lui la fine fleur de l’intelligencia parisienne de droite comme de gauche. Il l’a éditée. C’était en quelque sorte sa garde rapprochée.

Puis il s’est édité lui-même et à partir de ce moment il n’y a plus eu de place pour personne. Tous ces jeunes intellectuels ont disparu. Personne ne sait ce qu’ils sont devenus.

On ne peut s’empêcher à cette occasion de penser à Bonaparte, écartant tous ses rivaux avant d’accéder au pouvoir.

Lévy appartenait par ailleurs par son père à une dynastie commerciale puissante au Maroc. Ce dernier était  marchand de bois et travaillait en collaboration avec le frère du Roi. Mitterrand avait assisté à son mariage. Il était encore très jeune. Il possédait d’ores et déjà la puissance.

 


Et là nous arrivons à un point important, celui de l’antisémitisme qui pourrait, selon certains, se manifester à l’encontre de Bernard-Henri Lévy.

Le juif peut difficilement concevoir la publication d’un livre sans son impact dans le réel, c’est-à-dire sans le fait qu’il puisse se communiquer très largement.

Il y a bien sûr des exceptions. Kafka n’a jamais vendu beaucoup de livres et d’autres écrivains juifs également. Nombreux sont morts dans la misère, quand ils ne se sont pas suicidés.

Cependant, et ceci est d’importance, la loi juive contient surtout des commandements et principes de vie. Il ne s’agit pas d’une mystique mais d’une relation à la réalité concrète.

Beaucoup d’écrivains et d’artistes peuvent parfaitement s’exprimer sans souci d’aucun succès et d’aucune rentabilité. Ils le font selon leur désir. Pour les écrivains juifs, il y a plus. Pour qu’une œuvre vaille vraiment, il faut qu’elle ait une authentique implication dans le concret. C’est une manière de prendre en compte l’autre, d’aller à sa rencontre.

 

 

Avant de se lancer dans la publication de ses ouvrages, Bernard-Henri Levy s’est d’abord rendu maître des techniques de l’édition. Il y a même investi des capitaux.

Son père, Françoise Verny, l’ancienne papesse de l’édition parisienne le raconte elle-même dans un ouvrage, avait rencontré le patron des éditions Grasset et lui avait demandé si son fils pouvait réussir dans l’édition et dans la littérature. Cette réussite était envisagée sous un angle global, à la fois purement littéraire et en même temps sous l’angle des affaires.

C’est ce qui s’est passé dans le domaine de l’art avec Kahnweiler, le marchand de Picasso. Sa famille lui avait confié un peu d’argent, à condition qu’il le fît prospérer. C’est ce qu’il réalisa grâce aux cubistes. Dans le cas contraire, elle l’eut abandonné.

Pour la plupart des artistes et écrivains, le risque fait partie de leur aventure. Ils affrontent le destin. Ils vont à la conquête du feu. Ce sont des grecs. Telle est la différence essentielle entre le juif et le Grec. L’un représente l’espace tragique, l’autre, l’ordre de la Loi, c’est-à-dire le réel.

En fait cette attitude est très anglo-saxonne. On n’attend pas pour exister l’autorisation du Père, en l’occurrence celle de l’éditeur. On prend ses affaires en mains. On est à soi-même son propre Père.

Ce comportement est très différent de celui des écrivains dans les pays catholiques. Ici n’est pas intervenue LA REFORME.

Un artiste ou un écrivain, dans ces pays, prend en général le risque de l’autre.

BHL n’a jamais pris ce risque. Il n’a jamais pris le risque de la nuit. Il est lui-même éditeur.

C’est ce qui crée autour de lui cette atmosphère de suspicion. On admire d’un côté et de l’autre on n’y croit pas. Il ne joue pas sans filet.

 

 
Par ailleurs son accoutrement ! Depuis toujours il porte une chemise blanche largement ouverte sur la poitrine. Et certes Byron auquel il prétend sans doute ressembler était lui-même narcissique et devait aimer son image. Il était d’ailleurs très beau.

Mais Byron précisément a dépensé une grande partie de sa fortune, qui était immense, à aider les Carbonari et autres insurgés, contre les Turcs. Il est mort à Missolonghi en Grèce. Il était un héros tragique. Il ne se faisait pas prendre en photo, la chemise ouverte, dans les ruines de Sarajevo.

La compagne de Lévy, comme lui à l’affut de la publicité, a fini par se manifester au Crazy Horse Saloon en se prenant pour Marlène.

Mais là encore, pour Marlène il y avait un vrai talent et un vrai courage. Elle avait pris des risques contre les nazis. Chez celle-ci, on ressent une volonté de devenir une star, à tout prix. La grandeur, l’élégance ne s’enseignent pas.

 


A partir du moment où un auteur se permet d’aborder des sujets qui touchent à la morale et traduisent une inquiétude à propos de la question de l’Homme, on est en droit de lui demander une certaine tenue, en tout cas une attitude qui ne soit pas trop en contradiction avec les principes qu’il prétend défendre.

BHL a outrepassé ces règles. Entre ses séjours dans la jet set internationale, son palais de Marrakech, l’attitude même de sa compagne provocatrice à souhait, promenant partout sa suffisance, le soupçon est né qu’il n’ait pas écrit ses livres.

En effet je ne suis pas de ceux comme Bernard Kouchner qui parle (il est vrai qu’il y a de cela fort longtemps) de la pensée « jetable » de Bernard-Henri Lévy. Je pense au contraire que ses premiers livres sont importants : la Barbarie à visage humain, le Testament de Dieu, l’Idéologie française. Il me vient à l’esprit que lorsque l’on a écrit de tels livres, un minimum de dignité dans le comportement est requis.

Je ne pense pas non plus que l’on puisse s’afficher impunément avec des individus dont la réputation est pour le moins douteuse. Je pense notamment à Anne Sinclair et Dominique Strauss Kahn, à Alain Delon.

Le compagnonnage avec certains puissants, implique au bout d’un certain temps la compromission.

 

 

Un matin, en 1991, je découvris dans les rues de Paris d’immenses panneaux portant en lettres de feu le nom de BOSNA ! C’était l’annonce d’un film de Bernard-Henri Lévy à propos de la guerre en Yougoslavie.

En fait BHL et quelques autres avaient attiré l’attention du monde à propos de camps de concentration qui auraient été installés par les Serbes dans leur volonté de soutenir leurs compatriotes de Bosnie et de récupérer les territoires alentour, ceux où se trouvaient les « monastères ».

Cet épisode était une séquelle de la guerre froide. Après l’effondrement de l’URSS Milosevic voulait profiter de l’effondrement général pour élargir son espace vital. L’OTAN lui proposa de revenir en arrière. Il ne le céda pas.

Les Serbes avaient toujours été nos alliés, en particulier durant la dernière guerre, où les Croates eux avaient rejoint le camp allemand.

Cette dénonciation était courageuse. Elle dévoilait « l’épuration ethnique ». Cependant c’était une affaire strictement européenne, or c’étaient les USA qui menaçaient de venir mettre de l’ordre.

C’était l’occasion ou jamais pour l’Europe de montrer qu’elle existait. Elle se laissa imposer leur loi par les américains. Ils détruisirent la Yougoslavie.

Ce qui était gênant, c’est que Bernard-Henri Lévy apparaissait comme étant le « supo » de ceux-ci.

On prétendait que c’était surtout le pétrole de la Caspienne qui les intéressait.

 


J’étais à New York lorsque BHL débarqua avec son livre « American vertigo ».

Il sortit la grosse artillerie. « Random House » était le partenaire de Grasset pour publier son livre aux Etats-Unis.

Alliance Française, conférences, émissions de télévision. Tout y est passé. Il était l’invité de l’émission télévisuelle la plus recherchée des Etats-Unis en matière littéraire.

Son livre était intéressant certes. Il s’agissait d’une enquête sur l’Amérique de Georges Bush avec entre autres des interviews de quelques intellectuels et surtout de stars telle Sharon Stone. Il n’apportait rien d’original. Cependant BHL se disait le nouveau Toqueville.

Le New York Times avait peu apprécié l’attitude très provoquante de BHL. Il avait été descendu en flèche et même ridiculisé. Il avait provoqué en duel le journaliste. Cela fit rire tout le monde.

A New York BHL s’était installé au Carlyle où il convoquait la presse. Le défenseur des droits de l’homme se comportait comme un roi.

Il était reçu à l’Alliance Française de New York par Marie-Monique Steckel, sa directrice, qui se faisait une gloire d’avoir accueilli BHL. C’était un événement très mondain.

Tom Bishop le recevait à New York University ainsi que la communauté juive au 92Y, un des lieux les plus huppés de New York en matière culturelle.

 


Et puis il y eu la Lybie.

Kadhafi, bien qu’invité récemment à Paris par Sarkozy, afin de tenter de l’intégrer à la communauté internationale, a passé les bornes. Son peuple se révolte. Il était sain de le soutenir. J’ai moi-même écrit un article à ce propos en ce sens. Mais BHL va plus loin. Il devient un vrai vas-t-en guerre. Et dans la précipitation, le gouvernement provisoire n’a pas le temps de se mettre en place pour créer un régime digne de ce nom et tout bascule dans le terrorisme comme en Irak.

Le résultat de tout cela est plutôt catastrophique. BHL en a tiré un film, et pour le projeter il a acheté une salle de cinéma. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.

En Syrie, il craint sans doute de récidiver. Il s’efface.

 

 
Arrive l’affaire de la Russie et de Poutine ! Et là BHL se montre dans son rôle définitif de « supo » des Américains.

Poutine tente de reconstruire son pays après l’effondrement de l’URSS. Tout le monde s’en félicite, à part ces derniers qui, là comme ailleurs, préfèrent entretenir le chaos ou au moins la faiblesse. Une Russie forte entraverait leurs intérêts dans le monde. Ils se veulent toujours dans l’unilatéralité. En conséquence, ils interviennent en Ukraine, au nom bien sûr de la Démocratie, comme ils le firent en Irak. Ils font semblant d’oublier que Kiev, capitale de l’Ukraine est en même temps la capitale spirituelle de la Russie.

Certes Poutine est un peu brutal, mais reconstruit-on un empire avec de bons sentiments ?

En fait celui-ci tente de reprendre le flambeau de l’Occident que les USA et l’Europe laissent tomber à terre. Il tente de reconstruire des valeurs, et d’abord des valeurs religieuses face à la déliquescence française et au laxisme américain.

La sagesse politique consisterait pour l’Europe comme pour les Etats-Unis à s’allier avec la Russie. Elle est blanche et l’adversaire de demain sera sans doute la Chine.

Ils sont aveugles. Aucune vision. Poutine semble en posséder une. Aux derniers jeux de Sotchi dont il a fait une extraordinaire vitrine, il a montré le visage de Dostoïevski aux côtés de Soljenitsyne. Immense symbole, peu relevé par les Occidentaux. C’est la Russie de ses grands écrivains qui revient aux côtés de ses athlètes et de ses danseurs.

BHL à cette occasion, grandiose proposition, invite les Occidentaux à boycotter les jeux de Sotchi. C’est à la fois dangereux, irresponsable et grotesque.

Poutine s’oriente désormais vers l’alliance avec la Chine.

 


Le plus bel exemple de la falsification et du mensonge, c’est lorsque que BHL se dit juif de gauche, juif des Lumières, alors qu’il est un homme de droite dans toute l’acception du terme, par sa fortune d’abord, sa manière de vivre ensuite, son comportement enfin.

Pourquoi persiste-t-il pourtant à se dire de gauche ? Il sait qu’en France, tout ce qui est de droite est ostracisé par l’intelligentsia depuis la Révolution. Lui-même est milliardaire. Il prépare le programme de la Gauche avec Ségolène Royal au fameux hôtel restaurant la « Colombe d’Or » à Saint Paul de Vence (500 euros la nuit).

Désopilant !

 


J’avais admiré après la prise de pouvoir de François Mitterrand en 1981, une tribune dans Le Monde de Bernard-Henri Lévy intitulée « Une nuit à l’opéra » !

Jacques Lang avait réuni à ce moment dans cet établissement, à l’instant même où Jarulevski était reçu à Paris par Mitterrand malgré son invasion de la Pologne, l’ensemble des artistes et intellectuels, en tout cas ceux qui étaient ses sympathisants.

A cette occasion BHL avait publié un article plein d’humour fustigeant les intellectuels de gauche qui servaient de caution au stalinisme.

Etant donné le contenu de ses livres à ce moment, et cette prise de position très claire on eut pû attendre de BHL un positionnement de droite à la Malraux.

Et pourtant il est demeuré un pilier de la gauche.

En fait Bernard-Henri Lévy aurait dû, s’il avait été cohérent avec lui-même, devenir un membre très écouté du gouvernement de Nicolas Sarkozy ou même son ministre de la culture.

Ce sont des affaires privées sans doute qui ont empêché ce ralliement. Il prétend que c’est le fait pour Nicolas Sarkozy d’avoir créé un ministère de l’Identité Nationale qui l’a éloigné de lui.

 

 

Membre du comité de surveillance du journal Le Monde, il est aujourd’hui ridiculisé dans le même journal à propos de sa dernière pièce de théâtre, « Hôtel Europe », marque étonnante de courage de la part d’une journaliste du même quotidien. Gageons que BHL ne la provoquera pas en duel !


 

En fait Bernard-Henri Lévy est atteint de ce que l’on pourrait appeler la maladie du Moi. Ce qui aurait pu être une aventure intellectuelle intéressante est devenue une course éperdue à l’affirmation maladive de soi-même : se montrer à tout prix, prendre la parole à tout propos, légiférer sur tout et sur n’importe quoi si bien que ses plus fervents défenseurs éprouvent désormais un immense malaise à le voir ou à l’entendre.

Que la communauté juive continue à soutenir sa promotion n’est pas à mon avis très judicieux. Il donne des juifs une image exécrable.

Certains lieux parisiens dont la vocation est de promouvoir la culture juive pensent que ce serait l’antisémitisme qui s’exercerait contre lui, et que si la presse trouve sa dernière pièce de théâtre déficiente, c’est pour cause de racisme.

Ils font erreur. C’est son comportement qui est créateur d’antisémitisme. Que le CRIF l’invite prochainement à un débat ainsi nommé « Les juifs doivent-ils partir ? » est significatif. Celui-ci n’a rien compris.

J’ai toujours pensé qu’en cas de « catastrophe » en France, des gens comme Bernard-Henri Lévy seraient susceptibles de donner des conférences aux Etats-Unis ou ailleurs, chèrement payées sur les raisons de la montée de l’antisémitisme en France.

 

 
Mais Bernard-Henri Lévy légifère également en matière d’art. Rien ne lui est étranger. Et l’on peut s’étonner d’ailleurs qu’il n’ait pas encore développé ses talents en matière poétique, ni en matière musicale. Mais ne soyons pas impatients. Cela va venir. Ce sera toujours évidemment en compagnie des instances étatiques ou privées les plus prestigieuses telle la galerie Maeght à Saint Paul de Vence.

La mesure en toute chose est recommandée. Ici il y a trop, trop de médias, trop d’argent, trop de mépris. L’équilibre nécessaire n’est pas préservé.

Personne n’en veut à Bernard-Henri Lévy. Apparemment il s’éclate. On est heureux pour lui.

Mais on a envie en même temps de lui dire : un peu de modestie, un peu d’humilité ! Et s’il souhaite comme il le prétend avoir une vie héroïque, il faut qu’il sache mourir en silence et ne pas se faire prendre en photo sur son terrain d’agonie.

 

 
BHL fulmine à présent contre la montée du Front National, alors que ce sont des hommes comme lui qui en sont les premiers créateurs, par leur morgue, leur provocation, leur volonté de puissance et leur mépris de l’autre.

En tout état de cause, je pense que BHL fait beaucoup de mal aux juifs. Il donne d’eux un visage tronqué et je ne comprends pas que Elie Wiesel ait pu lui conserver son amitié.


 

J’ajouterais que les noms qui se transforment en « logo » portent en général malheur à ceux qui se prêtent à ce jeu : DSK, JFK.

Le seul « logo » tolérable c’est « Yavé », le nom de Dieu. Tous ceux qui l’imitent ou l’usurpent tombent inéluctablement dans la trappe de l’histoire.

 

 
Bernard-Henri Lévy me fait penser à Valéry Giscard d’Estaing. Dans une interview récente à la télévision on demandait à celui-ci s’il n’avait pas été blessé par son échec de 1981.

Il déclarait qu’après les élections il était parti en Grèce méditer au mont Athos.

On se disait alors qu’il était un homme à dimension métaphysique, qui méditait sur les grandes questions du pouvoir, de la vie, de la mort.

On admirait.

Et puis il ajoutait « j’ai emmené trois photographes avec moi »

Pour BHL c’est la même chose. Il n’y a rien à ajouter.

Edouard VALDMAN