vendredi 18 novembre 2016

Pourquoi Trump a été élu


On a dit trop vite que les Etats-Unis avaient souhaité s’offrir une femme comme Présidente, après un Afro-Américain. En fait, ce qui s’est joué là est un vieux réflexe civilisationnel. Les Etats-Unis sont les leaders d’une civilisation judéo-chrétienne dont le symbole est le Père, lui-même fondateur de la Loi, celle-ci dictée par Dieu.

Le peuple ou l’opinion ont besoin de cette symbolique. Elle est leur signe de reconnaissance. Penser que celle-ci puisse s’abolir au profit d’une quelconque féminitude est utopique. Par ailleurs, Donald Trump représente parfaitement le Père dans toute sa splendeur. La Trump tower achève le symbole sexuel.

Les femmes comme les hommes ont finalement cédé à cette symbolique plus qu’aux sirènes d’Hillary, d’autant plus que celle-ci a commis des erreurs graves, en particulier celle de promener comme un petit chien son mari à la mine pitoyable. Cet homme qui a été Président des Etats-Unis pendant huit années se tient à ses côtés, repenti de ses frasques, l’air fatigué, hors d’usage. La femme victorieuse de l’homme, qu’elle a terrassé : très peu pour les Américains.

Par ailleurs, Hillary a été Première Dame, Sénateur de New York. Cela fait beaucoup pour une ambition normale. C’était un peu trop sans doute. Ses dents avaient l’air trop aiguisées.

Cependant, il me semble que le plus important n’est pas là. Ce qui se joue est une guerre plus subtile et plus meurtrière : la prise de pouvoir par les femmes. Il s’agirait selon certains d’un progrès, vers une plus grande égalité.

On assiste en fait dans le cadre du système démocratique à une dissolution des valeurs dont les femmes sont l’un des symboles. En effet, la loi mosaïque donnée par un homme, lui-même agi par Dieu, est attaquée de toutes parts, par le principe féminin dont le plaisir est le signe. Les Etats-Unis sont frappés en plein cœur en tant que représentants d’une ancienne civilisation dite patriarcale.

On patauge désormais dans l’indifférenciation, dans le Genre. On se marie entre femmes, ou entre hommes. Les minorités rongent le pouvoir WASP. On subventionne la Gay Pride. Les intellectuels comme d’habitude s’en donnent à cœur joie, en prônant les marges, la Déconstruction. Il s’agit d’une mode certes, mais qui s’attaque aux fondements même de la société par homosexuels interposés (Michel Foucault), sous le bénéfice d’une sacralité archaïque (Khomenie). L’Occident est moqué au profit d’une globalisation qui tend à créer une civilisation mondiale dont les multinationales seraient les égéries.

Pour que la consommation devienne la maîtresse du monde, il faut dissoudre les cultures, les identités. Hillary, alliée aux Démocrates et aux minorités qui ont une immense revanche à prendre, bien au-delà de la victoire d’Obama, se proposait d’aller dans ce sens : celui d’une globalisation, sous le signe des bons sentiments.

Si Vladimir Poutine à laquelle elle s’est attaquée, est si populaire dans le monde, c’est parce qu’il est également lui-même un symbole de la Loi. Il reconstruit un Empire, qui fait partie de l’Occident, sur des bases orthodoxes donc chrétiennes.

Avoir tenté de faire des femmes les alliées nécessaires d’Hillary était prématuré. Beaucoup ont dû voter pour le mâle, le Père, le Président dont elles ont besoin pour se positionner, à partir de leurs propres structures familiales, pour s’identifier.

Trump n’a pas d’expérience. Sa présidence montrera s’il aura été capable d’y suppléer par le génie politique. En tout cas dès le premier jour on attaque son « racisme » avant même qu’il n’ait édicté une seule loi. Cependant, ce qui aura bénéficié à la société et au-delà, à la civilisation, c’est qu’il a replacé à sa juste place, la question du Père.

Détail essentiel : dès son accession au pouvoir, il a évoqué le transfert de l’Ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem, qu’il nomme indivisible et éternelle. Ce principe est la base même de la civilisation occidentale, en ce qu’il est le fondement du judéo-christianisme.

Il est inexact de penser que la présidence d’Hillary aurait apporté la paix. C’est le contraire qui était prévisible. Si elle avait été élue, elle aurait immédiatement engagé le bras de fer contre Poutine.

Par ailleurs, la femme sans doute, est plus guerrière que l’homme, en raison précisément de la puissance de son affect. Elle ne se détermine pas en fonction de la seule Loi mais aussi de ses sentiments et de sa sensibilité, ce qui est dangereux.

Il est certain que si Hillary avait triomphé, cela aurait été un signal très fort qui aurait été envoyé au monde : celui du triomphe de la femme.

Il ne s’agit pas que l’un prenne le pouvoir sur l’autre. L’homme et la femme ne sont pas égaux. Ils sont différents et complémentaires. L’un et l’autre ne peuvent se réaliser que dans le cadre d’une alliance. C’est ce que dit la Bible. Cette alliance elle-même ne peut se conclure qu’à l’intérieur d’une civilisation qui pose comme base le règne de la Loi. Elle n’asservit pas les protagonistes. Elle les libère. La Loi du Père, c’est la Loi de Dieu et Dieu est au-delà de la femme et de l’homme. Il Est, tout simplement.

La démocratie est femme. Elle est changeante, sensible comme l’opinion, offerte à la séduction. Elle est tombée dans les bras de Napoléon mais aussi dans ceux d’Hitler et de Staline. Il faut lui accorder des contrepoids, et le seul valable est un principe civilisationnel puissant, la Loi. Seule elle amarre véritablement la civilisation à elle-même. C’est pourquoi aux côtés du système démocratique, il faut poser une religion puissante, comme aux Etats-Unis, telle la religion protestante, associée aux Lumières.

C’est ce qui fait défaut à la France, qui en 1789, a éradiqué ses propres racines spirituelles, qui s’est castrée.

Cependant il est dans la démocratie un vice essentiel. C’est l’étudiant qui signifie au professeur ce qu’il souhaite étudier. Il choisit ses cours. D’une certaine manière, l’éditeur fait de même : il publie ce qu’il pense pouvoir intéresser le grand public. Pour les élections, il en va de même. On dit au peuple ce qu’il désire entendre. Les principes que l’on édicte ne viennent pas d’en haut, mais de la base. La masse de plus en plus vaste dicte sa loi au marché.

La désacralisation du livre est ce qui est le plus visible et le plus dangereux dans le monde actuel. Celui-ci devient un produit comme un autre, alors qu’il avait un rapport avant tout à la sacralité, dans le prolongement de la Bible, de l’Evangile, du Coran ou de l’Odyssée. Dans notre société, un bon livre est un livre qui se vend, ce qui met à peu près à mal tout ce que compte notre littérature.

L’acte de création est un acte totalement gratuit et c’est ce qui le rend absolument révolutionnaire.

Ces principes démocratiques entrent en conflit avec un autre principe transcendant celui-là : le principe religieux. Si bien que nous nous situons dans une contradiction flagrante entre les principes démocratiques, venus de la Grèce et les principes judéo-chrétiens. Cependant c’est cette contradiction qui nous anime, nous fait vivre. Elle nous vivifie.

La vraie crise de la civilisation, réside dans l’abandon par les hommes de la Loi du Père, et la plupart du temps, sous l’influence de penseurs juifs. Marx, Freud, Derrida, étaient tous Juifs, qui dans le contexte de la société de leurs temps, ne pouvaient assumer leur identité et en conséquence, imaginaient des mondes dont le moteur était un égalitarisme pervers, que ce soient le matérialisme historique, la psychanalyse ou la déconstruction. Ces univers sont tous fondés sur la destruction du Père, à savoir le Dieu juif.

Les révolutionnaires de 1789 l’avaient déjà réalisé mais sans le nommer idéologiquement.

Lorsque cette Loi du Père n’est pas respectée, se produisent des déviances qui peuvent engendrer le pire. C’est ce qui s’est passé avec le phénomène hitlérien. L’espace tragique européen, issu de la Grèce, était attaqué de plein fouet par le marxisme, lui-même une perversion de la Loi juive.

C’est la civilisation judéo-chrétienne qui est mise en cause par les héritiers de ces inventeurs. C’est pourquoi la tâche aujourd’hui, au-delà de ces penseurs, est de reconstruire du Père, du sens, de la symbolique. Ce que nous cherchons, au plus profond de notre inconscient, c’est de retrouver une identité qui nous permette d’exister. Cette identité, c’est la rencontre entre l’un et l’autre, ouverte sur l’infini.

C’est pourquoi on ne peut comprendre le combat acharné des femmes aujourd’hui, sans le situer dans la perspective d’une reconstruction globale de la société. Celles-ci ne s’insurgent que parce que les hommes, en particulier depuis la Révolution française, ont perdu le lien avec Dieu. C’est d’abord ce lien qu’il s’agit de recréer, et en ce sens, Jérusalem est sans doute un symbole essentiel. Il est la résurrection au sein du monde occidental de la question du Père, après « les extrémismes de notre temps », à savoir le nazisme et le stalinisme, surgis tous deux dans un monde sans Dieu, dont Nietzsche a été le prophète. La vraie prophétie est ici : le Retour, symbole de notre unité.

C’est la raison pour laquelle je ne vois pas le monde arabe comme un ennemi. Il faut au contraire l’aider à se reconstruire, en accord avec une civilisation judéo-chrétienne, elle-même retrouvée. L’Islam est une religion du Livre, et nous devons la respecter en tant que telle. L’agression en Irak ou en Syrie, sont des forfaitures. Depuis la fin de l’Empire Ottoman, notre présence au Moyen-Orient est porteuse de malheurs.
Bush était le représentant d’une Amérique seulement intéressée par le pétrole. Si elle souhaite demeurer grande comme le prétend Donald Trump, elle doit revenir à ses sources religieuses et assumer le fait d’être le pilote d’une civilisation dont Jérusalem serait la capitale spirituelle.

C’est cette civilisation qui appellerait les Musulmans à s’unir à elle pour une nouvelle rencontre historique. El Aqsa, l’Eglise de la Résurrection, le Mur des Lamentations, seraient le symbole d’une grande civilisation, à condition que l’Islam accepte la présence définitive d’Israël sur son sol et l’unité indivisible de Jérusalem. Telle est la tâche de Donald Trump. Telle pourrait être le nouveau rêve américain.

Le grand problème, c’est la France, dont les racines spirituelles ont été arrachées au moment de la Révolution. Elle ne pourra continuer à exister que dans le cadre d’une Europe elle-même restructurée autour de ses anciennes valeurs et parvenue à faire son unité autour de celles-ci.
La laïcité française devient chaque jour plus contraignante et tend elle-même à devenir un totalitarisme…

C’est pourquoi il est important que Donald Trump réaffirme avec clarté cette loi, sans peut-être en être intellectuellement conscient.

Edouard Valdman

Dernier livre paru : Demain l’Occident.

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