vendredi 22 décembre 2017

Où vas-tu Johnny ?

Je n’ai jamais vraiment aimé le Rock’n roll ni apprécié Elvis Presley. Pendant de nombreuses années la voix de Johnny m’a heurté. Je la trouvais trop forte, souvent assourdissante. Bien plus, je n’ai jamais eu le culte de la moto. En un mot, Johnny, que je trouvais très sympathique, ne m’a jamais vraiment concerné.

A force, cependant de l’entendre, car les médias ne vous laissent pas le choix et imposent leur produit, j’ai fini par l’écouter avec davantage d’attention et je me suis mis à apprécier certains de ses tubes, et même à les fredonner. En tout cas le personnage ne pouvait laisser indifférent. Ses récitals grandioses à Bercy et ailleurs, son énergie considérable, ses multiples accidents de santé et ses résurrections répétées, ses aventures féminines multiples ont fini par constituer un mythe.

Il a vendu des millions de disques. Il rapportait beaucoup d’argent. Il représentait une affaire considérable.

Sa vie entre Los Angeles, Saint Barthélémy, Saint Tropez, Marnes-la-Coquette et autres lieux achevait de le rendre fascinant.

Il était généreux. Il avait adopté deux enfants et comble de faveur pour un artiste béni par les Dieux, il se battait très courageusement contre la maladie. Enfin, il avait eu une enfance malheureuse, jamais reconnu par son père. Cela ajoutait à la légende et pouvait expliquer une audience nationale et un amour des français pour ce personnage, qui par ailleurs, les rejoignait rarement. Il s’était même fiscalement exilé.

Le paradoxe consistait d’ailleurs dans le fait que aimé des français il portait un nom anglo-saxon, propageait une musique de la même origine, vivait la plupart du temps à Los Angeles et enfin était né en Belgique.

En tout cas à coup de défis en tous genres, il était arrivé à les faire rêver. Ils s’accomplissaient en lui. Ils vivaient sans doute par son personnage leurs désirs inassouvis. Autrefois les peuples s’inventaient des rêves à travers les princes et les princesses. Aujourd’hui, ceux-ci ayant disparu, il leur faut trouver de nouveaux objets de fascination. Ils ont besoin d’idoles.


Victor Hugo est le dernier grand personnage à avoir réuni une foule aussi considérable à l’occasion de ses obsèques nationales.

C’est la raison pour laquelle on l’a vite comparé à Johnny Hallyday et le Président de la République s’est empressé de faire de ce dernier un héros.

Et pourtant entre Johnny Hallyday et lui il existe une différence essentielle. Victor Hugo était un géant de la littérature, de la poésie comme du théâtre et du roman.

Par ailleurs, il a passé vingt ans de sa vie sur le rocher de Guernesey, condamné à mort par Napoléon III et ce afin de maintenir vivant le flambeau de la liberté.

Il représente l’honneur de la France à travers une œuvre universelle mais également en raison de son attitude héroïque.

Johnny Hallyday est un grand artiste, certes, mais il n’est pas un héros contrairement à ce que prétend le Président de la République. Lui faire des obsèques nationales telles qu’elles viennent de se dérouler de l’Arc de Triomphe à l’église de la Madeleine, démontre dans quelle confusion de pensée nous nous trouvons aujourd’hui.

Le peuple a besoin de légendes, certes, et cependant il n’aime pas que l’on lui présente des images tronquées. Il risque, lorsqu’il en aura pris suffisamment conscience, de se tourner vers des mythes beaucoup plus dangereux. Les autorités politiques y auront contribué en approfondissant cette confusion.


Je n’ai pu m’empêcher de penser en voyant les motards descendre les Champs-Elysées à des images beaucoup plus violentes dont cette démarche constituerait les prémices.

C’est pourquoi à un moment où tout est confusion, ou le plus noble côtoie le plus dérisoire, il est bon de rappeler aux peuples leurs valeurs immémoriales.

Seules elles peuvent nous sauver des démagogues et éloigner le malheur.


Le Livre, dans notre civilisation, a toujours eu lien avec le sacré, dans le prolongement de la Bible et de l’Evangile. L’écrivain bénéficiait d’un halo de gloire, en tous cas de respectabilité.

La France, bien qu’ayant elle-même creusé la tombe du Livre à travers le culte de la rationalité était demeurée cependant une nation littéraire grâce en particulier aux œuvres des « Philosophes ».

Aujourd’hui le Livre est lui-même désacralisé. Il est un produit comme un autre. Il se vend et se fabrique.

Il n’y aura plus de Victor Hugo. C’est cela que traduit le phénomène Hallyday. De la civilisation du Livre nous sommes passés à celle du disque et surtout de la série. Nous sommes dans la consommation.

Nous avons éludé le tragique et le sacrificiel. Le problème est que lorsque l’on tente d’exclure une dimension essentielle de l’existence, celle-ci ressurgit ailleurs et autrement.

Le terrorisme réinvestit aujourd’hui cet espace.

Faute de savoir l’intégrer, nous nous condamnons à le voir se propager à travers des formes nouvelles que nous feignons d’ignorer.


Le 9 décembre dernier, le Président de la République a prononcé quelques mots, trop longs, sur le parvis de l’église de la Madeleine à propos de Johnny Hallyday. Il les a dits à l’extérieur de l’église par égard, dit-on, pour le principe de la laïcité.

Johnny Hallyday était croyant, il portait habituellement une croix sur la poitrine. C’est apparent respect de la laïcité par le Président de la République est un acte dépourvu de courage.

Qui oserait croire en effet qu’il s’agit là d’un signe authentique de respect pour les institutions ? C’est davantage un acte politique.

C’est cette même absence de courage qui aujourd’hui éloigne définitivement le peuple des hommes politiques et lui fait choisir un chanteur comme représentant des valeurs françaises.


Edouard VALDMAN

Dernier livre paru « Le 21ème siècle sera spirituel ou le Troisième Temple »

mardi 12 décembre 2017

A propos d’une mesure de « censure » par le journal Le Monde

J’ai récemment publié aux éditions Apopsix un livre que j’ai intitulé « Le 21ème siècle sera spirituel ou le Troisième Temple » en paraphrasant la sentence bien connue d’André Malraux.

Il a pour objectif de rétablir la pensée judéo-chrétienne au sein d’un monde en train de se déliter sous l’attaque de la technologie issue elle-même du culte de la Raison, hérité de la philosophie des Lumières.

Il ne s’agit pas d’opérer un retour en arrière, mais de resituer la Civilisation sur ses bases authentiques.

Christine Boutin, ancien ministre, président d’honneur du parti chrétien-démocrate, a préfacé mon ouvrage.



Ce dernier met l’accent sur deux événements du XXème siècle qui me semblent déterminants : la Résurrection d’Israël et la Repentance selon les papes Jean XXIII et Jean Paul II, qui abolit la division millénaire entre Juifs et Catholiques.

J’y dénonce la pensée unique telle que nous en avons hérité depuis l’Eglise catholique et la scolastique, jusqu’à JJ Rousseau et je prône le retour à ce moment fondamental de notre Histoire où nous avons prétendu abattre Dieu, et entrainé la société sur les chemins du désenchantement.

J’y dénonce également la laïcité radicale et défend la reprise en compte de nos différentes langues et croyances, à travers ce que je nomme la laïcité plurielle.



Dans sa préface, Christine Boutin insiste sur la nécessaire union des Chrétiens et des Juifs pour recomposer le tissu spirituel de notre monde.

C’est précisément un extrait de cette préface que je souhaitais apposer avec ma photo sur un encart publicitaire, dans le journal Le Monde des Livres du 9 novembre 2017.

« Celui qui lira cet ouvrage doit s’attendre à être secoué dans ses certitudes…
Pas de réveil de la France si elle ne retrouve ses valeurs judéo-chrétiennes. »

Quel ne fut pas mon étonnement lorsque le 7 novembre je reçus un message de la directrice de la publicité du journal Le Monde, Madame Régine Remmache, qui me précisait qu’elle se refusait à publier cette insertion publicitaire, comme contraire aux convictions de son journal.

« Votre ouvrage ne correspond pas à la ligne éditoriale de nos publications.
Je ne doute pas que vous puissiez passer cette annonce dans des journaux plus proches de vos convictions »


Cette attitude pose à mon sens plusieurs questions.

Il est tout à fait concevable qu’un organe de presse décide de ce qu’il souhaite publier ou non. Il y va incontestablement de sa liberté.

Cependant, à l’occasion du rejet de l’insertion de la publicité de mon livre, Le Monde se justifie, expose ses raisons. C’est là à mon sens où se pose le problème.

Ce journal bénéficie en effet d’une réputation ancienne et certaine. Celle-ci repose sur l’image d’un organe de presse tolérant, neutre, un organe d’information. Sans doute est-il connu comme étant un journal de gauche, mais il souhaite conserver celle d’un journal objectif.

Or, tout à coup ici, il déborde cette définition. Il juge et il apprécie. Il condamne le judéo-christianisme qui serait opposé à ses propres convictions.

A travers cette attitude, Le Monde s’affirme comme un journal sectaire, de parti, un organe d’exclusion.



Le judéo-christianisme est à la base de notre civilisation et en constitue les racines avec la Grèce et avec Rome.

Les mots de Christine Boutin ne peuvent en aucun cas choquer, ni heurter quelle que conviction que ce soit, sinon celle des ennemis de notre civilisation.

Il est tout à fait inadmissible que l’on veuille passer sous silence les racines de celle-ci. Les tenants les plus fermes du principe de la laïcité ne cessent d’affirmer qu’il garantit la liberté d’opinion. Le journal Le Monde en apporte la preuve contraire.



C’est la raison pour laquelle, le problème qui est posé aujourd’hui à travers cette mesure d’exclusion, est de la plus haute importance.

Le Monde, un journal qui avec Le Figaro, est sans doute le plus lu en France et qui s’est toujours fait passer pour défenseur de la liberté de la presse et des Droits de l’homme, vient lui-même de récuser sa tradition et de renoncer à ses idéaux.

Cela est très inquiétant pour l’avenir de la liberté de la presse, et celui de notre société.

Le « totalitarisme » du journal Le Monde ressemble étrangement à celui qu’il dénonce quotidiennement comme venant de ses adversaires, les extrémistes.

Face à ce que l’on peut considérer comme une mesure de censure, la justice doit se prononcer. Qui dira désormais en effet ce que sont les valeurs de notre société si l’un de ses principaux organes de presse nie l’existence des racines de notre pays ?

Edouard VALDMAN
Dernier livre paru « Le 21ème siècle sera spirituel ou le Troisième Temple »

dimanche 30 avril 2017

POURQUOI MARINE LE PEN A DES CHANCES IMPORTANTES D’ETRE ELUE

Pour comprendre véritablement l’enjeu de ces dernières élections présidentielles, il nous faut faire un peu d’histoire.

La Révolution française aurait pu être l’aube de la liberté. Pour cela il eut fallu qu’elle laissât émerger et s’épanouir les différentes langues et croyances qui gisent au plus profond de l’âme de la France.

Les jacobins ont clôturé la plaie ouverte par le parricide, d’où auraient pu jaillir les spiritualités et religions qui la constituent. La gauche comme la droite en France, dans le prolongement du jacobinisme, se sont rendus complices de la mort  du Roi, de celle du Père et de celle de Dieu.

C’est de cela dont il s’agit. La Révolution française sous la botte des jacobins a tenté d’abattre tout principe d’autorité ainsi que tout signe du sacré.

Le seul parti qui a maintenu vivant l’héritage de la sacralité, c’est le parti nationaliste, l’ancêtre du Front National. Le problème est qu’il était antisémite, ses leaders tels Maurras ou Barrès ne concevant pas que le judaïsme était à la base de la foi chrétienne, son plus solide appui.

La Repentance selon les papes Jean XXIII et Jean Paul II, en ressourçant l’Eglise au tronc judaïque a sapé l’origine de l’antisémitisme du parti nationaliste, ce qui distribue à celui-ci désormais une configuration tout à fait nouvelle. Un des éléments majeurs de son sectarisme a désormais disparu, emporté par l’Histoire.

Cependant le Parti Nationaliste dans sa défense du Père, de l’autorité et du principe UN, par-delà la Révolution, demeure essentiel à la défense de l’esprit français. Il maintient paradoxalement le principe de l’Unité, de l’articulation essentielle.

C’est de ce retour à la blessure originelle, dont tous les partis ont peur, à la question du Père que la France a abattu en 1793 et qu’elle a été contrainte de remplacer par des Pères de substitution, tous comme nécessairement tyrans ou dictateurs, la transcendance étant un principe irréductible, inhérent à la conscience humaine

Cette question du Père est le véritable problème de la France.

De Gaulle, dans une certaine mesure a tenté d’y remédier en créant une monarchie républicaine sur laquelle les différents partis se sont acharnés pour reprendre, comme il le disait lui-même, leurs petits jeux traditionnels. Ceux-ci ayant été incapables de régler cette question en intégrant le Front National, celui-ci doit désormais s’exprimer différemment.

Tel est le véritable enjeu aujourd’hui du combat de Marine Le Pen. Celui-ci va bien au-delà des petites mises en cause et des apparences. Il constitue une articulation essentielle, à l’intérieur même de la Nation.

On ne pourra pas faire l’impasse sur cette question. Le Front National a servi d’épouvantail à la gauche, et de repoussoir. La droite a été incapable en réponse à cette provocation de créer un grand parti libéral, en l’intégrant.

Désormais il faut que celui-ci s’exprime sans doute dans le cadre des institutions françaises et que celles-ci, grâce à son intégration, retrouvent un authentique équilibre.

Pour le cas où ceci n’adviendrait pas dans les semaines qui viennent, le problème serait remis à demain avec des conséquences sans doute très graves car on ne peut aller contre l’inconscient du peuple.


Le grand œuvre du Général de Gaulle a consisté à élaborer une Constitution qui permettait au-delà des divisions habituelles de la France en une multitude de partis politiques, de gouverner à l’aide de deux grandes formations, à l’image des démocraties anglo-saxonnes, et grâce au scrutin majoritaire à deux tours.

Après sa disparition et l’entracte Pompidou - Giscard d’Estaing - Chirac, l’habileté perverse de François Mitterrand a été de réussir à se faire élire Président de la République, à l’intérieur d’institutions qu’il a combattues, jour après jour, durant 25 années.

Sa haine de de Gaulle en même temps que son passé vichyssois, lui ont fait imaginer la réintroduction au sein de ce nouveau système d’un scrutin à la proportionnelle qui retrouvait les mœurs de la IVème République dont il avait été l’un des plus grands bénéficiaires, et dont l’impuissance s’était définitivement révélée à l’occasion de l’affaire algérienne.

Depuis lors, la diabolisation du Front National savamment entretenue par la gauche et suivie passivement par la droite, leur a permis à toutes deux de se maintenir au pouvoir, vaille que vaille.

Chirac a été élu en 2002 grâce aux voix de la gauche, en raison de la frayeur que l’accès du Front National au pouvoir a inspiré à ce moment au peuple français et à la gauche en particulier.

Il semblerait cependant aujourd’hui que le piège se retourne contre ses instigateurs.

Certes, on éprouve toujours une certaine crainte de ce dernier. Les effets de la diabolisation fonctionnent toujours : on lui reproche son racisme anti-immigration, le rejet de la mondialisation, celui de l’Europe, la défense de la langue française contre la toute-puissance de celle du monde anglo-saxon, ainsi que son antisémitisme.

Cependant le peuple se rend compte qu’il a été berné par les partis de gauche comme par les partis de droite car le bilan que ceux-ci lui présentent est négatif.

L’élection qui se déroule actuellement montre à quel point la France est devenue un authentique état policier entre les mains d’une oligarchie qui n’a pas hésité à monter contre l’un des siens un authentique traquenard, ce qui n’empêche pas celui-là même qui a fait l’objet de cette persécution, de demander que l’on vote en faveur de son adversaire.
La boucle est bouclée. Le système est définitivement clos.

Non content de livrer la France à François Mitterrand, au nom de sa haine de Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chirac a contribué à la destruction de l’édifice gaullien.
Il faut rappeler que le premier Président qui a commencé à détruire les fondements même de la Vème République est Jacques Chirac en ramenant aux côtés de Lionel Jospin le mandat présidentiel à cinq années.

Ce temps de sept ans était un chiffre symbolique fondamental. Il était celui de la Royauté et de l’unité.

En face du machiavélisme de la gauche mitterrandienne et du faux gaullisme chiraquien, le Front National montre aujourd’hui un visage serein et apparait comme une victime des partis officiels. On peut certes le considérer comme rétrograde. Encore faudrait-il se poser la question de la modernité. Où celle-ci se situe-t-elle, dans une mondialisation qui détruit nos petits commerces, nos campagnes et porte en même temps atteinte à notre culture, ou au contraire dans la défense de notre âme ?

Pour savoir quelle est l’identité des soutiens d’Emmanuel Macron, il faut s’attarder un instant sur l’un de ses plus brillants supporters : Jacques Attali.

Pour connaître réellement cet individu, il ne s’agit de nous rendre ni à polytechnique ni à l’ENA. Il faut lire simplement les mémoires d’Elie Wiesel « Tous les fleuves vont à la mer, et la mer n’est pas remplie ». Dans ce livre admirable du grand écrivain de l’Holocauste, par ailleurs Prix Nobel de la Paix, Elie Wiesel s’exprime à propos de ce dernier et dénonce l’abus de confiance dont il a été lui-même l’objet de sa part à l’occasion de son projet de publication de ses entretiens avec François Mitterrand.

Ce récit est édifiant et démontre de manière très explicite la qualité des soutiens de Monsieur Macron.

La culture de ce dernier, ce sont d’abord les chiffres. Il est inspecteur des finances. Le monde de Monsieur Macron c’est celui des comptes, de la pure économie qui a laissé sur le côté l’âme de son pays. Il n’évoque jamais la culture. Elle ne le concerne pas.

Monsieur Macron est le parfait technocrate, l’homme qui a opéré une fantastique manipulation aidé de quelques fidèles. D’abord conseiller de Hollande, puis ministre du même, puis Président contre Hollande qui en fait l’a adoubé depuis le départ.

Quelle belle histoire, trop belle pour être honnête ! LVMH se frotte déjà les mains. Les affaires vont reprendre. D’ailleurs elles ne vont pas si mal que ça pour les maîtres de la mondialisation !

Il est vrai qu’il sera difficile d’échapper à celle-ci, de même qu’il sera difficile de se soustraire à l’Europe. Il faudra cependant que nous restions possesseurs et maîtres de nous-même et que nous continuions à préférer notre honneur et notre culture à la toute-puissance du marché.

La véritable menace de l’Islam n’est pas à aller chercher du côté de Daech ou autre émirat. Elle est d’abord en nous. Ce n’est pas grâce à notre laïcité que nous pourrons vaincre, mais en reprenant au contraire en charge nos langues dans leur diversité et nos croyances.

Nous devons nous dire catholiques, protestants, juifs et opposer un front uni à nos adversaires tirant sa puissance de sa foi.

Marine Le Pen a été contrainte de mettre de l’eau dans son vin. Elle s’est engagée à faire un referendum sur l’Europe. C’est donc le peuple qui décidera.
En fait, ce qui est en cause ce n’est pas l’Europe. Celle-ci est un rêve millénaire qui prend sa source dans l’unité réalisée par l’Empire Romain ensuite par Charlemagne puis par Napoléon.

Ce qui est en débat c’est l’Europe telle qu’elle se présente aujourd’hui, celle de Bruxelles, celle des technocrates qui inventent un monde sans âme.

Le 7 mai, si Marine Le Pen est élu, on aura peur car elle n’a pas d’expérience ministérielle et l’on se retrouvera dans l’inconnu.

Si Emmanuel Macron est élu, on aura doublement peur. Du côté de Marine Le Pen on ne sait pas ce qui se passera. Du côté de Macron il ne pourra advenir que ce qui s’est passé depuis 30 ans. Il est l’héritier direct de Hollande.

La vérité c’est que la droite a manqué sa chance historique. Il incombait à Nicolas Sarkozy d’intégrer le Front National comme François Mitterrand a intégré le parti communiste, et de créer un grand parti de droite, libéral. Sans doute n’en a-t-il pas eu le temps en raison précisément de l’attitude de Chirac qui a abrégé antérieurement le temps du mandat présidentiel.

En tout cas il est passé à côté de l’Histoire et celle-ci ne se présente jamais deux fois.

Comme Donald Trump en Amérique, Marine Le Pen propose la France d’abord, contre le marché, la dé-régularisation et la mondialisation.

Marine Le Pen se réfère continuellement au général de Gaulle. Elle se présente comme l’authentique défenseur de la France profonde face au bilan négatif des technocrates et de la ploutocratie.


Aujourd’hui de la même manière on voit bien que les propositions des partis, candidats à la prochaine élection, sont sans odeur et sans saveur. Ils n’offrent pas aux citoyens qu’ils méprisent, une seule dose de spiritualité, de foi, d’art ou de poésie.

Ils ne leur offrent pas de lien. L’arbre est sec. Il ne pourra produire aucun fruit.

Droite comme gauche sont incapables d’apporter au peuple français ce dont il a besoin, le ressourcement à la spiritualité que les Jacobins ont abattu en 1793, la résurrection de l’âme française en même temps que celle de ses langues.

Il eut fallu rouvrir la plaie, opérée par le Parricide, et laisser rejaillir les différentes spiritualités qui gisent au plus profond de l’âme de la France.

Faute pour la Droite d’avoir été capable d’opérer cette révolution en créant un grand parti de droite libérale comprenant toutes ses composantes, y compris le Front National, le peuple français aujourd’hui risque d’élire Marine Le Pen, ce qui créerait une conflagration qui aurait le mérite cependant de mettre la France devant son problème authentique, la reprise en compte de son identité pleine et entière, refoulée depuis 1793.

Cette victoire de Marine Le Pen contraindrait la gauche comme la droite à repenser complètement la politique française et à remonter à la source de notre malheur.


EDOUARD VALDMAN
derniers ouvrages parus : « Demain l’Occident » et « La Laïcité, ça suffit ! »

lundi 27 février 2017

A PROPOS DE L’AFFAIRE FILLON - QU’EST-CE QU’UN ETAT POLICIER ?

Le fait que François Fillon ait employé son épouse comme assistante parlementaire de manière partielle ou à plein temps n’est pas à mon sens très important. Il est évident que lorsqu’un couple travaille ensemble dans le domaine du parlementarisme, le député ou le ministre ne va pas mesurer les heures et les minutes comme le ferait un patron normal avec sa subordonnée. Que l’on ait vu Madame Fillon au Palais Bourbon ou non, ceci n’est pas convainquant. Celle-ci pouvait tout à fait exercer ses fonctions discrètement, sans être remarquée.

Par ailleurs, comme François Fillon l’a très bien expliqué, ces fonctions peuvent être prises au sens large. Madame Fillon a aidé son mari, l’a conseillé et étant donnée la carrière de celui-ci au plus haut niveau, il est normal qu’elle ait été bien rémunérée. Quant aux notes de lecture pour la Revue des deux Mondes, libre à celle-ci de l’avoir honorée comme elle l’entendait. Etant la femme d’un Premier ministre, elle devait en principe avoir une certaine compétence, en tout cas une expertise très sérieuse.

La vraie question est ailleurs. Elle réside dans le fait qu’à aucun moment depuis que cette affaire a éclaté, François Fillon ni aucun de ses partisans, hommes politiques ou intellectuels n’aient mis en cause le système français de la délation, qui démontre par ailleurs très clairement que la justice en France n’est pas indépendante.

Qu’une instruction judiciaire contre un candidat à la Présidence de la République soit ouverte par le Parquet, trois mois avant cette élection, à partir des informations d’un journal satirique, démontre à quel point la justice française est asservie au pouvoir politique.

Comme Hollande l’a fait tout au long de son mandat contre Nicolas Sarkozy, pour le disqualifier, en faisant ouvrir par le Parquet des informations sans aucun fondement, qui ont conduit la plus part du temps a un non-lieu, de la même manière celui-ci même s’il ne se représente pas, continue à nuire, sans aucun doute.

La justice française est aujourd’hui totalement entre les mains du pouvoir politique de gauche. Elle le sera sans doute demain entre les mains du pouvoir politique de droite.

Pour comprendre véritablement à quel point cette dernière est asservie au politique, il convient de faire un peu d’histoire.

Sous la monarchie, la justice était rendue par les Parlements eux-mêmes en relation avec le Roi, même si les conflits entre les deux autorités étaient fréquents. En tout cas, la procédure depuis l’origine était inquisitoire, c’est-à-dire, comme son nom l’indique qu’elle se trouvait sous l’autorité de l’Eglise. Tout était basé sur l’aveu. Il n’y avait pas de présomption d’innocence. L’homme était présumé coupable.

C’est ce qui différencie définitivement la procédure anglaise qui avait institué l’Habeas Corpus et la présomption d’innocence, les authentiques actes de naissance de la démocratie en Occident. La procédure y était accusatoire. Le présumé coupable se trouvait placé sur le même plan que l’accusation.

Paradoxalement, la Révolution française n’a en rien modifié les structures autoritaires de la monarchie. Elle les a même renforcées. L’Empire les a encore consolidées. Le Tribunal révolutionnaire de 1793 prononce des condamnations sans appel et pendant deux siècles, la Cour d’assises, dans son prolongement, fera de même. Elle infligera des peines infamantes telles la réclusion criminelle à perpétuité ou la peine de mort, sans qu’il y ait le moindre recours.

Le principe britannique de la présomption d’innocence et des appels des arrêts de la Cour d’assises n’a été voté en France qu’en 2003 sous le gouvernement de Lionel Jospin.

Cependant la procédure inquisitoire n’a toujours pas été abrogée. L’autorité politique a tous pouvoirs sur la justice. Le Président de la République nomme le Premier ministre qui nomme lui-même le ministre de la justice.

Tel est le lien qu’il s’agit de rompre, le cordon ombilical qu’il convient de couper. Il faut que le Conseil Supérieur de la Magistrature devienne totalement indépendant du pouvoir judiciaire, qu’il soit élu, que ce soit lui qui nomme les magistrats.

Une autre réforme essentielle consisterait en la suppression des tribunaux administratifs chargés des litiges entre le citoyen et l’administration, qui jamais ne se prononcent contre l’état. Il faut désormais que l’administration réponde de ses actes devant les tribunaux civils, comme tout un chacun.

Telle serait une authentique réforme de la justice.

Le véritable totalitarisme se trouve ici, dans cette autorité que le politique possède sur le judiciaire. Sans doute les français ne le savent-ils pas ou ne veulent-ils pas le savoir. Cette mainmise du pouvoir politique sur la justice, c’est cela l’arbitraire et la pensée unique.

Nous sommes régulièrement condamnés par la Commission Européenne des Droits de l’Homme et cet arbitraire du pouvoir politique montré du doigt.

La condition déplorable des prisons en France et l’incapacité qu’ont montré tous les systèmes politiques pour résoudre cette question résulte directement, de la même manière, de notre système politique autoritaire.  

Or, pas un seul des candidats à la Présidence de la République ne préconise cette réforme. Rien pourtant ne peut advenir, sans que la justice soit indépendante.

Dans les propositions de son programme en matière de justice, François Fillon n’avance que très prudemment. Les magistrats du Parquet continueraient à être nommés, sur proposition du Gouvernement, avec avis conforme du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM).

Il est bien précisé dans ce projet de réforme du CSM que la rupture du lien entre le Pouvoir politique et le Parquet n’est pas l’essentiel. L’essentiel c’est le rétablissement de la confiance, plutôt que « l’élargissement de la défiance en assurant une indépendance du CSM en même temps qu’une neutralité politique ».

Aujourd’hui où sa mise en examen est annoncée, ce serait le moment où jamais pour François Fillon de démontrer la collusion entre le Parquet et le Pouvoir, et d’annoncer la rupture du lien entre ceux-ci.

Le problème n’est pas que le Parquet financier soit contre lui ou pas. Il l’est nécessairement s’il dépend du pouvoir politique et si celui-ci est à gauche.

C’est cette rupture essentielle qu’il lui convient de réaliser. Il est évident que s’il n’y avait pas eu le Pénelope gate, Hollande aurait trouvé autre chose. Nous sommes désormais dans un état policier.

J’ai vu que l’avocat qui préside aux destinées du Conseil National du Barreau Français défendait les magistrats. Le malheureux n’a rien compris.

Nicolas Sarkozy avait un moment préconisé une réforme de la justice qui eut rapproché celle-ci du modèle anglo-saxon avec notamment la suppression du juge d’instruction. Ses adversaires ne s’y sont pas trompés, qui se sont jetés sur lui comme des hyènes. Il touchait au principe sacrosaint de l’inquisition et de la monarchie française, par ailleurs repris par la Révolution.

François Fillon, à ce jour, ne fait rien de tout cela. S’il est élu, ce sera en raison du respect qu’il montre pour les institutions. Les français lui en seront reconnaissants. Ils sauront en même temps que rien ne devra changer.

Comme François Fillon le disait si bien récemment « Il y a quelque chose de pourri dans la démocratie française ».

Certes, mais la pourriture ne se trouve peut-être pas là où l’on pense. Elle n’est pas dans la déclaration du Canard Enchainé. Tout le monde connait ce journal qui est un organe de la gauche bien-pensante et du parti communiste en particulier, qui reçoit par ailleurs ses informations aussi bien de la droite que de la gauche. La pourriture se trouverait plutôt dans le fait d’accepter cette mainmise du pouvoir politique sur la justice, ce qui est une situation contre nature à laquelle il faut mettre fin.

Les français n’attendent pas que François Fillon fasse des déclarations d’amour à sa femme. Personne ne doute de ses sentiments et la plupart s’en moquent. Ce qu’ils attendent c’est que l’indépendance de la justice soit assurée et cela François Fillon n’en a pas parlé.

PS : Aux dernières nouvelles les avocats de François Fillon font confiance aux magistrats « indépendants » de leur pays.

Edouard VALDMAN
Ancien Secrétaire de la Conférence de Stage du Barreau de Paris
Ancien élève de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris
Ecrivain
Dernier livre paru « Demain, l’Occident ! »

vendredi 20 janvier 2017

A propos du film tiré d'un livre de Joseph Joffo « Le Sac de billes »

J’ai connu Joseph Joffo au salon du livre de Nice il y a une vingtaine d’années. Il s’était dès alors mis hors la loi car il souhaitait échapper à la mainmise des libraires sur la recette des auteurs.

En effet ceux-ci en les accueillant sur leur stand, leur prenaient une marge de 35% sur leurs droits. Autant dire qu’il ne leur restait plus rien après celle de l’éditeur.

Joseph s’était donc installé en plein milieu du jardin Albert 1er, et avait fait l’objet comme nécessairement d’invectives du directeur du salon qui avait cependant fini par abandonner la partie, Joseph n’étant pas un seul instant intimidé par ses remontrances.

J’avais en même temps admiré sa capacité à séduire le public. Il était un fantastique vendeur. Il allait chercher le lecteur, il le hélait, et celui-ci venait à lui, attiré par son charme et sa vitalité.

Il vendait à l’époque son best-seller, « Le Sac de billes » publié en 1973 aux éditions Jean-Claude Lattès, grâce auquel il s’était fait connaitre du monde entier et d’autres livres moins connus, publiés par la suite.

En tout cas, Joseph m’avait fasciné et je crois que c’est là et à ce moment que nous sommes devenus des amis.

Je l’ai revu par la suite à Paris et nous avons poursuivi une authentique relation d’amitié.

L’aventure de son « Sac de billes » m’avait par ailleurs passionné car j’étais moi-même d’origine juive en même temps que niçoise. J’avais passé la guerre à Nice où mon père s’était caché. Il s’en était assez bien tiré grâce en particulier à la famille de ma mère catholique et à des amis niçois, les Veran, qui l’avaient abrité chez eux, sur le port.

J’avais moi-même écrit un livre sur ces années d’occupation, « La Blessure », et j’étais un peu jaloux de Joseph car il n’avait pas connu de véritable succès. Je n’avais pas réussi à décrocher un bon éditeur.

Bien plus, le hasard avait fait que j’avais approché nombre des personnes qui s’étaient occupé de la publication du livre de Joseph, en particulier l’attachée de presse.

Cela n’avait rien donné. Ce qui me faisait dire, d’ailleurs, que au-delà de notre volonté, quelque puissante qu’elle puisse être, les choses devaient se faire ou non.

En ce qui me concerne, elles ne s’étaient pas faites.

Cependant, depuis ce jour, Joseph s’était montré pour moi d’une grande générosité. Il a lu mon livre. Je crois qu’il l’a aimé. En tout cas, il n’a eu de cesse de m’aider en me présentant ses relations, ses amis proches.

Joseph s’est comporté à mon égard comme un très grand ami.

Nous nous sommes retrouvés à plusieurs reprises dans les salons littéraires à Nice ou ailleurs, au salon du livre de Paris et aussi à Loches, à l’occasion de la manifestation organisée par Gonzague Saint Bris « La forêt des livres ».

A chacune de ces rencontres, j’ai éprouvé l’extraordinaire talent de vendeur de Joseph. Il s’agissait de véritables performances. Il vendait beaucoup de livres et à Loches en particulier, il arrivait dès le matin à 9 heures et ne terminait qu’en fin d’après-midi après avoir épuisé son stock.

Je le dis d’autant plus volontiers, que je suis dépourvu de cette qualité et que je ne pense pas d’ailleurs qu’il incombe à l’auteur de vendre ses livres. Il s’agit d’un autre métier. Ce n’est pas le sien.

Je me souviens d’une légère dispute que nous avons eu un jour à l’occasion d’un salon. Joseph avait dit qu’un « bon » livre était un livre qui se vendait bien.

J’avais contesté son assertion.

L’histoire du « Sac de billes » constitue une aventure à elle seule. C’est celle de Joseph et de son frère Maurice durant la dernière guerre, en particulier à Nice où leur parents les avaient envoyé se réfugier, en zone dite « libre ».

C’est celle de ces deux enfants qui finissent à force de ruses d’avoir raison des allemands.

Leur mère, admirablement interprétée par Elsa Zilberstein, sera sauvée mais leur père sera arrêté et déporté (Patrick Bruel, excellent).

Celui-ci avait un salon de coiffure à Paris et après la guerre, les enfants le reprendront. Et c’est là qu’intervient un autre extraordinaire talent de Joseph, celui de conteur.

Il raconte cette histoire, son histoire et celle de son frère, celle du « Sac de billes » a un client du salon, Jean-Claude Lattès par ailleurs éditeur.

Celui-ci est intéressé. Il l’a fait réécrire par un écrivain professionnel Claude Klotz alias Patrick Cauvin, aujourd’hui disparu, qui comme l’a précisé Jean-Claude Lattès à l’occasion de la cérémonie d’ouverture du film a apporté « sa petite musique ».

Jean-Claude Lattès en a fait un best-seller.

Comment fabrique-t-on un best-seller ? Difficile à dire. Si on connaissait la recette, beaucoup s’y attèleraient. En tout cas cela a marché. Des millions de livres ont été vendus dans le monde entier.

Jean-Claude Lattès a fait quelques autres « coups » d’édition et plusieurs fois en inventant totalement des histoires telles par exemple « Papillon » dont les aventures sont totalement imaginaires et qui n’a jamais vraiment existé.

L’histoire du « Sac de billes » par contre est authentique et les personnages sont bien vivants.

Ceux sont eux qui étaient présents le 16 janvier dernier, au cinéma le Gaumont avec leur famille, leurs enfants et petits-enfants et leur enthousiasme qui n’a jamais tari.

Joseph a 85 ans, Maurice 87 ans. Ils sont toujours aussi dynamiques, entreprenants et prêts à en découdre. Ils ont gardé le moral.

Cela ne m’étonnerait pas qu’ils jouent toujours aux billes.

En tout cas le film est un succès. Le metteur en scène, Christian Duguay, a totalement réussi son projet. Les gosses sont magnifiques et les autres acteurs excellents.

Je m’attendais à une redite. En fait, ce film m’a fait replonger au cœur de ma propre enfance et de ces années noires et comme à chaque fois que je reviens à elles, je m’étonne de la chance extraordinaire que j’ai pu avoir.

Car nous sommes des survivants. Nous sommes des chanceux.

A chaque fois aussi je m’explique le silence qui a suivi. Très peu ont parlé de ces événements. Mes parents eux-mêmes se sont tus. Sans doute ceux-ci étaient-ils trop douloureux.

C’est pourquoi « La Nuit » d’Elie Wiesel, « Si c’est un homme » de Primo Lévy, « Le Sac de billes » de Joseph Joffo sont des témoignages irremplaçables.

Cinquante ans après ils percent encore le silence.

Edouard VALDMAN,
Ecrivain
Dernier livre paru « Demain, l’Occident ! »