mardi 30 avril 2013

Vers l'abîme



Tout le mal vient du principe d’Egalité, de la mort de Dieu et des Droits de l’Homme tels que fondés sur ce meurtre en 1793.

A partir du moment où tout est égal, tout est néant. Les théoriciens de l’égalité, que ce soient Sartre ou  Marx, sont tous des maîtres es néant : liberté égalité, ou la mort.

Face à ce principe qui broie, détruit, réduit, coupe les têtes, s’érige celui de la Différence.

Comme l’exprime si bien Emmanuel  Lévinas face au même Sartre, si l’homme est relié à Dieu, c’est-à-dire à l’infini, il n’est plus égal mais différent. Il est singulier dans sa relation à l’absolu, au grand Autre.

La pensée de l’égal se déploie avant tout dans le pays des Lumières, dans celui de la toute-puissance de la Raison, c’est-à-dire en France, le principe de la différence dans les pays anglo-saxons.

Ceux-ci n’ont pas succombé au piège de la Révolution française. Les Anglais avaient renversé leur roi, bien longtemps auparavant. Ils l’avaient rétabli dans ses droits et avaient en même temps fondé une monarchie constitutionnelle.

A travers celle-ci, ils avaient maintenu le principe d’autorité, la symbolique du Père et de Dieu, comprenant dès alors qu’ils étaient indispensables au bon fonctionnement de la société, que la transcendance était irréductible.

Les Américains en sont les héritiers. Aux Etats Unis, il y a les Lumières accompagnées par la religion. C’est Dieu qui mène aux Lumières, contrairement à ce qui se passe en France où celles-ci conduisent à la mort de Dieu.

Le Président des Etats Unis prête serment sur la Bible.

La pensée politique anglo-saxonne ne réduit pas. Elle déploie. Chacun est singulier dans sa différence. L’Etat est bien présent dans sa symbolique mais il est réduit à peu de choses. La relation au Père qui est maintenu dans ses prérogatives est très libérée.

Ceux sont les Lumières associées à la religion qui fondent la puissance des Etats Unis.

En France, on est égal dans la pauvreté, dans le chômage. Le riche y est hautement suspect. Tout s’équivaut désormais, l’homme et la femme, le père et l’enfant, l’homosexuel et l’hétérosexuel, tout cela confondu dans la grande marmite de la laïcité.

Il s’agit en fait d’une société castrée qui n’ose se déployer dans ses différences.

Les juifs eux-mêmes n’y ont plus d’identité. Ce qui a fait leur pérennité, c’est-à-dire l’Election, n’existe plus. Eux qui ont toujours refusé de se mêler, de se mélanger, car ils savaient de toute antiquité que corps et esprit étaient étroitement mêlés ont oublié leur différence sous prétexte que la Révolution et les Lumières les avaient accueillis.

Il est étonnant de constater le nombre important de juifs de gauche dits laïcs, dans le présent gouvernement de François Hollande.

La plupart se sont convertis et sont fidèles en tous cas aux idéaux de la Révolution française, quand ce n’est pas à ceux de la révolution marxiste.

Ils reproduisent les mêmes analyses et les mêmes erreurs que leurs prédécesseurs des années 1940, sous le regard irresponsable de leurs  rabbins.

Faute de pouvoir assumer son identité juive en raison de l’antisémitisme qui régnait de son temps, Marx a inventé « un monde d’égaux » dans lequel il n’y avait plus de juifs, certes, mais où il n’y avait plus d’hommes.

En se niant en tant que juif, il se niait en même temps en tant qu’homme.

Nous en sommes toujours là.

Cependant l’écart se creuse entre notre égalitarisme mortifère et ce qui se passe dans les pays anglo-saxons, entre les pays de la mort de Dieu et les pays de la différence.

Le problème est qu’à force de se nier, on en revient toujours au même point : ce qui ne peut se manifester à l’air libre va le faire dans les profondeurs du refoulé et fera ressurgir les anciens démons.

La négation du juif en 1940 renvoie à l’Holocauste et à la création de l’Etat d’Israël. La négation de l’identité française aujourd’hui est le ferment d’où naitront de nouvelles révoltes et conduit dialectiquement au Nationalisme.

L’Histoire n’enseigne rien, sauf que les hommes ont besoin apparemment de se retrouver dans des situations identiques pour se redéfinir à nouveau.

Dans l’étau français dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, ce qui apparait clairement, c’est la menace de la résurgence des anciens extrémismes.

Certes la configuration géopolitique a changé. L’ancien bouc émissaire juif est moins vulnérable. L’Etat d’Israël est bien présent.

Mais ce ne sont pas les boucs émissaires qui manquent.

Nicolas Sarkozy a été le dernier président à comprendre véritablement l’enjeu, à vouloir conserver le modèle français tout en entreprenant les réformes indispensables, celles de la flexibilité et du désengagement de l’Etat.

La crise et la mauvaise foi de ses adversaires l’ont empêché d’aller plus loin.

Son projet de la laïcité positive était visionnaire : refaire émerger les différentes spiritualités et religions à l’intérieur de la France aux côtés de la laïcité. C’est ce qu’il nommait la laïcité positive.

En se démarquant de lui, et en revenant à une conception rigide de l’Etat, à une manière totalitaire et jacobine, le gouvernement actuel entraine la France la fin de son modèle social.

Sous des traits apparemment différents, il est en train de s’effondrer face à un monde anglo-saxon seul prospère, malgré la crise.

L’ambiguïté vient du fait que le modèle français ou du moins ce que l’on nomme tel préserve un certain nombre de valeurs indispensables au bon équilibre des forces en Occident.

La France en effet, à travers l’Eglise catholique, a hérité de la culture grecque, c’est-à-dire du culte de l’art, de l’héroïsme et de la gratuité.

La Révolution n’a pas changé ces données fondamentales. Elle a renversé le vocabulaire mais elle a préservé un certain sens de l’Etat venu de Rome, qui a été encore renforcé par Napoléon.

Ces valeurs sont essentielles face au marché anglo-saxon. Ce sont celles de la dimension Tragique.

Cependant, elles n’ont rien à voir avec celles de l’assistanat, de la bureaucratie, telles que déployées actuellement par le pouvoir socialiste.

Ce n’était pas la Raison qui gouvernait la Grèce, bien qu’elle ait par ailleurs donné naissance à la science. C’étaient davantage le génie et la folie, la toute-puissance de la Création.

Le système le plus proche du modèle grec, c’est celui de la création en relation avec le Sacré.

Pour retrouver l’espace du Sacré, la France doit renouer avec les valeurs qui ont fait sa grandeur et qui ont été transmises par l’Eglise.

C’est en ce sens que le combat entrepris par celle-ci contre le mariage homosexuel est réconfortant.

Napoléon l’avait compris qui avait signé le Concordat avec le Pape, mais aussi Adenauer et De Gaulle qui avaient souscrit l’accord franco-allemand à l’intérieur de la Cathédrale de Reims.

Tout est fait actuellement pour réduire cet espace.

On assiste à une sécularisation générale de la société. Sous prétexte d’égalité et de laïcité, on coupe à nouveau les têtes, celles des créateurs, des riches, au bénéfice d’une médiocrité générale qui nous entraine vers le bas.

L’homosexualité, la désacralisation du mariage ne peuvent devenir les nouveaux signes de ralliement en France.

La droite ne pourra faire l’économie de cette relation au Sacré si elle veut revenir au pouvoir.
Si l’on veut à tout prix éradiquer les  racines de la France, on prend le risque d’un retour du refoulé qui peut nous ramener à un nouveau fascisme.

C’est le Front Populaire et la menace marxiste, ne l’oublions pas, qui nous ont amenés Hitler en même temps que la Crise de 29.

Sacré et grandeur sont inhérents à la France. Si l’on touche à cela, on attente aux valeurs mêmes de l’Occident. On prend le risque d’un retour au cataclysme.


Edouard Valdman, dernier livre publié « Demain, l’Occident ! », éditions L’Harmattan

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