mercredi 7 octobre 2015

OSCAR ET LA DAME ROSE

Une pièce d’Éric-Emmanuel SCHMITT

au Théâtre Rive Gauche


avec
JUDITH MAGRE


Il est des comédiens qui possèdent un caractère de dangerosité certain. En effet, par la grâce de leur talent, ils parviennent à tout exprimer, le pire comme le meilleur. On ne sait pas si le texte qu’ils énoncent est bon ou mauvais. On les écoute est on est sous le charme.

C’est ce que j’ai éprouvé le 23 septembre dernier en entendant Judith MAGRE dire celui de Oscar et la Dame Rose de Eric-Emmanuel SCHMITT au Théatre Rive Gauche.

J’ai d’abord été conquis par la présence de la comédienne. Elle est seule sur scène. Elle porte le texte. Elle en a toute la responsabilité.

J’avoue que pendant quelque temps je ne suis interrogé à propos de cet écrit. Est-il léger ou au contraire profond ? Ce n’est que progressivement que j’ai pris la mesure de son intérêt. Conte fantastique, allégorie, il creuse très loin à l’intérieur de l’angoisse humaine.

Oscar, un enfant malade dans un hôpital a pour seule confidente la Dame Rose « Mamie Rose ». L’auteur situe son personnage au cœur même de la souffrance et fait de celle-ci la vérité de notre condition. Ce n’est pas la santé qui est la normalité, c’est la maladie. On pourrait dire à son propos qu’il est absolument lucide « La lucidité est la blessure la plus proche du soleil » : René CHAR.

Ensuite, tout s’enchaine. Oscar vit sa vie de douleurs avec légèreté. Éric-Emmanuel SCHMITT parvient à donner de notre condition éminemment tragique une image poétique, une image douce.

Cependant, c’est le jeu de Judith MAGRE qui nous permet d’accéder à cette vérité. Ce sont sa douceur, sa subtilité, qui nous prennent par la main et nous amènent doucement jusqu’à ce degré.

J’allais oublier l’humour. Cette pièce en est baignée.

Je connais Judith MAGRE depuis longtemps. Jamais je n’ai saisi avec plus d’intensité la subtilité de son jeu. Jamais je n’ai éprouvé avec plus d’évidence l’infinie transparence de sa voix, qui par la richesse de ses tons, nous amène jusqu’à l’ineffable.

Qu’elle en soit remerciée !

Edouard VALDMAN