mercredi 1 décembre 2021

Dédicace "Le drame français" Mairie du 6e arrdt à Paris

 Edouard Valdman 

dédicacera son dernier essai 
Le drame français

 dans les salons de la mairie du 6e arrdt
 place Saint-Sulpice 75006 Paris

 le samedi 4 décembre 2021 à partir de 14h30

Il serait très honoré par votre présence.

lundi 4 octobre 2021

PARUTION D'UN NOUVEL ESSAI "LE DRAME FRANÇAIS"

Edouard Valdman
a le plaisir de vous informer de la parution de son dernier essai
Le drame français (éditions Les Impliqués)
 
A l'occasion de la mort du roi en 1793 les révolutionnaires ont voulu tuer le Père, symbole de l'autorité en même temps que de Dieu....Or cette blessure, au cœur même de la France, celle-ci ne s'en est jamais remise. La dimension de la divinité qu'on a tenté d'abolir n'est pas liée à telle ou telle religion. Elle est consubstantielle à la notion même d'Homme. Il s'agit de la rétablir et de laisser rejaillir toutes les croyances et spiritualités qui y étaient attachées.
Il faut que chaque français puisse nommer sa foi avec fierté...

jeudi 16 septembre 2021

A PROPOS D’UN DISCOURS DE ROBERT BADINTER A L’ASSEMBLEE NATIONALE, SUR LA PEINE DE MORT, le 13 septembre 2021

Robert Badinter, avocat, ancien ministre de la justice, ancien président du Conseil Constitutionnel, sénateur, est celui grâce auquel la peine de mort a été abolie. Cette abolition, personne ne viendrait la remettre en cause ou seulement la questionner. Il s’agit là d’un absolu, de quelque chose d’intouchable qu’il a préconisé et dont il a obtenu le vote.

Cette mesure est tout à fait discutable. En effet, ce qui était véritablement en question quand elle a été votée, c’était le statut de la cour d’assises. Celle-ci en effet, constituait le prolongement du tribunal révolutionnaire créé en 1793 par la Convention nationale. Ce tribunal jugeait sans appel. Il était infaillible. Le peuple était censé ne pouvoir se tromper.

Cette infaillibilité du jury de la cour d’assises avait deux siècles lorsque la loi d’abolition de la peine de mort fut votée. Pendant deux siècles, il faut le répéter, la liberté des Français a été suspendue aux décisions sans appel de cette Cour. Le vote accordant la possibilité de faire appel est intervenu sous le gouvernement de Lionel Jospin en 2002, en même temps que celui ayant trait à la présomption d’innocence, soit bien après l’abolition de la peine de mort.

Tel était le véritable enjeu.

Cependant, le vrai problème de la peine de mort, est qu’elle présume une société désacralisée, une société matérialiste qui, faute de certitude et de foi, ne s’autorise plus à condamner à la peine capitale.

Albert Camus et Arthur Koestler l’avaient bien vu dans un livre qui a fait date Réflexions sur la peine capitale. Comment pourrait-on prononcer, disaient-ils, une décision condamnant à la peine capitale dans une société qui a rompu toute relation avec le sacré ?

En ce sens, Robert Badinter a été cohérent avec lui-même, à un petit détail près cependant. Il s’est toujours revendiqué comme « juif » et a signé des tribunes dans le journal Le monde à ce titre. Or, être juif précisément, c’est reconnaitre une relation avec l’espace du Sacré. Sans doute Robert Badinter appartient-il à ce que l’on appelle les Juifs laïcs. Ceux-ci ont fait alliance une fois pour toutes avec la République, avec les Lumières et ceci malgré l’affaire Dreyfus et malgré Vichy.

En fait, l’abolition de la peine de mort est critiquable dans le mépris avec lequel elle traite les criminels eux-mêmes. En effet la mort est parfois le seul châtiment à la hauteur de leur crime. On peut imaginer un criminel s’investissant complètement dans son acte, allant au bout de lui-même, au bout de sa passion, tel Julien Sorel. Le crime peut être un choix par rapport à une situation donnée. Il peut être une vengeance que l’on souhaite assouvir, un amour au bout duquel on souhaite aller. La société n’a pas le droit de voler son crime au criminel. Il peut s’agir pour lui d’un acte de liberté. Lui retirer la possibilité de ce châtiment suprême corollaire de son acte, c’est rabaisser celui-ci.

C’est donc à lui qu’il reviendrait de choisir. Il doit pouvoir revendiquer la mort et considérer que seule celle-ci est à la hauteur de son acte. Encore faut-il qu’il puisse revendiquer cette peine. C’est ce qui s’est passé avec Buffet et Bontemps, les derniers condamnés à mort. Ils ont demandé leur condamnation.

L’abolition résulte d’un parti pris qui semble exprimer un souci humanitaire et qui substitue en fait à une condamnation à mort une peine d’enfermement à plusieurs années de détention. Mais ce sont ces longues peines qui expliquent le nombre considérable de suicides dans les prisons françaises.

Les condamnés à des peines de plusieurs années de prison y trouvent-ils leur compte ? Si on leur posait la question, il est possible qu’ils choisiraient la mort.

Par ailleurs, ces années de prison ont un coût. Nous entretenons des criminels et des terroristes qui, eux, n’ont que mépris pour la vie humaine.

L’abolition de la peine de mort n’est pas nécessairement un progrès vers une humanité plus compatissante. Elle est une faiblesse devant le crime et surtout une difficulté à le penser. Elle est une défaite devant le caractère sacrée de la vie humaine.

En outre, la condition des prisons françaises est depuis toujours un scandale. Robert Badinter, lorsqu’il était ministre, n’a pas réussi à y remédier. La France est régulièrement condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme.

Ce mépris des Français pour leurs prisons révèle une mentalité intolérante et la Révolution n’a fait qu’accroitre le malaise. Nous vivons toujours sur le principe de l’aveu, cher à l’Inquisition, sur la culpabilité, et ceci demeure au-delà des pétitions de principe.

La loi sur la présomption d’innocence, essentielle, est intervenue récemment pour de mauvaises raisons d’ailleurs. Il s’agissait de venir en aide aux hommes politiques mis en examen. En tous cas, cette présomption établit une procédure fondamentale du droit anglo-saxon, installée en Grande-Bretagne au XVIe siècle, l’Habeas Corpus, qui est le véritable fondement de la démocratie anglaise et de la liberté. N’en déplaise à la gauche française et même à la droite, les Anglais sont en avance sur nous en ce qui concerne celle-ci. Ils ont résisté à Hitler. Quant à Napoléon, ils ont su déceler en lui, au-delà du héros, l’authentique tyran.

Les États-Unis qui sont un pays protestant en majorité, Israël qui est une nation religieuse, ont conservé la peine de mort, même si elle est exceptionnelle. Ce qui est en cause aux États-Unis c’est moins la peine elle-même que la manière dont elle est distribuée. Il s’agit là d’une pratique barbare qu’il faut modifier. La peine de mort doit être une mesure de justice et elle doit respecter le condamné.

La vérité est que la France, si elle a abattu un certain nombre de tyrans, a surtout tenté de détruire en elle un espace indispensable à la survie de l’humain. Les principes de la Révolution française, telle que la laïcité, les droits de l’homme, la liberté, tous fondés sur la mort de Dieu et la toute-puissance de la raison, n’ont pas été choisis par les Français, mais imposés par la dictature jacobine.

La justice française est l’exemple le plus probant du caractère totalitaire des structures de la France. Le symbole en est le juge d’instruction tout puissant, crée par Bonaparte, et qui décide souverainement de l’enfermement des citoyens. Certes, des réformes ont été apportées qui ont réduit la toute-puissance de celui-ci, en particulier par Robert Badinter. Aujourd’hui, il lui est adjoint un magistrat au moment de la mise sous mandat de dépôt : le juge des libertés.

Cependant, l’identité française construite par la royauté et l’Église, modifiée par la Révolution et l’Empire, demeure autoritaire, dans la droite ligne de l’Inquisition. Une présomption de culpabilité pèse sur la société française, au-delà des récentes réformes, c’est toujours l’Inquisition. Nous nous situons toujours dans un système inquisiteur face à des pays anglo-saxons qui évoluent eux-mêmes dans un système accusatoire.

Nous avons vu qu’en France, la droite comme la gauche se rejoignent dans une complicité négative, à savoir le meurtre du père, le parricide. Ce dont il s’agit aujourd’hui, c’est de reconstruire la symbolique au centre de l’État. La lutte qui intervient entre la bourgeoisie libérale de sensibilité anglo-saxonne, et la bourgeoisie conservatrice, incarne cette césure.

C’est toujours l’absolu contre la tolérance, la Sorbonne contre l’humanisme, le Collège de France contre l’Inquisition. La bourgeoisie libérale cherche à faire prévaloir des idéaux qui se rattachent davantage à la Réforme.

La peine de mort en effet a longtemps constitué un supplice. Elle a été un rite, et ce dans toutes les civilisations. Il ne s’agissait pas seulement de punir mais de « sacrifier » dans la mesure où l’ordre de la Cité avait été transgressé ou aboli. C’est le mythe d’Antigone.

La transgression méritait davantage qu’un châtiment. Il fallait que celui-ci fût exceptionnel, car il devait empêcher le retour de tels actes qui troublaient l’ordre de la cité et bien plus, l’ordre du monde.

La volonté de rompre avec le sacrificiel est inscrite dans l’abolition de la peine de mort. Désormais, nous nous situons dans la pure rationalité. Nous passons de la peine capitale à l’enfermement. Celui-ci est censé être plus humain. Mais il faudrait questionner à ce sujet des prisonniers condamnés à passer leur vie entière derrière les barreaux. Seuls eux pourraient répondre.

Le sacrificiel désormais aboli, le nouveau châtiment est sans doute pire que la mort. Il est glacé, concentrationnaire, à perpétuité. Il a le visage de l’homme technologique, de l’homme industriel, avec tout l’arsenal des quartiers de haute sécurité. En fait, l’homme ici n’a plus de visage. La condamnation à la peine de mort donnait un sens à sa vie, à son acte. Elle le hissait à la hauteur du tragique. Ici il n’y a plus rien. L’homme est devenu une ombre.

Edouard Valdman

A paraitre : Le drame français


mercredi 8 septembre 2021

A L’OCCASION DU DECES DE JEAN-DENIS BREDIN

J’ai connu Jean-Denis Bredin au Palais de Justice de Paris. Dès alors en 1965, il était célèbre dans le milieu judiciaire aux côtés de son compère Robert Badinter. Ces deux avocats étaient associés et officiaient au 130, rue du faubourg Saint Honoré à Paris. Ils formaient un couple que l’on ne dissociait jamais et ils figuraient d’une certaine manière la réussite professionnelle dans le milieu des avocats.

Il était à la fois un grand juriste, défenseur de causes très importantes, par ailleurs professeur des universités et également écrivain : non pas avocat écrivant, mais authentique auteur.


« L’Affaire », son essai sur l’affaire Dreyfus avait fait date, mais également celui sur l’abbé Sieyès ainsi que ses romans dont « L’absence » et ses récits « Battements de cœur »….


Jean-Denis Bredin était ancien premier secrétaire de la conférence du stage. Il était très brillant. Je l’ai entendu à plusieurs reprises s’exprimer au Palais de Justice dans ce cadre.


Il y avait plus. Il était le fils adoptif du bâtonnier Lemaire qui avait été entre autres l’avocat du maréchal Pétain au côté de Jacques Isorni.  Il avait épousé une femme très fortunée et l’on disait que le vrai père de Jean-Denis Bredin était juif.


Je l’ai rencontré par ailleurs à la foire du livre de Jérusalem en 1989. Ce fut pour moi une occasion de mieux le connaitre et nous convînmes de nous rencontrer à Paris à notre retour.


Je venais justement de terminer le manuscrit « Les Juifs et  l’argent » un essai que je souhaitais voir éditer. C’était une occasion d’en parler à Jean-Denis Bredin qui pourrait sans doute m’aider  par sa notoriété. Nous sommes convenus de nous retrouver au restaurant Le Récamier et je me souviens que nous venions de prendre place lorsque surgit Georges Kiejman qui venait d’être nommé ministre.


Je me rappelle de l’expression du visage de Jean-Denis Bredin à ce moment et du mot affectueux qu’il adressa à Georges Kiejman dont il était l’ami, « mon petit ministre ! ». Nous avons déjeuné ensemble.


J’évoquai auprès de JDB mon essai et il eut l’air très intéressé.


« Génial ! » me dit-il.


A qui voulez-vous que nous l’adressions me demanda-t-il ? Odile Jacob, le Seuil, Grasset ?


Je voyais défiler devant moi tout ce qui jusqu’à présent s’était avéré inaccessible, les grands éditeurs parisiens : un avocat et écrivain célèbre me les offrait tous sur un plateau.


Je ne sus pas exactement lui dire quel éditeur était davantage souhaitable. Je lui faisais confiance.


Nous avons fini par décider de choisir Fayard où officiait alors Olivier Betourné, comme directeur. J’envoyai mon manuscrit à ce dernier de la part de JDB. C’était un label parfait de réussite.


Le problème était que JDB était un homme très occupé et après avoir déjeuné avec lui, le contacter s’avéra impossible.


En tout cas la réponse de Fayard me vint quelque temps après, et assez rapidement : un refus.


J’eus une conversation téléphonique avec Olivier Betourné qui me déclara qu’il avait dans sa maison d’éditions un écrivain apparemment très connu qui écrivait sur le même thème.


J’essayai de contacter JDB. Je n’y parvins pas.


En désespoir de cause, je décidai de précipiter les choses car je croyais très fort en l’idée qui soutenait mon livre et je ne souhaitais pas me la faire dérober.


C’est à ce moment que je décidai de contacter Jacques Derrida que j’avais antérieurement rencontré et qui m’orienta lui-même vers les éditions Galilée qui éditèrent mon livre en 1994.


Ce ne fut qu’ultérieurement que Fayard publia le livre de Jacques Attali « Les Juifs, le monde et l’argent » dans lequel ce dernier s’arrangea pour reprendre ma propre thèse en en faisant un livre commercial.


J’entrepris un procès mais je n’obtins pas gain de cause. Les magistrats se montrèrent frileux En tout cas JDB ne me fut d’aucun secours.


Ma relation avec lui s’espaça.


Entre temps il était entré à l’Académie Française. Son complice Badinter avait lui-même fait carrière et était devenu ministre de la Justice sous Mitterrand. La fille de Bredin elle-même avait été nommée dans le gouvernement constitué par François Mitterrand.


Je gardai des relations avec JDB. Je le voyais de temps en temps.


Plus tard il publia un livre dans lequel il contait son enfance et révélait que son père était juif « Un enfant sage ».


Je trouvai que c’était un peu tard pour se déclarer. Cela n’était pas très courageux contrairement à l’avis de quelques académiciens dont Pierre Rosenberg que Bredin en tant qu’avocat avait « tiré d’affaires » lorsqu’il était Président du musée du Louvre.


En fait Bredin représentait ce que Simone de Beauvoir appela un jour « une morale de l’ambiguïté » : fils d’une mère richissime, père juif occulté ou perdu, autre père célèbre et puissant, lui-même brillant avocat et écrivain, de gauche par-dessus le marché.


Etant associé à Robert Badinter et à Jean-Louis Prat, il émargeait à une somme mensuelle très élevée et avait sa cantine au restaurant Le Récamier.


C’est d’une certaine manière tout ce qui me fascinait chez lui : le non-dit.


Ultérieurement encore, je décidai de me présenter à l’Académie française. C’était un peu fou dans la mesure où je ne connaissais très peu de monde dans ce milieu. Je comptais sur ma relation avec JDB qui apparemment m’aimait bien. Il encouragea ma candidature et j’entrepris les démarches nécessaires, notamment auprès de la Secrétaire perpétuelle, Madame Carrère d’Encausse.



Je reçus quelques encouragements, de la part notamment de Pierre Rosenberg, anciennement Président du Louvre. Le problème est que pour être élu il faut avoir un pouvoir derrière soi, l’Eglise ou autre franc maçonnerie. C’est ce que possédait  mon principal adversaire, Jean Luc Marion qui fut élu au fauteuil du Cardinal Lustiger auquel je m’étais moi-même porté candidat.

Ma candidature était folle. J’en avais conscience, mais d’une part l’Académie elle-même faisait appel à des candidatures. Il y avait crise de vocation. D’autre part j’avais publié beaucoup de poésie, et en la matière j’étais assez seul.


Quoi qu’il en soit là encore,  après m’avoir accueilli avec beaucoup de sympathie JDB me laissa seul. Il était sans doute très occupé. Je me sentis un peu délaissé.


Plus tard encore, à la veille d’une grave opération chirurgicale,  nous avons déjeuné à la Closerie des Lilas.


Jean Denis Bredin était un personnage très raffiné, tout en nuances.  Il était indulgent envers les hommes, mais savait tout de même les mettre à leur juste place. Par exemple en me parlant de Robert Badinter, il me confia que ce dernier souhaitait devenir président de la République.


En ce qui concerne mon procès contre Jacques Attali, il aurait dû en principe me défendre lui-même. C’est lui qui m’avait mis en relation avec les éditions Fayard. Je fus obligé de faire appel à un autre avocat.


JDB avait été vice-président d’un mouvement politique de gauche. Il était par ailleurs la part littéraire du cabinet Badinter/Prat. Badinter en était la part politique.


Je crois que Jean Denis Bredin était avant tout un écrivain. L’absence et Battements de cœur sont de très beaux livres, d’une écriture délicate et raffinée.


Beaucoup d’avocats se disent écrivains parce qu’ils ont publiés un ou deux livres sur l’Histoire ou sur le Droit. Jean Denis Bredin était un authentique écrivain, un écrivain de grande classe.


Edouard Valdman

dimanche 5 septembre 2021

A PROPOS D’UNE CONFERENCE DE MONSIEUR DARMANIN, MINISTRE DE L’INTERIEUR, AU CRIF LE 2 SEPTEMBRE DERNIER

Quand la conférence fut terminée, j’étais pratiquement endormi et je n’avais plus la force de réagir. Tel est le talent de Monsieur Darmanin, d’être capable à force de propos anodins de réduire son auditoire à néant.

Non pas qu’il soit d’ailleurs dépourvu de séduction. Bien au contraire. Il est aseptisé, tout en rondeur. Darmanin c’est du sirop, voilà le vrai mot lâché. Il est par ailleurs en retard d’une demi-heure. Il parait que cela est d’usage avec les hommes politiques. « Ils sont très occupés. »
 
Il rentre de Marseille ou il a rencontré son vieux complice Macron. La ville s’écroule. Les immeubles tombent en ruine. La drogue est partout. Les règlements de comptes sont quotidiens.
 
On accorde telle somme d’argent aux policiers, telle autre aux mal-logés, telle autre encore aux écoles. Tout va ainsi pour le mieux dans le meilleur des mondes possible. On se demande seulement d’où vient l’argent.
 
Pas un mot sur la gestion de Monsieur Gaudin, ou de Monsieur Muselier, qui ont laissé la gangrène se répandre pendant des années.
 
La Paca sort blanchie de ce tour d’horizon ou on dépense à tort et à travers des fortunes que l’on ne possède pas.
 
Quant à l’Afghanistan, rien à craindre des talibans. Ils se sont acheté une conduite. Pas un attentat qui vienne d’eux. On se demande alors pourquoi on a pu leur faire la guerre pendant 20 ans aux côtés des américains et des allemands.
 
Quant aux réfugiés afghans, il y en a 3000 en Allemagne et un nombre beaucoup plus réduit en France.
 
Le terrorisme ! Il y en a encore pour plusieurs générations, mais il ne faut pas s’affoler, on pourvoit à tout.
 
En fait, Monsieur Darmanin est brillant, impeccable. Il est parfaitement détendu. Il pourrait parler ainsi pendant des heures. Il adore « baratiner ».
 
Le problème est qu’il n’est pas du tout convaincant. Pas un mot par exemple, sur cet intellectuel juif, si souvent présent au Crif, et qui a fait de l’Afghanistan son fonds de commerce. D’ailleurs ce n’est pas vraiment un homme, il est un sigle BHL.
 
Il a disparu. Pas un mot à son propos depuis que l’affaire afghane a éclatée en plein été, depuis que les américains ont quitté Kaboul. Aurait-il été menacé ?
 
Monsieur Darmanin devrait être au courant.
 
J’ai oublié de le lui demander. Il m’avait endormi.
 
Quant au Ministre de la justice, il fait profil bas depuis ses différents échecs électoraux et depuis que les magistrats ont décidé de perquisitionner ses locaux.
 
Cet incident inédit et considérable ne semble pas affecter outre mesure Monsieur Darmanin. Le nombre des magistrats a été augmenté et c’est ce qui lui parait le plus important.
 
Pas un mot sur l’affaire Halimi et les différents attentats contre les juifs.
 
D’ailleurs celui qui a commis ce dernier attentat est considéré comme dément, après qu’il se fut drogué. On ne peut donc rien contre lui. Certes il sera peut-être rejugé, mais ce n’est pas certain.
 
En un mot, cette conférence était dépourvue de tout intérêt. Elle enfonce le spectateur dans le doute, elle en fait un objet de dérision.
 
Edouard Valdman

jeudi 22 juillet 2021

PUBLICATION NOUVEL ESSAI "LE DRAME FRANÇAIS"

Edouard VALDMAN
a le plaisir de vous annoncer la publication au mois de septembre 2021
de son nouvel essai
Le drame français
aux éditions Les Impliqués

samedi 26 juin 2021

A PROPOS DU DECES DE GERARD FROMANGER, ARTISTE PEINTRE

Dans la mouvance du mouvement de Mai, et compte tenu de mon intérêt passionné pour l'art, j'allai à la rencontre d'artistes peintres qui remettaient en cause leur pratique au sein de notre société marchande. Ils se réunissaient chez l'un d'entre eux, Rédélé, 7 rue Mazarine, mi-intellectuel mi-artiste, en tout cas totalement disponible, et qui mettait ses locaux à la disposition du FAP.

C'est chez lui que je fis la connaissance de Le Parc, Ipousteguy, Cane, Fromanger, Buren, artistes qui avaient déjà une carrière, mais adhéraient à cette contestation. Certains avaient une position très radicale, refusant même les expositions dans des grandes galeries, pour ne pas pactiser avec le capitalisme.

Une table ronde avait eu lieu sur ces sujets, à l'Art Vivant, journal que dirigeait Jean Clair. J'y participai comme représentant de ces artistes, dont j'étais devenu par ailleurs l'avocat.

Les prises de positions étaient contradictoires, souvent confuses, mais elles avaient le mérite de poser le problème de la place de l'artiste dans notre société.

Sartre venait à ces réunions et parlait de sa voix monocorde, contre le pouvoir capitaliste. Celui-ci allait trouver son expression la plus aboutie, aux yeux des artistes du FAP, dans ce que l'on allait appeler 1'« Expo Pompidou ».

Le Président, en effet, projetait pour l'année 1972, une grande exposition d'art contemporain, « 12 Ans d'Art en France ». Les artistes du Front des Arts Plastiques y virent immédiatement et y dénoncèrent la vitrine de la bourgeoisie. À ce titre, beaucoup refusèrent d'y participer, tels Le Parc, Ipoustoguy, Fromanger, Cane, Siné.

Le vernissage de l'exposition, au Grand Palais, donna lieu à une manifestation culturelle tout à fait étonnante. Les artistes invités, mais qui n'étaient pas en accord, décrochèrent leurs toiles, sous le regard du public et des CRS interloqués.

Deleuze était le penseur du FAP.

Un grand procès contre l'État français en fut le prolongement et la conclusion. Je me constituai dans l'intérêt de quatre-vingts artistes plasticiens, peintres et sculpteurs, qui avaient été invités à l'exposition, avaient refusé d'y participer, et dont les œuvres cependant figuraient dans le catalogue.

Notre thèse soutenait que la représentation photographique de leurs œuvres dans celui-ci équivalait à leur présence dans l'exposition. Nous nous heurtâmes à l'Administration, qui au-delà des principes de la démocratie, issus de la Révolution, demeure héritière de Louis XIV et de Napoléon. Nous fûmes déboutés. Ainsi l'État français inclua-t-il dans cette exposition, sans leur demander leur avis, ces artistes.

Il fut certes facile de rétorquer à ceux-ci, que tout artiste eût été honoré de figurer dans cette grande vitrine de l'art d'avant-garde, et qu'ils cherchaient sans doute, à travers leurs prises de positions radicales, et leur refus, de se faire autrement de la publicité.

Fromanger, le plus politique de ces artistes et le plus adroit, qui, avec Deleuze, avait été l'âme de cette révolution culturelle, avait antérieurement exposé à la Galerie Maeght. Il exposait à présent chez Jeanne Bucher, une galerie importante de la rue de Seine, avec un catalogue préfacé par Michel Foucault. De retour de Chine, il montrait des peintures représentant des scènes de la vie chinoise.

C'était le temps et la mode des « Maos ».

Louis Cane, de son côté, un autre des penseurs du monde des arts plastiques, le créateur avec Marc Devade du Mouvement Support-Surface, qui élaborait une théorie « matérialiste » de la peinture, participait lui-même aux Cahiers Théoriques de Tel Quel, et exposait également.

Ce qu'on appelait la « Figuration Narrative » était une prise en compte de la société, son reflet. Fromanger, Monory, Rancillac, photographiaient les objets « froidement », et, sur ces photos, qui étaient censées reproduire la réalité dans ce qu'elle avait de plus dur et de plus aliénant, ils posaient simplement des couleurs. Leur démarche était très proche de l'hyperréalisme, mouvement américain. Leurs ambitions étaient matérialistes, réalistes et politiques.

La Gauche eût pu percevoir le souffle du mouvement de Mai, se laisser féconder par sa flamme, revenir à ses sources prophétiques. Elle n'en recueillit que sa dimension petite-bourgeoise.

Mai 68 avait été un mouvement proprement « rimbaldien », poétique, de fusion entre toutes les classes sociales, un grand acte d'amour, replaçant au centre de la société le désir et la beauté. Nécessairement, la Loi devait ultérieurement reprendre ses droits.

La signification de Mai se pose comme Mystère. J'y vis en tout cas le retour du Saint, au-delà du capitalisme et du marxisme.

La gauche en donna une version sans lyrisme authentique, sans âme, dénuée de grandeur. Maurice Clavel avait bien discerné cela, qui se disait un « gaulliste métaphysique ». Je partageais ses vues.

Edouard VALDMAN

mardi 4 mai 2021

EMISSION DE RADIO

Edouard Valdman 

a le plaisir de vous informer qu'il interviendra sur

Radio Notre Dame,

le jeudi 6 mai à 7 heures,

à l'invitation de Louis Daufresne sur le thème suivant :

Napoléon, le pouvoir et la mort".

NAPOLEON : LE POUVOIR ET LA MORT

A l’occasion de la commémoration du bicentenaire de la mort de l’empereur Napoléon, beaucoup de livres sont édités et de nombreux commentaires publiés.

Etrangement et pour la première fois sans doute, les auteurs insistent sur une part très sombre de sa carrière, ce moment où en Egypte il a fait sacrifier à l’arme blanche trois mille prisonniers turcs à qui préalablement il avait promis la vie sauve au cas où ils se rendraient.

Les généraux qui l’entouraient en étaient eux-mêmes écœurés.

En vain Bonaparte avait tenté de prendre Saint-Jean d’Acre. Le mamelouk qui s’était retiré dans cette place forte avait la réputation d’être d’une indicible cruauté. Il était soutenu par les anglais.

La prise de cette ville était pour lui un enjeu majeur. Or il avait été obligé de renoncer.

On s’est étonné de cette cruauté et de ce mensonge. On dirait que les différents historiens qui avaient écrit sur Napoléon jusqu’à ce jour avaient désiré passer sous silence cet incident. Il constituait une tâche.

C’est dans un ouvrage de l’historien Benoit Mechin que j’en ai entendu parler pour la première fois.


En fait, il s’agit d’un moment essentiel dans son itinéraire.

Jusqu’à présent il était un général audacieux, brillant. C’était un vainqueur. Il avait fait preuve de son génie en Italie, au 13 Vendémiaire.

Il avait vaincu la mort à plusieurs reprises en particulier au pont d’Arcole, à l’occasion de la prise de Toulon où il faisait partie de la « batterie des hommes sans peur ».

Comme il le disait lui-même « N’oubliez pas que le Dieu de la guerre m’accompagne ».

La campagne d’Egypte aujourd’hui constituait une entreprise d’une audace folle.

Ici, il franchit une nouvelle étape dans sa relation à la mort. Il viole les lois les plus sacrées de l’humanité. Il tue sans nécessité absolue trois mille hommes sans défense.

Il se situe désormais au-delà de toute Loi, au-delà de toute morale. C’est la transgression absolue. A ce moment-là Napoléon n’est plus un homme. Il se place du côté des Dieux.

C’est un acte que Nietzsche aurait parfaitement honoré, lui pour qui Napoléon est le héros absolu, l’homme de la tragédie antique, l’anti prophète juif.

Plus tard Napoléon dira en parlant de l’Egypte « C’est là que j’ai conçu la haute ambition ». Il dira aussi « Qu’est-ce que cent mille hommes, pour un homme comme moi ? ».

Ici, Napoléon celle son destin. Désormais il est à l’égal de César, celui qui a franchi le Rubicon de l’être.

Il n’obéit plus à la loi des hommes. Il s’est placé au-delà du bien et du mal.

Kléber, qui le voit après ces événements et qui les avait condamnés, après avoir assisté à de nouvelles victoires, s’était exclamé « Général, vous êtes grand comme le monde ! ».

Desaix lui-même avait été définitivement conquis.

La confirmation de son désir du pouvoir absolu lui est venue en Egypte. C’est après celle-ci qu’il accomplit son coup d’état, après qu’il eut abandonné son armée. En principe, le Directoire aurait dû le faire fusiller.

C’est ici que le monde anglo-saxon se sépare de nous. Il conserve sa relation à la divinité et à la royauté. Il les intègre.


C’est ce monde qui vainc Napoléon et qui plus tard vaincra Hitler.


Au-delà du Concordat, Napoléon a fondé le règne de l’Homme, celui des Lumières, de la Raison. IL a tué Dieu.


C’est pourquoi regretter que Napoléon soit ensuite allé en Russie est utopique. Il ne pouvait plus tolérer aucun obstacle. Désormais il ne pouvait vivre que dans le défi, et la transgression.

Son véritable interlocuteur n’était pas le tsar Alexandre, c’était le destin.

Quiconque veut s’affronter au pouvoir doit faire référence à cet itinéraire. Le pouvoir, c’est la mort.

Il y a ceux qui sont capables de la donner et il y a les autres. Ce sont peut-être des ambitieux, mais ils ne sont pas des conquérants. Les conquérants sont ceux-là seuls qui ont signé ce pacte.

En matière de création artistique, il en va de même.

Il y a les artistes qui mettent leur vie en cause, qui la risquent. Et puis il y a les autres qui jouent avec le langage.

Une œuvre ne vaut que dans la mesure où l’auteur a affronté la mort. Ce n’est qu’ensuite qu’il pourra avoir une relation privilégiée avec la beauté.

La différence dans sa relation à la mort avec celle du conquérant, c’est que l’artiste travaille sur sa propre blessure. Il se brûle lui-même.

Le conquérant ne met pas en cause sa vie. Il ne l’affronte pas directement. Il utilise les autres, ses soldats.

Telle est la différence essentielle.

Telle est la fascination de l’un et la grandeur de l’autre.

Edouard Valdman
Ancien élève de l’Institut Politique de  Paris
Ancien Secrétaire de la Conférence du  Stage
du Barreau de Paris

samedi 6 mars 2021

A PROPOS DU SECRET PROFESSIONNEL

Ce qui est frappant et significatif, c’est qu’à l’occasion de la pandémie qui nous assaille depuis un an, pas un mot n’ait été prononcé quant à la religion et à la sacralité, par quelque autorité que ce soit. L’actuel gouvernement a certes privilégié pour les dernières fêtes de Noël les églises par rapport aux établissements culturels, ce qui était à mon sens extrêmement adroit et sans doute courageux. Cependant pas un seul mot de sa part ou de qui que ce soit d’autre, à propos du recours à Dieu qui a toujours été l’élément déterminant à l’occasion des pestes et autres catastrophes sanitaires.

Il en va de même aujourd’hui dans un autre ordre, celui du secret professionnel entre l’avocat et son client.

On feint de croire que ce secret se maintient seul dans le ciel, par la grâce de la Constitution ou autres arguties juridiques, ce qui montre à quel point la France est spirituellement appauvrie ou davantage en perte de repères.

Si l’on souhaite que le secret professionnel soit respecté, il faut que son fondement soit nommé, qu’il soit précisé.

Comment le pourrait-on s’il n’y a pas de base spirituelle à sa défense, s’il n’existe pas un interdit qui en fasse un absolu, qui contraigne et qui fonde.

Si le secret entre l’avocat et son client doit être sauvegardé, si les écoutes téléphoniques doivent être interdites, si le principe de la confession entre le prêtre et son ouaille peut être conservé, entre le médecin et son patient de la même manière, c’est parce qu’au centre de l’être humain il est un mystère, un manque.

Aujourd’hui personne n’ose évoquer cette dimension.

Lorsque Emmanuel Macron assiste aux obsèques de Johnny Halliday, il se garde bien de franchir le seuil de l’église de la Madeleine. Il précise par là-même qu’il est un laïque et qu’il ne connaît pas de principes religieux. Il reste en deçà de la barrière du sacré.

S’il n’y a pas de sacralité, sur quelle base fonder le secret entre l’avocat et son
client ?

Comme le dit si bien Karamazov « Si Dieu n’existe pas, tout est permis ! ».

On a bien compris que c’est le fondement même de notre société et de notre civilisation qui est en cause à travers le problème du secret.

Ce principe apparaît aujourd’hui largement transgressé mais en fait, on peut se demander comment il a pu perdurer dans une société qui a depuis longtemps perdu tout contact avec le Sacré.

On peut comparer ce secret au principe de l‘abolition de la peine de mort. Comme le disaient très justement Albert Camus et Arthur Koestler « Comment maintenir le principe de la peine de mort dans une société qui a perdu le sens du Sacré ? ».

Celle-ci ne représente plus rien, dans un monde sans Dieu.

Le gouvernement qui a introduit récemment dans le jeu de la justice l’institution du Parquet Financier et ses rites est un gouvernement socialiste, laïc dont le seul but était de se créer un outil pour abattre ses adversaires, de préférence de droite. Aujourd’hui au moment où les avocats tentent d’élaborer une défense contre la violation du secret professionnel à l’occasion des écoutes téléphoniques dans l'affaire Sarkozy, ils se découvrent sans moyens.

Ils ne savent pas sur quelle base l’établir.

Ils sont donc condamnés à s’inventer de petits artifices, la mise en cause de tel ou tel magistrat, le caractère excessif et partisan d’un certain type de condamnation. On voit bien comment aujourd’hui les poursuites contre Nicolas Sarkozy bafouent le secret professionnel à travers la violation des écoutes téléphoniques.

Qui aura le courage de s’affronter au Parquet Financier alors que celui-ci peut attribuer à son adversaire quelque forfaiture que ce soit. L’actuel ministre de la justice d’ailleurs, qui avait été l’objet lui-même d’écoutes, et qui avait déposé plainte, a renoncé à celle-ci dès qu’il a été promu Garde des Sceaux.

Le vrai problème c’est la béance, ce vide de la foi qui fait qu’on ne sait plus, faute de Dieu, fonder l’Homme.

L’espoir ne viendra pas d’une quelconque réforme de la loi sur le secret professionnel, l’instrument entre les mains du pouvoir politique étant trop puissant. Il ne viendra pas non plus de la résurgence de la dimension spirituelle à travers l’évolution de la configuration politique française, et de la montée en puissance des archipels identitaires susceptibles d’introduire un peu de foi dans des structures essentiellement basées sur la raison.

L’espoir viendra sans doute de l’Europe. Comme en matière de détention et de  violation des droits de l’homme, la France est régulièrement condamnée par la Commission européenne.

L’appel à cette Commission pourra être un recours contre la violation du secret professionnel entre l'avocat et son client par les juges français.

N’oublions pas que la loi anglo-saxonne qui inspire aux cotés de la loi française la législation européenne, est avec l’Habeas Corpus imprégnée de religiosité. C’est elle qui a inventé et fondé la démocratie.

Elle viendra suppléer aux insuffisances de la France jacobine, inquisitoriale, et qui fait fi comme nous venons de le voir des droits de l’homme.

Contrairement à ce qui a été dit par nombre d’avocats présents au procès Sarkozy, il s’agit avant tout d’un procès politique.

On aura compris qu’il s’agit d’abord de retrouver l’essence de la justice, le principe même de sa sacralité. Celle-ci ne peut reposer sur des bases purement matérialistes. Seule la transcendance peut les justifier.


Edouard Valdman
ancien Secrétaire de la Conférence du Stage
du Barreau de Paris


samedi 9 janvier 2021

A propos d'un présumé inceste : l'affaire Duhamel

J'ai connu Jacques Duhamel, le père d'Olivier dans les années 60, dans le Jura. Mes parents étaient propriétaires d'un hôtel "le Grand Hôtel de Genève" à Dôle. Comme son nom le laisse deviner, il se situait sur la route Paris-Genève qui à l'époque était un axe important.

Jacques Duhamel était à ce moment directeur du Commerce Extérieur. Il avait été préalablement au cabinet d'Edgar Faure, aux côtés de VGE. Il cherchait à se faire élire dans la région. C'est ce qui expliquait sa présence à Dôle aux côtés du même Edgar.

A l'époque, ils étaient dans l'opposition à de Gaulle et prévenaient d'ailleurs le bon peuple "de ce que cela allait vous couter". "Cela", c'était les voyages du général de Gaulle en Amérique latine.

Jacque Duhamel logeait dans l’hôtel de mes parents et ce, de manière démagogique. En effet, il y avait à Dôle un hôtel qui possédait un standing bien supérieur au leur. C'est dans cet Hôtel Chandioux, sur la grande place que Jacques Duhamel et Edgar Faure auraient du résider. Ils avaient préféré à travers le choix de l’Hôtel de Genève, montrer au peuple qu'ils avaient des véléités davantage démocratiques.

En tous cas, je sympathisai beaucoup avec Jacques Duhamel. J'étais alors étudiant et je me proposai d'intégrer Sciences Politiques quand je monterais à Paris.

Il m'y accueillit très amicalement dans son bureau de l'avenue Raymond Poincaré. J'y remarquai d'ailleurs un immense tableau de Bernard Buffet. Jacques Duhamel était un esthète.

J'ai assisté à plusieurs meetings électoraux auxquels il avait participé aux côtés d'Edgar Faure dans la grande salle des fêtes de Dôle.

J'avais été impressionné par le caractère brillant de leur performance.

J'ai gardé le contact avec Jacques Duhamel jusqu'à sa fin tragique. Il habitait alors, comme François Mitterrand, rue de Bièvre, non loin du professeur Funk-Brentano, son beau frère.

J'ai assisté à son discours à l'Assemblée Nationale quand il est devenu Ministre de l'agriculture.

C'était un homme à la fois brillant et généreux, destiné aux plus hautes fonctions. Il avait été nommé Ministre de la culture par Georges Pompidou. La maladie foudroyante est venue interrompre sa course.

A la même époque j'ai rencontré Evelyne Pisier à Nice en même temps que sa soeur Marie France au moment même ou cette dernière était engagée par François Truffaut pour "Les 400 coups".

J'ai conservé des rapports amicaux avec Evelyne, après sa montée à Paris et son départ pour Cuba avec une bande de nos amis, Jean-Pierre Osenda, Una Liutkus... Ils appartenaient de près ou de loin à la jeunesse communiste comme d'ailleurs tous ceux qui étaient de ce voyage.  Bernard Kouchner en était l'organisateur.

A cette occasion Evelyne avait rencontré Fidel Castro avec lequel elle avait eu une aventure et elle écrivit un livre à ce sujet "Soudain la liberté".

Retour de Cuba, Evelyne avait épousé Bernard Kouchner, avait eu plusieurs enfants, puis était devenue directrice du Livre au Ministère de la culture, sous Jack Lang.

Ultérieurement elle avait épousé Olivier Duhamel, après avoir divorcé de Bernard Kouchner. Marie-France de son coté avait épousé un membre de la famille Funk-Brentano.

En tous cas, tous ces personnages étaient de gauche et devaient avoir une action importante dans la génération Mitterrand.

Ce qui était étonnant, c'est qu'Olivier Duhamel qui apparaissait sur de nombreux écrans de télévision à l'occasion d'émissions politiques, et qui était devenu par ailleurs un des patrons de Sciences Po n'avait jamais réussi à devenir ministre comme l'avait été son père ou Bernard Kouchner. J'avais l'impression qu'il était frustré. Son image n'était pas sympathique. Elle manquait d'ouverture.

Plus tard Evelyne est décédée et j'ai entendu parler d'Olivier à plusieurs reprises par mes amis Osenda et Liutkus, ceux-même qui avaient accompagné Evelyne à Cuba.

Son livre dailleurs n'avait pas connu un grand succès malgré une critique élogieuse d'Elizabeth Badinter, qui évoquait pourtant "le livre d'une génération".

Il est vrai que cette aventure cubaine avec Castro ne devait pas nécessairement enchanter ni  Kouchner ni Olivier Duhamel.

Récemment, en mars 2019, j'ai rencontré Olivier Duhamel à l'occasion de la Journée du Livre Politique organisée par Luce Perrot à l'Assemblée Nationale. Il venait dédicacer son dernier livre "Jacques et Colette" qui relatait la carrière de son père en même temps que sa rencontre avec Colette Gallimard.

J'ai retrouvé dans ce livre de très lointains souvenirs du temps de Dôle.

J'ai eu envie de prendre contact avec Olivier Duhamel. Je me présentai à lui et lui fit part de mon désir de le rencontrer. Il m'apparut assez froid. Il m'offrit de lui écrire à Sciences Po. Je n'ai jamais eu de réponse.

Lorsque j'ai appris récemment les différentes péripéties de ce que l'on appelle désormais l'Affaire Duhamel, je ne fus pas étonné. Non que je connusse le moindre détail sur sa vie personnelle, sa vie intime, mais je pensais que la passion du pouvoir qui était inscrite sur son visage, n'avait pas été satisfaite.

Cette affaire, tout à coup le mettait en pleine lumière. Sa photo d'ailleurs, occuppait une page entière du Figaro. Loin de moi l'idée qu'il aie commis "ces actes" dans le but de faire la une de l'actualité, mais à mon sens, c'est son inconscient qui avait agi.

Faute d'avoir été capable de suivre les difficiles méandres d'une ascension politique, il avait empreinté d'autres sentiers davantage scabreux.

En tous cas, il était célèbre, et c'est cela sans doute qu'il avait désiré. Le livre qui avait créé le scandale, celui de sa belle-fille avait peu d'importance.

Ce qui était important, c'est qu'il était, "aux nues, aux news".

Edouard Valdman - ancien élève de l'Institut d'Etudes Politiques de Paris