Le peuple ou l’opinion ont besoin de cette symbolique. Elle
est leur signe de reconnaissance. Penser que celle-ci puisse s’abolir au profit
d’une quelconque féminitude est utopique. Par ailleurs, Donald Trump représente
parfaitement le Père dans toute sa splendeur. La Trump tower achève le symbole
sexuel.
Les femmes comme les hommes ont finalement cédé à cette
symbolique plus qu’aux sirènes d’Hillary, d’autant plus que celle-ci a commis
des erreurs graves, en particulier celle de promener comme un petit chien son
mari à la mine pitoyable. Cet homme qui a été Président des Etats-Unis pendant
huit années se tient à ses côtés, repenti de ses frasques, l’air fatigué, hors
d’usage. La femme victorieuse de l’homme, qu’elle a terrassé : très peu
pour les Américains.
Par ailleurs, Hillary a été Première Dame, Sénateur de New
York. Cela fait beaucoup pour une ambition normale. C’était un peu trop sans
doute. Ses dents avaient l’air trop aiguisées.
Cependant, il me semble que le plus important n’est pas là.
Ce qui se joue est une guerre plus subtile et plus meurtrière : la prise
de pouvoir par les femmes. Il s’agirait selon certains d’un progrès, vers une plus
grande égalité.
On assiste en fait dans le cadre du système démocratique à
une dissolution des valeurs dont les femmes sont l’un des symboles. En effet,
la loi mosaïque donnée par un homme, lui-même agi par Dieu, est attaquée de
toutes parts, par le principe féminin dont le plaisir est le signe. Les
Etats-Unis sont frappés en plein cœur en tant que représentants d’une ancienne
civilisation dite patriarcale.
On patauge désormais dans l’indifférenciation, dans le Genre.
On se marie entre femmes, ou entre hommes. Les minorités rongent le pouvoir
WASP. On subventionne la Gay Pride. Les intellectuels comme d’habitude s’en
donnent à cœur joie, en prônant les marges, la Déconstruction. Il s’agit d’une
mode certes, mais qui s’attaque aux fondements même de la société par homosexuels
interposés (Michel Foucault), sous le bénéfice d’une sacralité archaïque
(Khomenie). L’Occident est moqué au profit d’une globalisation qui tend à créer
une civilisation mondiale dont les multinationales seraient les égéries.
Pour que la consommation devienne la maîtresse du monde, il
faut dissoudre les cultures, les identités. Hillary, alliée aux Démocrates et
aux minorités qui ont une immense revanche à prendre, bien au-delà de la
victoire d’Obama, se proposait d’aller dans ce sens : celui d’une
globalisation, sous le signe des bons sentiments.
Si Vladimir Poutine à laquelle elle s’est attaquée, est si
populaire dans le monde, c’est parce qu’il est également lui-même un symbole de
la Loi. Il reconstruit un Empire, qui fait partie de l’Occident, sur des bases
orthodoxes donc chrétiennes.
Avoir tenté de faire des femmes les alliées nécessaires
d’Hillary était prématuré. Beaucoup ont dû voter pour le mâle, le Père, le Président
dont elles ont besoin pour se positionner, à partir de leurs propres structures
familiales, pour s’identifier.
Trump n’a pas d’expérience. Sa présidence montrera s’il aura
été capable d’y suppléer par le génie politique. En tout cas dès le premier
jour on attaque son « racisme » avant même qu’il n’ait édicté une
seule loi. Cependant, ce qui aura bénéficié à la société et au-delà, à la
civilisation, c’est qu’il a replacé à sa juste place, la question du Père.
Détail essentiel : dès son accession au pouvoir, il a
évoqué le transfert de l’Ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem,
qu’il nomme indivisible et éternelle. Ce principe est la base même de la civilisation
occidentale, en ce qu’il est le fondement du judéo-christianisme.
Il est inexact de penser que la présidence d’Hillary aurait
apporté la paix. C’est le contraire qui était prévisible. Si elle avait été
élue, elle aurait immédiatement engagé le bras de fer contre Poutine.
Par ailleurs, la femme sans doute, est plus guerrière que
l’homme, en raison précisément de la puissance de son affect. Elle ne se
détermine pas en fonction de la seule Loi mais aussi de ses sentiments et de sa
sensibilité, ce qui est dangereux.
Il est certain que si Hillary avait triomphé, cela aurait
été un signal très fort qui aurait été envoyé au monde : celui du triomphe
de la femme.
Il ne s’agit pas que l’un prenne le pouvoir sur l’autre.
L’homme et la femme ne sont pas égaux. Ils sont différents et complémentaires.
L’un et l’autre ne peuvent se réaliser que dans le cadre d’une alliance. C’est ce
que dit la Bible. Cette alliance elle-même ne peut se conclure qu’à l’intérieur
d’une civilisation qui pose comme base le règne de la Loi. Elle n’asservit pas
les protagonistes. Elle les libère. La Loi du Père, c’est la Loi de Dieu et
Dieu est au-delà de la femme et de l’homme. Il Est, tout simplement.
La démocratie est femme. Elle est changeante, sensible comme
l’opinion, offerte à la séduction. Elle est tombée dans les bras de Napoléon mais
aussi dans ceux d’Hitler et de Staline. Il faut lui accorder des contrepoids,
et le seul valable est un principe civilisationnel puissant, la Loi. Seule elle
amarre véritablement la civilisation à elle-même. C’est pourquoi aux côtés du
système démocratique, il faut poser une religion puissante, comme aux
Etats-Unis, telle la religion protestante, associée aux Lumières.
C’est ce qui fait défaut à la France, qui en 1789, a éradiqué
ses propres racines spirituelles, qui s’est castrée.
Cependant il est dans la démocratie un vice essentiel. C’est
l’étudiant qui signifie au professeur ce qu’il souhaite étudier. Il choisit ses
cours. D’une certaine manière, l’éditeur fait de même : il publie ce qu’il
pense pouvoir intéresser le grand public. Pour les élections, il en va de même.
On dit au peuple ce qu’il désire entendre. Les principes que l’on édicte ne
viennent pas d’en haut, mais de la base. La masse de plus en plus vaste dicte
sa loi au marché.
La désacralisation du livre est ce qui est le plus visible
et le plus dangereux dans le monde actuel. Celui-ci devient un produit comme un
autre, alors qu’il avait un rapport avant tout à la sacralité, dans le
prolongement de la Bible, de l’Evangile, du Coran ou de l’Odyssée. Dans notre
société, un bon livre est un livre qui se vend, ce qui met à peu près à mal
tout ce que compte notre littérature.
L’acte de création est un acte totalement gratuit et c’est
ce qui le rend absolument révolutionnaire.
Ces principes démocratiques entrent en conflit avec un autre
principe transcendant celui-là : le principe religieux. Si bien que nous
nous situons dans une contradiction flagrante entre les principes
démocratiques, venus de la Grèce et les principes judéo-chrétiens. Cependant
c’est cette contradiction qui nous anime, nous fait vivre. Elle nous vivifie.
La vraie crise de la civilisation, réside dans l’abandon par
les hommes de la Loi du Père, et la plupart du temps, sous l’influence de
penseurs juifs. Marx, Freud, Derrida, étaient tous Juifs, qui dans le contexte
de la société de leurs temps, ne pouvaient assumer leur identité et en
conséquence, imaginaient des mondes dont le moteur était un égalitarisme
pervers, que ce soient le matérialisme historique, la psychanalyse ou la
déconstruction. Ces univers sont tous fondés sur la destruction du Père, à
savoir le Dieu juif.
Les révolutionnaires de 1789 l’avaient déjà réalisé mais
sans le nommer idéologiquement.
Lorsque cette Loi du Père n’est pas respectée, se produisent
des déviances qui peuvent engendrer le pire. C’est ce qui s’est passé avec le
phénomène hitlérien. L’espace tragique européen, issu de la Grèce, était attaqué
de plein fouet par le marxisme, lui-même une perversion de la Loi juive.
C’est la civilisation judéo-chrétienne qui est mise en cause
par les héritiers de ces inventeurs. C’est pourquoi la tâche aujourd’hui,
au-delà de ces penseurs, est de reconstruire du Père, du sens, de la
symbolique. Ce que nous cherchons, au plus profond de notre inconscient, c’est
de retrouver une identité qui nous permette d’exister. Cette identité, c’est la
rencontre entre l’un et l’autre, ouverte sur l’infini.
C’est pourquoi on ne peut comprendre le combat acharné des
femmes aujourd’hui, sans le situer dans la perspective d’une reconstruction
globale de la société. Celles-ci ne s’insurgent que parce que les hommes, en
particulier depuis la Révolution française, ont perdu le lien avec Dieu. C’est
d’abord ce lien qu’il s’agit de recréer, et en ce sens, Jérusalem est sans
doute un symbole essentiel. Il est la résurrection au sein du monde occidental
de la question du Père, après « les extrémismes de notre temps », à
savoir le nazisme et le stalinisme, surgis tous deux dans un monde sans Dieu,
dont Nietzsche a été le prophète. La vraie prophétie est ici : le Retour,
symbole de notre unité.
C’est la raison pour laquelle je ne vois pas le monde arabe
comme un ennemi. Il faut au contraire l’aider à se reconstruire, en accord avec
une civilisation judéo-chrétienne, elle-même retrouvée. L’Islam est une
religion du Livre, et nous devons la respecter en tant que telle. L’agression
en Irak ou en Syrie, sont des forfaitures. Depuis la fin de l’Empire Ottoman,
notre présence au Moyen-Orient est porteuse de malheurs.
Bush était le représentant d’une Amérique seulement
intéressée par le pétrole. Si elle souhaite demeurer grande comme le prétend
Donald Trump, elle doit revenir à ses sources religieuses et assumer le fait
d’être le pilote d’une civilisation dont Jérusalem serait la capitale
spirituelle.
C’est cette civilisation qui appellerait les Musulmans à
s’unir à elle pour une nouvelle rencontre historique. El Aqsa, l’Eglise de la
Résurrection, le Mur des Lamentations, seraient le symbole d’une grande
civilisation, à condition que l’Islam accepte la présence définitive d’Israël
sur son sol et l’unité indivisible de Jérusalem. Telle est la tâche de Donald
Trump. Telle pourrait être le nouveau rêve américain.
Le grand problème, c’est la France, dont les racines
spirituelles ont été arrachées au moment de la Révolution. Elle ne pourra
continuer à exister que dans le cadre d’une Europe elle-même restructurée
autour de ses anciennes valeurs et parvenue à faire son unité autour de celles-ci.
La laïcité française devient chaque jour plus contraignante
et tend elle-même à devenir un totalitarisme…
C’est pourquoi il est important que Donald Trump réaffirme
avec clarté cette loi, sans peut-être en être intellectuellement conscient.
Edouard Valdman
Dernier livre paru : Demain l’Occident.