J’avais écrit au moment où les
caricatures du prophète Mahomet avaient été publiées par Charlie Hebdo un article à ce propos, qui a été publié dans le
journal France Amérique.
J’énonçais qu’à mon sens il
fallait respecter toute autre croyance. Nous n’apprécierions pas, sans doute,
même si nous sommes indifférents, que soient moqués les symboles de notre
civilisation, que ce soit le visage du Christ, celui de la Vierge Marie, de
Moïse ou simplement celui de l’un de nos héros.
La démarche qui consiste à
caricaturer le visage du prophète Mahomet n’est pas louable. Le blasphème ne
peut constituer un droit. Il existe au contraire un devoir de respect envers
toutes les croyances, ce qui ne doit pas empêcher de les critiquer dans leur fondement,
d’une manière historique et scientifique.
Récemment, deux jeunes femmes,
les femen, se sont introduites dans l’Eglise Notre-Dame à Paris, les seins nus.
Aucune condamnation n’est intervenue.
La pente qui conduit de la
caricature au mépris de l’autre est dangereuse. La désacralisation de la
société a conduit au siècle précédent aux extrêmes les plus terrifiants.
On a tort de mettre sur le même
plan les attentats qui viennent d’advenir en France et ceux qui se sont
déroulés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001.
Certes ils se ressemblent dans
leur violence et leur mépris de la vie humaine. Le châtiment qu’ils prétendent
infliger est à l’évidence sans commune mesure avec les faits qu’ils invoquent.
Cependant les pays où ils ont
lieu sont différents : d’une part les Etats-Unis qui sont un pays
religieux, protestant « In God we trust » « God bless
America », d’autre part, la France une république laïque.
Cette nuance est d’un grand
intérêt. Face à la menace islamiste, celle d’un système religieux poussé à ses
extrêmes, les Etats-Unis sont en mesure d’opposer une autre foi, une autre
religiosité.
La France n’en n’a pas les moyens.
La République, la laïcité, les Droits de l’Homme issus eux-mêmes de la
Révolution française ne sont pas à la mesure du défi.
Ils n’ont pu jadis empêcher ni
l’affaire Dreyfus, ni Vichy. Ils ne pourront faire face au nouvel extrémisme.
La laïcité est un concept négatif. Elle est un déni. Elle ne prend pas en
compte l’homme dans son identité pleine et entière. Elle constitue un déficit
symbolique.
Seule une « laïcité
positive » pourrait faire face, qui au-delà du « Parricide » devrait
permettre aux différentes spiritualités qui gisent au plus profond de l’âme de
la France, de renaitre : le catholicisme, le protestantisme, le judaïsme.
Le choix du gouvernement actuel
va à l’encontre de tout cela. Il s’efforce d’éroder la spiritualité au profit
de très dangereux erzatz qui conduisent à une indifférenciation et renforcent
encore le déni, tels le mariage pour tous, le mépris de la famille, etc…
Seuls des symboles sacrés sont
aujourd’hui nécessaires à côté des Lumières : notre foi millénaire, nos
traditions.
C’est pourquoi le terrorisme qui
nous frappe n’est que le visage inversé de la perte de nos valeurs. On pourra
certes défiler, mais on ne résoudra rien. La seule opposition réelle à celui-ci
est la reconquête de notre identité pleine et entière.
Un ancien premier ministre a
récemment prononcé cette phrase « En France, il ne peut y avoir de spiritualité ».
Il voulait dire sans doute, qu’il n’y avait place que pour la laïcité.
C’est cela la vraie Terreur. Et
la réponse vient de lui être apportée, nette, claire, incontournable.
Il est probable que des
mouvements politiques importants vont advenir dans les prochains mois. Le
ventre mou qui nous représente, le « neutre » ne pourra pas résister.
Le Front National apparait, au milieu de la confusion des partis, et de leurs
bassesses, comme le seul interlocuteur valable, ne serait-ce parce qu’on ne l’a
jamais vu à l’œuvre. Il a le privilège de la nouveauté.
Il représente le repli sur soi,
après l’échec des partis et leur incapacité de permettre à la France de
reprendre en compte ses différentes forces spirituelles. La droite comme la
gauche ont comme unique référence la laïcité.
Il propose un retour au
Nationalisme. Ce n’est pas la solution. Cependant, comme en 1936 après l’échec
du Front Populaire, celui-ci apparait comme le seul capable de répondre à
l’attente actuelle des français.
Sans doute sommes-nous arrivés au
point où nous serons contraints de traverser l’expérience de ce parti.
Pourtant les problèmes ne
pourront se résoudre que dans le cadre de l’Europe. L’Italie, l’Espagne et la
Grèce sont des pays catholiques. L’Angleterre et l’Allemagne sont des pays
protestants. Leur religiosité les rend davantage capables de résistance.
C’est l’Europe et sa spiritualité
qui est la juste réponse à la barbarie. Non pas la France des seuls Droits de
l’homme et des Lumières, mais l’Europe des cathédrales, celle de la Renaissance
et celle de l’Habeas corpus anglais, celle de la Liberté.
Il ne s’agit pas de passer outre
aux Lumières, mais de les situer aux côtés des spiritualités qui reposent au
plus profond de l’âme de l’Europe.
Qui ne verra par ailleurs que les
terroristes viennent de nos banlieues, qu’ils sont issus de l’exclusion et que
la France a été incapable de les intégrer. La République, les Droits de
l’Homme, la laïcité, ont été impuissants à répondre à leur désir d’intégration.
On s’étonnera que des jeunes
français aujourd’hui rejoignent le djihad. A quel degré de désespoir faut-il qu’ils
soient arrivés, d’horreur de leur propre pays, pour ne trouver que dans le
fanatisme extrême d’une autre religion, une réponse à leur exigence d’absolu ?
Les compromissions, la
corruption, le mensonge, nous nous y habituons. On éteint la télévision. On
cesse de lire la presse. On se protège de ces poisons.
La jeunesse a besoin d’idéal.
Hier ce fut la Résistance, puis les grandes utopies révolutionnaires.
Aujourd’hui il n’y a rien.
Le gouvernement français actuel
porte une grande responsabilité face à ces problèmes.
Ce qui est le plus proche du
terrorisme, c’est notre petite idéologie, nos petits conforts, nos petits
avantages sociaux, notre médiocrité.
Bernanos disait que le plus grand
danger n’était ni la haine, ni la violence, c’était la médiocrité. Aujourd’hui
nous savons ce dont il parlait.
Les attentats tels ceux du 11
septembre aux Etats-Unis ou ceux contre Charlie
Hebdo en France sont un signe. Ils mettent le doigt sur notre vide
spirituel, le « grand vide » dont parlait il y a peu Norman Mailer.
Le terrorisme arabe est moins
aveugle qu’il n’y parait. Il a ses sources, ses raisons, ses explications.
L’histoire du monde arabe qui a
été celle d’une grande civilisation s’est arrêtée soudain au XVIème siècle. Alors
que l’Europe rencontrait l’Humanisme, la Réforme Protestante, la Science et le
Progrès, le monde arabe est demeuré figé dans son passé. Il n’a jamais connu la
séparation de l’église et de l’état. Le statut de la femme n’a pas évolué. Progressivement
il s’est enfermé dans la stagnation.
En 1918, l’Empire Ottoman
s’effondre. Les « alliés » se jettent sur le Moyen Orient et le dépècent.
Les arabes depuis ce jour vivent dans la nostalgie de la reconquête de leur
unité.
En 1944, à son retour de Yalta,
Roosevelt signe un traité avec le roi d’Arabie Saoudite à propos des immenses
réserves de pétrole que contient son royaume.
D’un côté il les cède aux
américains, et de l’autre ceux-ci s’engagent à protéger son système politique
barbare. Les intérêts économiques ont primé.
C’est de ce contexte historique
que sont issus Ben Laden et autres terroristes.
Que reste-t-il à ces peuples
surexploités, sinon le désespoir et une idéologie extrême qui seule leur
apparait comme la voie du salut.
Sans doute et paradoxalement
aujourd’hui, la baisse de l’intérêt pour le pétrole les ramène à davantage de
réalité, et pourrait peut-être leur permettre de remettre en cause leur ordre
séculaire et de réussir enfin les révolutions qu’ils ont toujours manquées.
Mais c’est en eux qu’ils devront
trouver les moyens d’évoluer et de créer comme l’a fait l’Europe au XVIème
siècle, une relation plus libre avec leur divinité.
Des mouvements récents comme ceux
qui se sont déroulés en Egypte, en Lybie ou en Tunisie doivent trouver une
issue positive et permettre à ces pays d’entrer dans le monde moderne.
Ces révolutions toutefois ne
peuvent advenir qu’à travers un changement radical dans leur mentalité, une
révolution intérieure, l’intégration d’une nouvelle forme de tolérance, le
changement du statut de la femme. C’est la condition indispensable à tout
renouveau.
La sacralisation du Livre « Le
Coran » ne peut demeurer un dogme. Celui-ci doit être enfin questionné.
C’est la seule manière pour qu’il
puisse être sauvegardé.
Edouard VALDMAN
Dernier livre paru Demain, l’Occident !
A paraitre janvier 2015 Pourquoi ? Des Lumières à
l’Holocauste