J’ai rencontré Bernard-Henri Levy
dans les années 70. J’avais remarqué à plusieurs reprises, dans le journal Le
Monde, une publicité concernant des ouvrages publiés aux éditions Grasset, sur
lesquels figurait le nom d’une collection « Figures », et celui de
son directeur.
La répétition faisant son effet,
j’ai été davantage attentif à ces publications, d’autant plus que moi-même je
cherchais à ce moment à faire éditer un manuscrit. J’ai pensé qu’il pourrait
peut-être y trouver sa place.
Bernard-Henri Levy venait de
publier, « la Cause des Femmes » de Gisèle Halimi. Il accueillait
dans sa collection l’ensemble de la littérature gauchiste de ces années.
Je lui ai écrit et demandé un
rendez-vous. Il m’a invité quelque temps après à venir lui rendre visite chez Grasset.
J’avais imaginé une rencontre avec un homme d’un certain âge, et je me suis
trouvé devant un jeune archange très grand et très beau.
Il m’a reçu aimablement dans son
bureau et m’a promis de considérer mon projet. Il avait l’air affairé. Il
s’agissait d’un récit autobiographique qui avait trait plus spécialement au
problème de l’identité juive.
« La Blessure », mon
récit, m’a été directement renvoyé par ces mêmes éditions, quelque temps après avec
une mention sur l’enveloppe « Bernard-Henri Levy ».
J’ai pensé qu’il en avait pris
connaissance et me l’avait fait renvoyer sous un mauvais prétexte. Au moment de
la publication de son essai « La barbarie à visage humain », j’ai
découvert dans une revue, à l’occasion d’une interview qu’il avait donnée à un
journaliste, des extraits de mon propre ouvrage.
J’ai été interpellé à ce moment
par cette attitude !
Je l’ai perdu de vue quelque
temps. Parfois je le rencontrais à Saint Germain des Prés. Je me souviens d’un jour
où je me trouvais au café du chaye de l’abbaye, au coin de la rue de Buci. Il
passait par là et m’a apostrophé « Est-ce que tu as vu Jean-Marie Benoist ? ».
C’était un des nombreux intellectuels qui faisait partie du groupe qu’il venait
de constituer chez Grasset « Les Nouveaux Philosophes ». Il allait
décéder peu après.
En fait Lévy s’était fait la main
en tant qu’éditeur. Il était lui-même normalien et connaissait très bien son
milieu. Il avait du charme et il était intelligent. Il n’eut guère du mal à se
faire une place.
Il édita des écrivains tels
Jean-Paul Aron, Jean-Paul Dollé, Jean-Marie Benoist et surtout le livre culte
de ces années-là « L’ange » de Jambet et Lardreau. Tous ces jeunes
philosophes travaillaient autour de la critique du marxisme. Soljenitsyne était
passé par là. L’union soviétique s’effondrait. On était à la veille de la
fronde de Lech Valesa. Les chars soviétiques étaient entrés à Prague. En France
les années Giscard se terminaient et on approchait de 1981, l’année de la prise
de pouvoir par la gauche.
Bernard-Henri Lévy se faisait le héraut
de ce mouvement de pensée.
Soudain, en 1977 il publie
« La Barbarie à visage humain ». Il cesse d’être éditeur pour devenir
lui-même auteur. Il avait le système éditorial en mains et pouvait se lancer
lui-même.
L’intérêt de la « Barbarie
à visage humain » vient avant tout du moment où ce livre est publié. Il
faut considérer que la pensée française était imprégnée de marxisme. Même les
plus réfractaires à cette idéologie avaient été antérieurement membres du parti
communiste.
Malraux avait été marxiste, Camus
également, un court espace de temps. Sartre bien sûr. Seuls Raymond Aron et Levinas
ne l’avaient sans doute jamais été.
Or Bernard-Henri Lévy clamait
tout à coup une chose importante « l’Histoire n’existe pas ! ». D’une
certaine manière il brisait un tabou de la pensée française.
A Beaubourg il réunissait autour
de lui, pour une conférence, toute l’intelligentsia parisienne. Il était comme
un jeune prophète. On se pressait pour le voir et pour l’entendre.
Pivot l’accueillait évidemment à « Apostrophes »,
et son émission qui réunissait les jeunes philosophes eut un grand succès.
Dans les années 70, Levy a réuni
autour de lui la fine fleur de l’intelligencia parisienne de droite comme de
gauche. Il l’a éditée. C’était en quelque sorte sa garde rapprochée.
Puis il s’est édité lui-même et à
partir de ce moment il n’y a plus eu de place pour personne. Tous ces jeunes
intellectuels ont disparu. Personne ne sait ce qu’ils sont devenus.
On ne peut s’empêcher à cette
occasion de penser à Bonaparte, écartant tous ses rivaux avant d’accéder au
pouvoir.
Lévy appartenait par ailleurs par
son père à une dynastie commerciale puissante au Maroc. Ce dernier était marchand de bois et travaillait en
collaboration avec le frère du Roi. Mitterrand avait assisté à son mariage. Il
était encore très jeune. Il possédait d’ores et déjà la puissance.
Et là nous arrivons à un point
important, celui de l’antisémitisme qui pourrait, selon certains, se manifester
à l’encontre de Bernard-Henri Lévy.
Le juif peut difficilement concevoir
la publication d’un livre sans son impact dans le réel, c’est-à-dire sans le
fait qu’il puisse se communiquer très largement.
Il y a bien sûr des exceptions.
Kafka n’a jamais vendu beaucoup de livres et d’autres écrivains juifs
également. Nombreux sont morts dans la misère, quand ils ne se sont pas suicidés.
Cependant, et ceci est d’importance,
la loi juive contient surtout des commandements et principes de vie. Il ne
s’agit pas d’une mystique mais d’une relation à la réalité concrète.
Beaucoup d’écrivains et
d’artistes peuvent parfaitement s’exprimer sans souci d’aucun succès et d’aucune
rentabilité. Ils le font selon leur désir. Pour les écrivains juifs, il y a
plus. Pour qu’une œuvre vaille vraiment, il faut qu’elle ait une authentique
implication dans le concret. C’est une manière de prendre en compte l’autre,
d’aller à sa rencontre.
Avant de se lancer dans la
publication de ses ouvrages, Bernard-Henri Levy s’est d’abord rendu maître des techniques
de l’édition. Il y a même investi des capitaux.
Son père, Françoise Verny,
l’ancienne papesse de l’édition parisienne le raconte elle-même dans un ouvrage,
avait rencontré le patron des éditions Grasset et lui avait demandé si son fils
pouvait réussir dans l’édition et dans la littérature. Cette réussite était
envisagée sous un angle global, à la fois purement littéraire et en même temps
sous l’angle des affaires.
C’est ce qui s’est passé dans le
domaine de l’art avec Kahnweiler, le marchand de Picasso. Sa famille lui avait
confié un peu d’argent, à condition qu’il le fît prospérer. C’est ce qu’il
réalisa grâce aux cubistes. Dans le cas contraire, elle l’eut abandonné.
Pour la plupart des artistes et
écrivains, le risque fait partie de leur aventure. Ils affrontent le destin.
Ils vont à la conquête du feu. Ce sont des grecs. Telle est la différence
essentielle entre le juif et le Grec. L’un représente l’espace tragique,
l’autre, l’ordre de la Loi, c’est-à-dire le réel.
En fait cette attitude est très
anglo-saxonne. On n’attend pas pour exister l’autorisation du Père, en
l’occurrence celle de l’éditeur. On prend ses affaires en mains. On est à
soi-même son propre Père.
Ce comportement est très
différent de celui des écrivains dans les pays catholiques. Ici n’est pas
intervenue LA REFORME.
Un artiste ou un écrivain, dans ces
pays, prend en général le risque de l’autre.
BHL n’a jamais pris ce risque. Il
n’a jamais pris le risque de la nuit. Il est lui-même éditeur.
C’est ce qui crée autour de lui
cette atmosphère de suspicion. On admire d’un côté et de l’autre on n’y croit
pas. Il ne joue pas sans filet.
Par ailleurs son accoutrement !
Depuis toujours il porte une chemise blanche largement ouverte sur la poitrine.
Et certes Byron auquel il prétend sans doute ressembler était lui-même narcissique
et devait aimer son image. Il était d’ailleurs très beau.
Mais Byron précisément a dépensé
une grande partie de sa fortune, qui était immense, à aider les Carbonari et
autres insurgés, contre les Turcs. Il est mort à Missolonghi en Grèce. Il était
un héros tragique. Il ne se faisait pas prendre en photo, la chemise ouverte,
dans les ruines de Sarajevo.
La compagne de Lévy, comme lui à
l’affut de la publicité, a fini par se manifester au Crazy Horse Saloon en se
prenant pour Marlène.
Mais là encore, pour Marlène il y
avait un vrai talent et un vrai courage. Elle avait pris des risques contre les
nazis. Chez celle-ci, on ressent une volonté de devenir une star, à tout prix. La
grandeur, l’élégance ne s’enseignent pas.
A partir du moment où un auteur
se permet d’aborder des sujets qui touchent à la morale et traduisent une
inquiétude à propos de la question de l’Homme, on est en droit de lui demander
une certaine tenue, en tout cas une attitude qui ne soit pas trop en
contradiction avec les principes qu’il prétend défendre.
BHL a outrepassé ces règles.
Entre ses séjours dans la jet set internationale, son palais de Marrakech,
l’attitude même de sa compagne provocatrice à souhait, promenant partout sa
suffisance, le soupçon est né qu’il n’ait pas écrit ses livres.
En effet je ne suis pas de ceux
comme Bernard Kouchner qui parle (il est vrai qu’il y a de cela fort longtemps)
de la pensée « jetable » de Bernard-Henri Lévy. Je pense au contraire
que ses premiers livres sont importants : la Barbarie à visage humain, le
Testament de Dieu, l’Idéologie française. Il me vient à l’esprit que lorsque
l’on a écrit de tels livres, un minimum de dignité dans le comportement est
requis.
Je ne pense pas non plus que l’on
puisse s’afficher impunément avec des individus dont la réputation est pour le
moins douteuse. Je pense notamment à Anne Sinclair et Dominique Strauss Kahn, à
Alain Delon.
Le compagnonnage avec certains
puissants, implique au bout d’un certain temps la compromission.
Un matin, en 1991, je découvris
dans les rues de Paris d’immenses panneaux portant en lettres de feu le nom de
BOSNA ! C’était l’annonce d’un film de Bernard-Henri Lévy à propos de la
guerre en Yougoslavie.
En fait BHL et quelques autres
avaient attiré l’attention du monde à propos de camps de concentration qui auraient
été installés par les Serbes dans leur volonté de soutenir leurs compatriotes
de Bosnie et de récupérer les territoires alentour, ceux où se trouvaient les
« monastères ».
Cet épisode était une séquelle de
la guerre froide. Après l’effondrement de l’URSS Milosevic voulait profiter de
l’effondrement général pour élargir son espace vital. L’OTAN lui proposa de
revenir en arrière. Il ne le céda pas.
Les Serbes avaient toujours été
nos alliés, en particulier durant la dernière guerre, où les Croates eux avaient
rejoint le camp allemand.
Cette dénonciation était courageuse.
Elle dévoilait « l’épuration ethnique ». Cependant c’était une
affaire strictement européenne, or c’étaient les USA qui menaçaient de venir
mettre de l’ordre.
C’était l’occasion ou jamais pour
l’Europe de montrer qu’elle existait. Elle se laissa imposer leur loi par les
américains. Ils détruisirent la Yougoslavie.
Ce qui était gênant, c’est que Bernard-Henri
Lévy apparaissait comme étant le « supo » de ceux-ci.
On prétendait que c’était surtout
le pétrole de la Caspienne qui les intéressait.
J’étais à New York lorsque BHL
débarqua avec son livre « American vertigo ».
Il sortit la grosse artillerie.
« Random House » était le partenaire de Grasset pour publier son
livre aux Etats-Unis.
Alliance Française, conférences, émissions
de télévision. Tout y est passé. Il était l’invité de l’émission télévisuelle la
plus recherchée des Etats-Unis en matière littéraire.
Son livre était intéressant
certes. Il s’agissait d’une enquête sur l’Amérique de Georges Bush avec entre
autres des interviews de quelques intellectuels et surtout de stars telle
Sharon Stone. Il n’apportait rien d’original. Cependant BHL se disait le
nouveau Toqueville.
Le New York Times avait peu
apprécié l’attitude très provoquante de BHL. Il avait été descendu en flèche et
même ridiculisé. Il avait provoqué en duel le journaliste. Cela fit rire tout
le monde.
A New York BHL s’était installé
au Carlyle où il convoquait la presse. Le défenseur des droits de l’homme se
comportait comme un roi.
Il était reçu à l’Alliance
Française de New York par Marie-Monique Steckel, sa directrice, qui se faisait
une gloire d’avoir accueilli BHL. C’était un événement très mondain.
Tom Bishop le recevait à New York
University ainsi que la communauté juive au 92Y, un des lieux les plus huppés
de New York en matière culturelle.
Et puis il y eu la Lybie.
Kadhafi, bien qu’invité récemment
à Paris par Sarkozy, afin de tenter de l’intégrer à la communauté
internationale, a passé les bornes. Son peuple se révolte. Il était sain de le
soutenir. J’ai moi-même écrit un article à ce propos en ce sens. Mais BHL va
plus loin. Il devient un vrai vas-t-en guerre. Et dans la précipitation, le
gouvernement provisoire n’a pas le temps de se mettre en place pour créer un
régime digne de ce nom et tout bascule dans le terrorisme comme en Irak.
Le résultat de tout cela est
plutôt catastrophique. BHL en a tiré un film, et pour le projeter il a acheté
une salle de cinéma. On n’est jamais mieux servi que par soi-même.
En Syrie, il craint sans doute de
récidiver. Il s’efface.
Arrive l’affaire de la Russie et
de Poutine ! Et là BHL se montre dans son rôle définitif de « supo »
des Américains.
Poutine tente de reconstruire son
pays après l’effondrement de l’URSS. Tout le monde s’en félicite, à part ces
derniers qui, là comme ailleurs, préfèrent entretenir le chaos ou au moins la
faiblesse. Une Russie forte entraverait leurs intérêts dans le monde. Ils se
veulent toujours dans l’unilatéralité. En conséquence, ils interviennent en
Ukraine, au nom bien sûr de la Démocratie, comme ils le firent en Irak. Ils
font semblant d’oublier que Kiev, capitale de l’Ukraine est en même temps la
capitale spirituelle de la Russie.
Certes Poutine est un peu brutal,
mais reconstruit-on un empire avec de bons sentiments ?
En fait celui-ci tente de
reprendre le flambeau de l’Occident que les USA et l’Europe laissent tomber à
terre. Il tente de reconstruire des valeurs, et d’abord des valeurs religieuses
face à la déliquescence française et au laxisme américain.
La sagesse politique consisterait
pour l’Europe comme pour les Etats-Unis à s’allier avec la Russie. Elle est
blanche et l’adversaire de demain sera sans doute la Chine.
Ils sont aveugles. Aucune vision.
Poutine semble en posséder une. Aux derniers jeux de Sotchi dont il a fait une
extraordinaire vitrine, il a montré le visage de Dostoïevski aux côtés de Soljenitsyne.
Immense symbole, peu relevé par les Occidentaux. C’est la Russie de ses grands
écrivains qui revient aux côtés de ses athlètes et de ses danseurs.
BHL à cette occasion, grandiose
proposition, invite les Occidentaux à boycotter les jeux de Sotchi. C’est à la
fois dangereux, irresponsable et grotesque.
Poutine s’oriente désormais vers
l’alliance avec la Chine.
Le plus bel exemple de la
falsification et du mensonge, c’est lorsque que BHL se dit juif de gauche, juif
des Lumières, alors qu’il est un homme de droite dans toute l’acception du
terme, par sa fortune d’abord, sa manière de vivre ensuite, son comportement
enfin.
Pourquoi persiste-t-il pourtant à
se dire de gauche ? Il sait qu’en France, tout ce qui est de droite est
ostracisé par l’intelligentsia depuis la Révolution. Lui-même est milliardaire.
Il prépare le programme de la Gauche avec Ségolène Royal au fameux hôtel
restaurant la « Colombe d’Or » à Saint Paul de Vence (500 euros la
nuit).
Désopilant !
J’avais admiré après la prise de
pouvoir de François Mitterrand en 1981, une tribune dans Le Monde de
Bernard-Henri Lévy intitulée « Une nuit à l’opéra » !
Jacques Lang avait réuni à ce
moment dans cet établissement, à l’instant même où Jarulevski était reçu à
Paris par Mitterrand malgré son invasion de la Pologne, l’ensemble des artistes
et intellectuels, en tout cas ceux qui étaient ses sympathisants.
A cette occasion BHL avait publié
un article plein d’humour fustigeant les intellectuels de gauche qui servaient
de caution au stalinisme.
Etant donné le contenu de ses livres
à ce moment, et cette prise de position très claire on eut pû attendre de BHL
un positionnement de droite à la Malraux.
Et pourtant il est demeuré un
pilier de la gauche.
En fait Bernard-Henri Lévy aurait
dû, s’il avait été cohérent avec lui-même, devenir un membre très écouté du
gouvernement de Nicolas Sarkozy ou même son ministre de la culture.
Ce sont des affaires privées sans
doute qui ont empêché ce ralliement. Il prétend que c’est le fait pour Nicolas
Sarkozy d’avoir créé un ministère de l’Identité Nationale qui l’a éloigné de
lui.
Membre du comité de surveillance
du journal Le Monde, il est aujourd’hui ridiculisé dans le même journal à
propos de sa dernière pièce de théâtre, « Hôtel Europe », marque
étonnante de courage de la part d’une journaliste du même quotidien. Gageons
que BHL ne la provoquera pas en duel !
En fait Bernard-Henri Lévy est
atteint de ce que l’on pourrait appeler la maladie du Moi. Ce qui aurait pu
être une aventure intellectuelle intéressante est devenue une course éperdue à
l’affirmation maladive de soi-même : se montrer à tout prix, prendre la
parole à tout propos, légiférer sur tout et sur n’importe quoi si bien que ses
plus fervents défenseurs éprouvent désormais un immense malaise à le voir ou à
l’entendre.
Que la communauté juive continue
à soutenir sa promotion n’est pas à mon avis très judicieux. Il donne des juifs
une image exécrable.
Certains lieux parisiens dont la
vocation est de promouvoir la culture juive pensent que ce serait l’antisémitisme
qui s’exercerait contre lui, et que si la presse trouve sa dernière pièce de
théâtre déficiente, c’est pour cause de racisme.
Ils font erreur. C’est son
comportement qui est créateur d’antisémitisme. Que le CRIF l’invite
prochainement à un débat ainsi nommé « Les juifs doivent-ils
partir ? » est significatif. Celui-ci n’a rien compris.
J’ai toujours pensé qu’en cas de
« catastrophe » en France, des gens comme Bernard-Henri Lévy seraient
susceptibles de donner des conférences aux Etats-Unis ou ailleurs, chèrement
payées sur les raisons de la montée de l’antisémitisme en France.
Mais Bernard-Henri Lévy légifère
également en matière d’art. Rien ne lui est étranger. Et l’on peut s’étonner
d’ailleurs qu’il n’ait pas encore développé ses talents en matière poétique, ni
en matière musicale. Mais ne soyons pas impatients. Cela va venir. Ce sera
toujours évidemment en compagnie des instances étatiques ou privées les plus
prestigieuses telle la galerie Maeght à Saint Paul de Vence.
La mesure en toute chose est
recommandée. Ici il y a trop, trop de médias, trop d’argent, trop de mépris. L’équilibre
nécessaire n’est pas préservé.
Personne n’en veut à
Bernard-Henri Lévy. Apparemment il s’éclate. On est heureux pour lui.
Mais on a envie en même temps de
lui dire : un peu de modestie, un peu d’humilité ! Et s’il souhaite
comme il le prétend avoir une vie héroïque, il faut qu’il sache mourir en
silence et ne pas se faire prendre en photo sur son terrain d’agonie.
BHL fulmine à présent contre la
montée du Front National, alors que ce sont des hommes comme lui qui en sont
les premiers créateurs, par leur morgue, leur provocation, leur volonté de
puissance et leur mépris de l’autre.
En tout état de cause, je pense que
BHL fait beaucoup de mal aux juifs. Il donne d’eux un visage tronqué et je ne
comprends pas que Elie Wiesel ait pu lui conserver son amitié.
J’ajouterais que les noms qui se
transforment en « logo » portent en général malheur à ceux qui se
prêtent à ce jeu : DSK, JFK.
Le seul « logo »
tolérable c’est « Yavé », le nom de Dieu. Tous ceux qui l’imitent ou
l’usurpent tombent inéluctablement dans la trappe de l’histoire.
Bernard-Henri Lévy me fait penser
à Valéry Giscard d’Estaing. Dans une interview récente à la télévision on
demandait à celui-ci s’il n’avait pas été blessé par son échec de 1981.
Il déclarait qu’après les
élections il était parti en Grèce méditer au mont Athos.
On se disait alors qu’il était un
homme à dimension métaphysique, qui méditait sur les grandes questions du
pouvoir, de la vie, de la mort.
On admirait.
Et puis il ajoutait « j’ai
emmené trois photographes avec moi »
Pour BHL c’est la même chose. Il
n’y a rien à ajouter.
Edouard VALDMAN
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