vendredi 7 décembre 2018

A propos du 70ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948


Lorsque l’on évoque les Droits de l’Homme, il convient de remonter jusqu’à leurs sources. Ce sont les Tables de la Loi données par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï. Ils sont fondés sur la foi en un Dieu unique.

Certes, plus tard, ils seront laïcisés avec l’Habeas Corpus anglais au  16ème siècle et la déclaration française de 1791. Cependant, c’est appuyés sur la transcendance qu’ils ont été formulés à l’origine.

C’est la raison pour laquelle il existe aujourd’hui une différence dans la perception de ces droits par les pays religieux et par ceux qui ne le sont pas.

Les Etats-Unis, nation protestante, puritaine et chez lesquels sont domiciliées les Nations Unies, ont une relation différente aux Droits de l’Homme que la France, pays laïc. Pour celle-ci, le socle des Droits  est constitué par une République qui ne fait référence à aucune spiritualité.

Pour ceux-ci, ils sont intégrés à un état qui proclame « In God we trust ».

En apparence, cela n’a pas l’air très différent mais en fait cela crée des rapports parfaitement dissemblables.

Les Etats-Unis intègrent l’immigré en l’invitant à annoncer sa croyance. Elle coexistera avec la leur. Ils accueillent l’homme dans son entier.

En France, on accepte l’autre mais on ne veut pas connaitre sa religion. Il est un français seulement.

C’est cela qui crée des tensions. Car le Juif, le Musulman ou le Chrétien ont une relation sacralisante au monde et en France ils sont contraints de sacrifier une partie d’eux-mêmes.

C’est pourquoi la déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 doit se lire différemment si l’on est à New York, à Paris ou ailleurs.

Ce qui est important de constater aujourd’hui, c’est que la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 élargit celle que l’on a l’habitude de nommer et qui remonte en France à 1791. Celle-ci reprend sa place à côté de l’Habeas Corpus, en relation avec la transcendance.

Si l’on regarde attentivement ce qui s’est passé à l’occasion de la Révolution française, on s’aperçoit que le vocabulaire qui formule les nouvelles institutions a été modifié certes. De la monarchie de droit divin nous sommes passés à la République, à la Volonté générale, à l’Egalité, à la Majorité, mais les structures de l’Etat n’ont pas changé.

Si l’on considère la justice par exemple, on constate que le Tribunal Révolutionnaire, devenu en 1793 l’instance suprême, aucun appel ne pourra intervenir contre lui. Il débouchera sur la Cour d’Assises qui ne connaitra elle-même aucune instance d’appel jusqu’en 2003.

Nous sommes toujours dans une procédure inquisitoriale venue tout droit de l’Eglise catholique.

L’Empire renforcera encore les institutions absolutistes de l’Etat.

Tocqueville lui-même le remarquera dans « La France et la  Révolution ». Tout était prêt à ce moment pour que le pouvoir échoie à un organe unique. Les corps intermédiaires, régions et langues, avaient été détruits par l’absolutisme royal.

Les Droits de l’homme de 1791 s’imposeront au monde. Ils seront le nouvel évangile selon Jean-Jacques Rousseau qui aura vaincu Voltaire, favorable comme Montesquieu et autres philosophes à une monarchie constitutionnelle.

En fait ces Droits constituent un nouvel impérialisme fondé sur la toute-puissance des Lumières et de la Raison. C’est sur cette base que la France constituera son Empire.

Face à lui, une manière différente d’appréhender les Droits de l’homme : l’humanisme anglo-saxon. Il est issu de l’Habeas Corpus anglais, l’acte fondateur de la démocratie au 16° siècle, qui considérait qu’on ne pouvait retenir en détention un citoyen au-delà de 48h si on ne possédait pas contre lui des charges suffisantes.

L’Habeas Corpus ne portait pas atteinte à la monarchie qui devenait seulement constitutionnelle. Celle-ci prenait toujours en compte la transcendance. Le Roi demeurait le socle des institutions.

Ce sont ces deux relations aux Droits de l’Homme qui se sont affrontées à l’occasion de la lutte entre Napoléon et l’Angleterre. D’un côté un Empire français fondé sur les Lumières et la mort de Dieu, et de l’autre une monarchie anglaise faisant toujours référence à ce dernier.

Ces deux conceptions, apparemment antagonistes, fondent en fait la richesse des Droits de l’Homme contemporains. Elles constituent une fusion de ces deux approches.

Aux Etats-Unis, les Lumières coexistent avec la présence de Dieu, ce qui n’est pas le cas en France.

Cependant, de plus en plus de principes anglo-saxons, telle la présomption d’innocence, interviennent dans la vie politique française.

Il faut rappeler que jusqu’en 2003 la Cour d’Assises en France a prononcé la peine de mort, sans qu’il y ai eu la possibilité d’un appel de cette décision.

Ce qui est important de constater aujourd’hui c’est que la Déclaration Universelle de 1948, élargit celle que l’on a l’habitude de nommer, et qui remonte en France à 1791. Celle-ci reprend sa place à côté de l’habeas corpus en relation avec la transcendance.

 Pourtant au nom de ces mêmes droits et de la démocratie, de grands Etats  interviennent actuellement pour détruire des nations entières et imposer leur idéologie.

Malgré la présence des Nations Unies, la quête éperdue vers le progrès, que ce soit la conquête du ciel ou à travers les nouveaux moyens de communication, l’Iraq, la Syrie, le Yémen et autres continuent à être des nations martyres. L’esclavage n’a pas été aboli. On peut même dire sans crainte qu’il progresse.

En fait, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme doit aujourd’hui prendre en compte un nouveau regard sur le monde. Elle ne doit pas seulement consacrer la prééminence des grandes nations, mais considérer la montée en puissance des nations émergentes.

Ce nouveau regard au-delà de notre civilisation judéo chrétienne, devrait fonder un univers nouveau dont nous ne possédons pas encore la vraie composition. Il constitue précisément le défi de l’avenir. Il faut savoir l’imaginer et le regarder sans crainte comme une nouvelle richesse.

Le 21ème siècle ne peut plus être seulement l’apogée du monde occidental. Il doit prendre l’univers en compte. Tous doivent avoir accès à la connaissance et au bien-être.

L’Election n’est pas réservée à un peuple. Chacun doit s’élire et selon le mot admirable du poète Jo Bousquet « Chacun est l’errant et il est la terre promise ! ».

Il est un domaine sans doute au-delà du religieux qui peut réconcilier les hommes entre eux, non pas arrêter la guerre, ni juguler le mal mais leur permettre de communiquer et d’exprimer leur angoisse. Ce n’est déjà pas si mal. Ce domaine, c’est l’art. Pas besoin pour cela d’avoir fait de grandes études. Pas besoin d’être fortuné ou d’appartenir à un pays puissant. Des artistes peignent ou font de la musique au cœur des bidonvilles, dans les banlieues les plus déshéritées de l’Afrique.

C’est la sensibilité et le regard vers la beauté qui sont les véritables liens entre les hommes. La Pieta a fait davantage pour le cœur humain que n’importe quel discours, n’importe quelle charte ou n’importe quelle déclaration des droits. Le rayonnement de la sensibilité n’appartient pas à un peuple en particulier, il est universel.

Le langage de l’art peut être compris par tous, du plus pauvre au plus puissant. C’est lui qui devrait être un des vecteurs de rassemblement futur de l’humanité.

En tout cas, c’est cela qu’il faut sans doute prévoir et préparer une nouvelle approche des Droits  différents, multiples et variés.

Bien plus, non seulement la Déclaration des Droits doit prendre en compte de nouvelles Nations, mais elle ne doit plus être uniquement la Déclaration des Droits de l’Homme mais considérer celle du Droit des Femmes. Celles-ci sont les grandes oubliées de la Déclaration Universelle.

Selon la Bible Dieu a d’abord créé l’Homme, puis il a extrait de son flan Eve, celle par qui le péché est arrivé.

Le problème est qu’entretemps, celle-ci a conquis son autonomie et souhaite faire entendre sa voix séparément et différemment.

Les Nations Unies devront formuler une nouvelle Déclaration, celle des Droits des Hommes et des Femmes.

Adam et Eve sont sortis du jardin. Ils ont pris le risque de l’intelligence. Ils ont conquis l’un et l’autre leur autonomie.

Eve entend désormais le faire savoir.

Edouard VALDMAN

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