Lorsque l’on évoque les
Droits de l’Homme, il convient de remonter jusqu’à leurs sources. Ce sont les Tables
de la Loi données par Dieu à Moïse sur le Mont Sinaï. Ils sont fondés sur la
foi en un Dieu unique.
Certes, plus tard, ils
seront laïcisés avec l’Habeas Corpus anglais au
16ème siècle et la déclaration française de 1791. Cependant,
c’est appuyés sur la transcendance qu’ils ont été formulés à l’origine.
C’est la raison pour
laquelle il existe aujourd’hui une différence dans la perception de ces droits
par les pays religieux et par ceux qui ne le sont pas.
Les Etats-Unis, nation
protestante, puritaine et chez lesquels sont domiciliées les Nations Unies, ont
une relation différente aux Droits de l’Homme que la France, pays laïc. Pour
celle-ci, le socle des Droits est
constitué par une République qui ne fait référence à aucune spiritualité.
Pour ceux-ci, ils sont
intégrés à un état qui proclame « In God we trust ».
En apparence, cela n’a
pas l’air très différent mais en fait cela crée des rapports parfaitement
dissemblables.
Les Etats-Unis intègrent
l’immigré en l’invitant à annoncer sa croyance. Elle coexistera avec la leur.
Ils accueillent l’homme dans son entier.
En France, on accepte
l’autre mais on ne veut pas connaitre sa religion. Il est un français
seulement.
C’est cela qui crée des
tensions. Car le Juif, le Musulman ou le Chrétien ont une relation sacralisante
au monde et en France ils sont contraints de sacrifier une partie d’eux-mêmes.
C’est pourquoi la
déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 doit se lire différemment
si l’on est à New York, à Paris ou ailleurs.
Ce
qui est important de constater aujourd’hui, c’est que la Déclaration
Universelle des Droits de l’Homme de 1948 élargit celle que l’on a l’habitude
de nommer et qui remonte en France à 1791. Celle-ci reprend sa place à côté de
l’Habeas Corpus, en relation avec la transcendance.
Si
l’on regarde attentivement ce qui s’est passé à l’occasion de la Révolution
française, on s’aperçoit que le vocabulaire qui formule les nouvelles
institutions a été modifié certes. De la monarchie de droit divin nous sommes
passés à la République, à la Volonté générale, à l’Egalité, à la Majorité, mais
les structures de l’Etat n’ont pas changé.
Si
l’on considère la justice par exemple, on constate que le Tribunal Révolutionnaire,
devenu en 1793 l’instance suprême, aucun appel ne pourra intervenir contre lui.
Il débouchera sur la Cour d’Assises qui ne connaitra elle-même aucune instance
d’appel jusqu’en 2003.
Nous
sommes toujours dans une procédure inquisitoriale venue tout droit de l’Eglise
catholique.
L’Empire
renforcera encore les institutions absolutistes de l’Etat.
Tocqueville
lui-même le remarquera dans « La France et la Révolution ».
Tout était prêt à ce moment pour que le pouvoir échoie à un organe unique. Les
corps intermédiaires, régions et langues, avaient été détruits par
l’absolutisme royal.
Les
Droits de l’homme de 1791 s’imposeront au monde. Ils seront le nouvel évangile selon
Jean-Jacques Rousseau qui aura vaincu Voltaire, favorable comme Montesquieu et
autres philosophes à une monarchie constitutionnelle.
En
fait ces Droits constituent un nouvel impérialisme fondé sur la toute-puissance
des Lumières et de la Raison. C’est sur cette base que la France constituera
son Empire.
Face
à lui, une manière différente d’appréhender les Droits de l’homme :
l’humanisme anglo-saxon. Il est issu de l’Habeas Corpus anglais, l’acte fondateur
de la démocratie au 16° siècle, qui considérait qu’on ne pouvait retenir en
détention un citoyen au-delà de 48h si on ne possédait pas contre lui des
charges suffisantes.
L’Habeas
Corpus ne portait pas atteinte à la monarchie qui devenait seulement
constitutionnelle. Celle-ci prenait toujours en compte la transcendance. Le Roi
demeurait le socle des institutions.
Ce
sont ces deux relations aux Droits de l’Homme qui se sont affrontées à
l’occasion de la lutte entre Napoléon et l’Angleterre. D’un côté un Empire français
fondé sur les Lumières et la mort de Dieu, et de l’autre une monarchie anglaise
faisant toujours référence à ce dernier.
Ces
deux conceptions, apparemment antagonistes, fondent en fait la richesse des
Droits de l’Homme contemporains. Elles constituent une fusion de ces deux
approches.
Aux
Etats-Unis, les Lumières coexistent avec la présence de Dieu, ce qui n’est pas
le cas en France.
Cependant,
de plus en plus de principes anglo-saxons, telle la présomption d’innocence,
interviennent dans la vie politique française.
Il
faut rappeler que jusqu’en 2003 la Cour d’Assises en France a prononcé la peine
de mort, sans qu’il y ai eu la possibilité d’un appel de cette décision.
Ce
qui est important de constater aujourd’hui c’est que la Déclaration Universelle
de 1948, élargit celle que l’on a l’habitude de nommer, et qui remonte en
France à 1791. Celle-ci reprend sa place à côté de l’habeas corpus en relation
avec la transcendance.
Pourtant au nom de ces mêmes droits et de la
démocratie, de grands Etats
interviennent actuellement pour détruire des nations entières et imposer
leur idéologie.
Malgré
la présence des Nations Unies, la quête éperdue vers le progrès, que ce soit la
conquête du ciel ou à travers les nouveaux moyens de communication, l’Iraq, la
Syrie, le Yémen et autres continuent à être des nations martyres. L’esclavage
n’a pas été aboli. On peut même dire sans crainte qu’il progresse.
En
fait, la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme doit aujourd’hui prendre
en compte un nouveau regard sur le monde. Elle ne doit pas seulement consacrer
la prééminence des grandes nations, mais considérer la montée en puissance des
nations émergentes.
Ce
nouveau regard au-delà de notre civilisation judéo chrétienne, devrait fonder
un univers nouveau dont nous ne possédons pas encore la vraie composition. Il
constitue précisément le défi de l’avenir. Il faut savoir l’imaginer et le
regarder sans crainte comme une nouvelle richesse.
Le
21ème siècle ne peut plus être seulement l’apogée du monde
occidental. Il doit prendre l’univers en compte. Tous doivent avoir accès à la
connaissance et au bien-être.
L’Election
n’est pas réservée à un peuple. Chacun doit s’élire et selon le mot admirable
du poète Jo Bousquet « Chacun est l’errant et il est la terre promise ! ».
Il
est un domaine sans doute au-delà du religieux qui peut réconcilier les hommes entre
eux, non pas arrêter la guerre, ni juguler le mal mais leur permettre de
communiquer et d’exprimer leur angoisse. Ce n’est déjà pas si mal. Ce domaine,
c’est l’art. Pas besoin pour cela d’avoir fait de grandes études. Pas besoin
d’être fortuné ou d’appartenir à un pays puissant. Des artistes peignent ou
font de la musique au cœur des bidonvilles, dans les banlieues les plus déshéritées
de l’Afrique.
C’est
la sensibilité et le regard vers la beauté qui sont les véritables liens entre
les hommes. La Pieta a fait davantage pour le cœur humain que n’importe quel
discours, n’importe quelle charte ou n’importe quelle déclaration des droits. Le
rayonnement de la sensibilité n’appartient pas à un peuple en particulier, il
est universel.
Le
langage de l’art peut être compris par tous, du plus pauvre au plus puissant.
C’est lui qui devrait être un des vecteurs de rassemblement futur de
l’humanité.
En
tout cas, c’est cela qu’il faut sans doute prévoir et préparer une nouvelle
approche des Droits différents,
multiples et variés.
Bien
plus, non seulement la Déclaration des Droits doit prendre en compte de
nouvelles Nations, mais elle ne doit plus être uniquement la Déclaration des
Droits de l’Homme mais considérer celle du Droit des Femmes. Celles-ci sont les
grandes oubliées de la Déclaration Universelle.
Selon
la Bible Dieu a d’abord créé l’Homme, puis il a extrait de son flan Eve, celle
par qui le péché est arrivé.
Le
problème est qu’entretemps, celle-ci a conquis son autonomie et souhaite faire
entendre sa voix séparément et différemment.
Les
Nations Unies devront formuler une nouvelle Déclaration, celle des Droits des
Hommes et des Femmes.
Adam
et Eve sont sortis du jardin. Ils ont pris le risque de l’intelligence. Ils ont
conquis l’un et l’autre leur autonomie.
Eve
entend désormais le faire savoir.
Edouard VALDMAN
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