lundi 10 mars 2025

Pourquoi Donald Trump a été une première fois élu ?

On a dit un peu vite que les Etats-Unis avaient souhaité s’offrir une femme comme Présidente, en l’occurrence Hillary Clinton, après un Afro-Américain. En fait, ce qui s’est joué là est un vieux réflexe civilisationnel. Les Etats-Unis sont les leaders d’une civilisation judéo-chrétienne dont le symbole est le Père, lui-même fondateur de la Loi, celle-ci édictée par Dieu. Le peuple, l’opinion ont besoin de cette symbolique. Elle est leur signe de reconnaissance. Penser que celle-ci puisse s’abolir au profit d’une quelconque « féminitude » est utopique. Par ailleurs, Donald Trump représente le Père dans toute sa splendeur. Les Trump towers achèvent le symbole sexuel. 

Les femmes comme les hommes ont finalement cédé à ce dernier davantage qu’aux sirènes d’Hillary, d’autant plus que celle-ci a commis des erreurs graves, en particulier celle de promener comme un petit chien son mari à la mine pitoyable. 

La femme victorieuse de l’homme, qu’elle a terrassé : très peu pour les Américains. 


La vraie crise de la Civilisation, réside dans l’abandon par les hommes de la Loi du Père, la plupart du temps, sous l’influence de penseurs juifs, tels Marx, Freud, Derrida. Dans le contexte de la société de leurs temps, ils ne pouvaient assumer leur identité et en conséquence, imaginaient des mondes dont le moteur était un égalitarisme pervers, que ce soient le matérialisme historique, la psychanalyse ou la déconstruction. Ces univers sont tous fondés sur l’abolition du Père, à savoir le Dieu juif. 

Les révolutionnaires de 1789 l’avaient déjà réalisé à travers Rousseau. 

Lorsque cette Loi du Père n’est pas respectée, se produisent des déviances qui peuvent engendrer le pire. C’est ce qui s’est passé avec le phénomène hitlérien. L’espace tragique européen, issu de la Grèce, était attaqué de plein fouet par le marxisme, lui-même une perversion de la Loi juive. 

C’est la Civilisation judéo-chrétienne qui est mise en cause par les héritiers de ces précurseurs. C’est pourquoi la tâche aujourd’hui, au-delà de ces derniers, est de reconstruire du Père, du Sens, de la symbolique. Ce que nous cherchons, au plus profond de notre inconscient, c’est de retrouver une identité qui nous permette d’exister. Cette identité, c’est la rencontre avec l’autre, ouverte sur l’infini. 

C’est pourquoi on ne peut comprendre le combat acharné des femmes aujourd’hui, sans le situer dans la perspective d’une reconstruction globale de la société. Celles-ci ne s’insurgent que parce que les hommes, en particulier depuis la Révolution française, ont perdu le lien avec la transcendance. C’est d’abord ce lien qu’il s’agit de recréer. 


Entre les deux fêtes qui célèbrent autrement la vie américaine et la vie française, le Thanksgiving Day et la prise de la Bastille, il est un élément de différence fondamentale. Le Thanksgiving Day célèbre l’arrivée des pèlerins en Nouvelle-Angleterre. Il est une fête religieuse. Ceux-ci étaient des huguenots qui quittaient le sol de leur patrie pour raisons politiques. On les en chassait.

Louis XIV avait déclaré la religion catholique seule religion d’Etat. Pour ceux qui n’acquiesçaient pas, il restait les dragonnades. Louis XIV a été avant la Révolution de 1789 le meilleur exemple de l’intolérance française, qui se prolonge jusqu’à nos jours à travers la laïcité.

C’est donc la liberté religieuse que les pèlerins sont venus quérir en Amérique, au péril de leur vie, après avoir abandonné leurs biens. C’est cette exclusion que les pèlerins ont d’abord rencontrée. C’est pourquoi hier comme aujourd’hui, ils remercient Dieu de leur avoir permis de survivre et de faire leur vie en Amérique. Il faut le répéter : c’est sur la base d’une dimension religieuse que la vie politique américaine est fondée.

En France, il n’en va pas de même. Le premier acte de la Révolution que les Français fêtent tous les ans le 14 juillet, est un acte de violence : la prise de la Bastille. C’est aussi un acte d’athéisme, On coupe la tête du gouverneur de la Bastille et on la place au bout d’une pique. On fait de même avec la meilleure amie de la reine, la princesse de Lamballe. Bientôt, on assassine le roi et par ce parricide, on voudra attenter à Dieu et à toute sacralité. La Révolution est d’abord un attentat contre la religion. On s’affranchit d’elle en fondant un homme sans Dieu. 

Kant est le vrai précurseur de ce monde de la Raison, face à la Révélation.

On voit ici comment les actes symboliques des deux identités sont  différents. L’un est un acte de gratitude envers Dieu, l’autre une révolte contre lui. Cela entraîne des conséquences décisives quant à la vie des deux sociétés.

Dans l’une, il existe un lien entre les citoyens. Chaque année par exemple, les sénateurs de droite comme de gauche, les républicains et les démocrates, se réunissent au Capitole autour de leur foi commune, qui les contraint d’une certaine manière à se respecter. Le Président prête serment sur la Bible. En France, ce qui lie les citoyens, c’est une absence, celle de Dieu. 

Actuellement, la laïcité souhaiterait constituer le nouveau trait d’union. Elle est en fait un nouveau déni. On pratique sa foi dans l’intimité, si on en a encore une, mais surtout, on n’en parle pas. En fait, et comme conséquence à cela, on ne parle plus de rien. C’est pourquoi en France, tout se passe en sourdine. On ne peut pas dire les choses. On dissimule. C’est le règne au lieu du double langage.


La question de l’immigration et la manière dont chaque candidat l’aborde, est sans doute la plus importante et la plus décisive. 

Hillary Clinton, dans le prolongement de l’action d’Obama, se montrait susceptible d'accorder la nationalité américaine à de nombreux immigrés entrés aux Etats-Unis en fraude, faisant sans doute le calcul qu’ils voteront pour les Démocrates aux prochaines élections. Il s’agit à la fois d’une stratégie politique et d’une tradition de ce parti, généreuse. C’est la grande Amérique, capable par sa puissance même d’accueillir tout un chacun. 

La position de Trump est différente. Il pense que l’immigration incontrôlée est à la source du terrorisme. Bien plus, les immigrés pense-t-il, vont submerger les premiers arrivants, les fondateurs de l’Amérique, les WASP, les blancs, et faire de l’Amérique, au-delà du melting pot, une nation sans centre, sans direction, une nation métissée. 

Cette position risque de rencontrer beaucoup d’adeptes, qui sans le dire tout haut, le pensent tout bas.

Que ce soit en Europe ou aux Etats-Unis, le problème se pose d’une manière assez similaire. Trump le dit d’une façon abrupte, violente, mais c’est cette violence-même qui donne à son propos une audience importante. 


Les pays occidentaux voudront-ils demeurer judéo-chrétiens ou sombrer sous l’afflux des immigrés, qui un jour ou l’autre, risquent de les absorber, comme le firent jadis les Barbares avec l’Empire Romain ? 

Trump ne prêche pas pour un recroquevillement de l’Amérique sur elle-même mais au contraire pour une reprise en compte de ses racines afin de pouvoir intégrer davantage et se réaliser plus loin.

Les Démocrates sont davantage tentés par la globalisation, une sorte de culture mondiale, qui supprimerait les trop grandes disparités, et en même temps, réduirait les spécificités, les identités, les singularités, les cultures. 

Il est possible que la mondialisation ait élevé le niveau de vie des populations sous-développées, qu’aient pu leur être distribués d’avantage d’aliments, mais à quel prix : celui de la destruction de leur culture, comme celui de la nôtre. Nos églises se vident, mais pas au profit de plus vastes croyances, à celui du temple des Temps Modernes, celui de la consommation, le super U.

Aujourd’hui la plupart des emplois aux Etats-Unis ont été exportés en Chine, où la main-d’œuvre est meilleur marché. Ceci enlève aux Etats-Unis leur énergie, leur goût d’entreprendre et de travailler, les réduit à la pure spéculation. Ils sont séparés du faire, ce qui rend la société plus abstraite, plus virtuelle. Trump dénonce cet état de chose. 


En fait, l’avenir qui s’annonce risque d’être problématique.

Les Etats-Unis se fondent de plus en plus dans une indifférenciation générale, servie par des théories intellectuelles, dont la France est partie prenante : la Déconstruction, ou le Genre.

Le noyau dur WASP qui a fait les Etats-Unis se dissout peu à peu dans une mondialisation, qui mène progressivement à une authentique perte d’identité. 

On ne sait plus qui l’ont est : femme ou homme, noir ou blanc, homosexuel ou hétérosexuel. L’angoisse vous saisit. 

C’est le moment en général où des réactions violentes se produisent. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé sous la République de Weimar avant l’avènement d’Hitler. Il existait de profonds conflits d'identité. 

Si l’Amérique veut demeurer elle-même, elle ne peut laisser pénétrer chez elle n’importe qui sous n’importe quel prétexte. Elle doit se redéfinir autour d’un noyau dur : celui qui a constitué son fondement d’origine.

Dans le cas contraire, elle deviendrait une nation ouverte à tous les vents, dont les ennemis se partageraient très vite les dépouilles. 

Le problème se pose de la même manière en Europe : si celle-ci veut demeurer également elle-même, elle doit définir les limites au-delà desquelles elle peut accueillir des minorités, sous peine de perdre son identité.

Il faut redresser la machine afin qu’elle reprenne sa vocation première. Si elle veut continuer à intégrer des peuples nombreux et divers, elle doit redéfinir ses principes de base. Pour être universel, il faut d’abord préciser ses fondements, son enracinement. 

C’est à cette tâche que doivent désormais se consacrer à la fois l’Europe et les Etats-Unis. 


La grande tentation pour l’Amérique aujourd’hui et pour l’Occident tout entier est de penser et de croire qu’ils peuvent accueillir tout un chacun et devenir un tissu de peuples, de races et de couleurs de cultures différentes, autour d’une loi vaguement définie, autour d'une quelconque écologie ou théorie climatique. 

Si l’Empire Romain a pu gouverner le monde comme nous l’avons fait nous-même, car nous ne constituons jamais que son prolongement, c’est parce qu’à l’intérieur de la Romanité et de l'Occident se déployait un noyau dur qui les constituait. Nous sommes des judéo-chrétiens. Cette affirmation s’est poursuivie au-delà de la fin de l’Empire Romain, à travers Byzance. 

Charlemagne a pris la suite en devenant Empereur chrétien d’Occident. C’est le Christianisme qui après la Romanité a pris la relève et est devenu le nouveau noyau dur de l’Empire. Nous sommes toujours dans cette mouvance. 

Les Etats-Unis et nous-mêmes en sont les héritiers. C’est aujourd’hui la religion protestante qui est leur fondement, en même temps que les Lumières. Ils ne peuvent continuer leur course que s’ils sont capables d’affirmer leurs valeurs d’origine, contre toutes les tentations de l’indifférenciation. 


La France est un pays castré, et on voit mal désormais comment elle pourrait revenir à ses racines spirituelles, arrachées au moment de la Révolution. Les Juifs eux-mêmes y sont laïcs. Ils risquent d’oublier leur identité au profit d’une laïcité qui est en fait l’abandon de leur spiritualité. 

C’est pourquoi le dialogue Etats-Unis-France est difficile, malgré le fait que ce soit la France monarchique qui ait aidé les Etats-Unis à se constituer, et que Louis XVI sans doute ait été le premier et véritable ami des Etats-Unis.

Tels sont les paradoxes de l’Histoire : c’est un Roi qui aide une colonie anglaise à conquérir sa liberté et une République ensuite qui appelle par deux fois à l’aide cette même colonie libérée, devenue les Etats-Unis. En tout cas, la relation amour-haine que les Etats-Unis et la France entretiennent depuis toujours repose essentiellement sur la différence de leurs fondements. Les uns sont protestants, les autres catholiques, puis athées. 


Avoir tenté de faire des femmes les alliées nécessaires d’Hillary Clinton était prématuré. Beaucoup ont dû voter pour le mâle, le Père, le Président dont elles ont besoin pour se positionner, à partir de leurs propres structures familiales, pour s’identifier.


Nous avons vécu plusieurs décennies enveloppés dans des idéologies mortifères, toutes plus ou moins issues de Jean-Jacques Rousseau, avec comme unique horizon, l’égalitarisme. Il s’agissait que le plus grand, le plus fort, s’aligne sur le plus faible, que tous deviennent l’égal de l’autre. Il ne fallait pas que la masse s’élève, mais qu’elle se réduise au contraire, que tous deviennent des prolétaires. On en revient à la célèbre parole de Trotski : « Si le soleil ne doit briller que pour la bourgeoisie, nous éteindrons le soleil ! »

Aujourd’hui, tous sont invités à devenir riches, après l’élection de Trump et de toutes les contraintes. Tous sont invités à élever des tours vers le ciel, à devenir des entrepreneurs de leur propre vie. Donald Trump s’est réalisé à travers sa propre entreprise. Telle est au fond la grande Révolution Libérale, qui n’a jamais eu lieu, jusqu’à aujourd’hui. Au lieu de faire de tous les hommes des esclaves du travail, les libérer de celui-ci, de manière à ce qu’ils deviennent tous des créateurs. 


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