On a beau jeu aujourd’hui en
France de brocarder Vladimir Poutine. Il serait un dictateur à la tête d’une
mafia composée d’individus corrompus qui peuvent vous envoyer au goulag pour un
oui ou pour un non.
Les élections qui l’ont porté au
pouvoir auraient été truquées. En un mot, entre Staline et Poutine, il n’y
aurait pas vraiment de différence, quelques nuances seulement compte tenu du
contexte international.
Le gouvernement de la Russie
serait toujours totalitaire.
La France a l’habitude de juger
les autres d’après ses critères et valeurs. On connait celles-ci, la laïcité, le droitdelhommisme, ce qu’elle nomme la tolérance
et qui s’apparente à s’en méprendre au laxisme le plus total.
Ses grandes conquêtes
intellectuelles et spirituelles récentes sont le mariage pour tous, l’accueil
de la théorie du genre, la confusion en fait de toutes les valeurs qui l’ont
constituée jusqu’à ce jour.
Dans la cathédrale Notre Dame
récemment à Paris des « Femen », femmes s’exhibant les seins nus,
se sont livrées à la violation de l’espace sacré.
Il n’y a eu aucune poursuite. Au
contraire elles se sont retrouvées en effigie sur les nouveaux timbres :
elles figurent désormais Marianne.
Vladimir Poutine a été confronté
récemment au même problème. Les « Pussy riots » ont violé l’espace
sacré d’une église russe. Elles ont fini en prison et ont été condamnées.
En Tchétchénie, Poutine s’est
montré inflexible. Il a fait la guerre au terrorisme. Ce pays risquait de faire
sécession profitant de la faiblesse de la Russie renaissante.
Les bonnes âmes se sont émues et
comme nécessairement il a été traité d’assassin par des intellectuels français.
La France entreprend de son côté
une guerre au Mali et en Centrafrique contre le terrorisme. Elle envoie ses
troupes au compte-goutte. Elle ménage la chèvre et le choux et tente de faire
faire le sale boulot par les autres. Elle vient d’appeler l’Europe à la
rescousse.
Poutine nomme les choses et prend
les mesures adéquates. Il est conséquent. Il n’a aucune indulgence envers le
terrorisme.
Par ailleurs Vladimir Poutine ne
pense pas qu’il soit normal que toutes les mœurs soient bonnes à accueillir. Il
ne croit pas qu’il soit normal qu’un homme puisse se marier avec un autre homme
ni une femme avec une autre femme. Il nomme les différences. Il croit qu’il y a
des codes, des traditions, une normalité. Il croit qu’il y a du sacré.
La Russie soviétique avait tenté
de détruire la religion dans la droite ligne de la Révolution Française.
Staline a persécuté les églises et la lutte de Jean-Paul II aux côtés de
Solidarnosc en Pologne a été un épisode décisif de la résistance, contre le
totalitarisme.
Qui aurait pu penser il y a très
peu de temps, que ce serait de la Russie que nous viendrait aujourd’hui un retour
des valeurs.
L’Union Soviétique est morte que
beaucoup d’intellectuels français, il faut le rappeler, ont soutenu de toutes
leurs forces.
Poutine reconstruit du religieux.
Il tente de refonder la Russie sur ses valeurs immémoriales.
Les jeux olympiques de Sotchi ont
été pour lui une exceptionnelle opportunité, lui permettant de faire connaitre
au monde sa volonté de rebâtir son pays.
Le spectacle qu’il a donné,
particulièrement somptueux, à l’occasion de ces jeux, a accru sans doute son
influence dans le monde, et attiré en même temps l’envie. Il a par là même
annoncé le retour de la Russie sur l’échiquier mondial, en exposant à côté du
sport les valeurs russes, la danse, la
musique, la grande littérature.
Le fait de dévoiler au monde le
visage de Soljenitsine aux côtés de celui de Doïstoïveski et de Tolstoï a été
un très grand moment de télévision mondiale, et surtout un signe très important
de la volonté de bâtir désormais une Russie plus tolérante.
Le succès russe aux jeux de
Sotchi en ont été un autre.
L’Europe en mal de formation, ainsi
que les Etats-Unis ont profité de ces jeux pour tenter de déstabiliser
l’Ukraine. Elles craignent le retour en force de la Russie sur la scène
mondiale.
D’aucuns ont même suggéré de les
boycotter. Triste plaisanterie !
Nul ne tenterait de prétendre que
le Président de celle-ci fraîchement exilé représente un idéal politique et le
peuple a sans aucun doute bien fait de s’en débarrasser.
Mais à qui ferait-on croire que
Kiev, la capitale religieuse de la Russie bien avant Moscou, puisse devenir une
ville européenne ? Cela sent la manipulation à plein nez.
Que l’Amérique, à cette occasion évoque
la démocratie, cela fait rire le monde qu’elle met par ailleurs sur écoute.
Quand elle entre en Irak, ou ailleurs sans autre forme de procès, et détruit
ces nations sans doute est-ce aussi cela la démocratie !
Il est à espérer que l’Ukraine se
choisisse un gouvernement de son choix. Comme tous les peuples elle a le droit
à la liberté mais l’Europe aurait tort de se joindre aux apprentis sorciers.
Quant à notre grand comédien
Gérard Depardieu il a sans doute vu juste. Certes Poutine est un peu brusque
pour les français. Nous sommes apparemment plus délicats. Nous n’avons pas eu de
goulag. Nous n’avons eu que Drancy.
Pour juger les autres et les
condamner ce qui est toujours dangereux, il faut avoir les mains propres.
Allons d’abord nous les laver.
Poutine relève à terre les
valeurs de l’occident que le marché américain piétine chaque jour davantage et
que l’athéisme français méprise de plus en plus.
Il possède l’expérience de ce
qu’a été le totalitarisme, venu directement des « LUMIERES »
françaises, même si elles ont été dévoyées et que nous avons très longtemps
soutenu.
Quant à la Syrie, qui ne déplorerait
les milliers de victimes de la guerre civile, mais qui ne constaterait en même
temps que là comme en Lybie, le choix désormais semble se situer entre les terroristes
d’Al Quaida et les potentats en place.
On a abattu Kadafi, c’est Al
Quaida qui est venue.
A moins que les Etats-Unis et l’Europe
à leur suite aient désormais intérêt à installer le chaos dans ces pays comme
Bush l’a fait en Irak. Ce pourrait être effectivement leur stratégie !
En tout cas Poutine là encore
semble défendre un certain ordre dont nous n’avons pas complètement à nous
plaindre. Bachar el Assad protège les catholiques de Syrie.
Cela gêne sans doute le
gouvernement laïc français. Il faut lui rappeler cependant que nous sommes
encore pour quelques temps peut-être dans une civilisation judéo chrétienne, et
que seul Poutine semble s’en souvenir
La
solution ne se trouve sans doute pas dans la politique provocatrice de la
France et celle des Etats-Unis vis-à-vis de la Russie, constitués par des
menaces stériles « retrait du G8 » et autres épouvantails à moineaux.
L’Europe devrait au contraire,
prendre conscience, comme l’avait fait le Général de Gaulle, de son intérêt à
se rapprocher de la Russie. Elles possèdent une longue histoire en commun.
Celle-ci, loin d’être une ennemie
de l’Europe, doit être sa partenaire privilégiée et son alliée. La Russie est
blanche, ne l’oublions pas, comme nous-même, dans un contexte international de
plus en plus dominé par l’Asie. Elle est une société chrétienne, même si les
bureaucrates de Bruxelles ou ceux de France veulent passer ses origines
religieuses sous silence.
L’Amérique est en train de se
dissoudre dans une globalisation qu’elle prétendait dominer jusqu’à ce jour.
Elle tend à abolir les frontières entre les nations, au profit des
multinationales dont elle risque elle-même d’être prochainement la victime.
La Russie peut-être demain notre
rempart contre une Chine trop puissante. En tout état de cause elle est un
élément fondamental de l’équilibre mondial.
Les Etats-Unis se pensent
toujours comme les dirigeants d’un monde unilatéral révolu. L’Europe laisse
apparaître ses divisions. L’Allemagne et la Grande Bretagne font bande à part.
En Ukraine, les partis sont eux-mêmes
divisés entre les pro européens et les pro russes. Querelle stérile ! La
dette est considérable. La vérité incontournable est que l’Ukraine a besoin de
la Russie.
La solution : que l’Ukraine
choisisse librement son destin, sans intervention aucune de part et d’autre. On
ne peut douter qu’elle élise sans doute une certaine autonomie dans le cadre
d’une union privilégiée avec la Russie. Son intérêt n’est en aucun cas dans une
partition. Kiev demeure la capitale spirituelle de la Russie.
Les points essentiels de cette
affaire : les équivoques de l’Europe en mal de formation, les provocations
absurdes de l’Amérique, la volonté de Vladimir Poutine de reconstruire la
Russie éternelle dont la puissance est indispensable à l’équilibre mondial.
Dans notre aveuglement nous ne voyons pas que Vladimir Poutine est peut-être notre espoir comme Byzance le fut un moment pour l’empire romain d’occident devant la montée des barbares.
La vérité c’est que l’impuissance
des Etats-Unis et celle de l’Europe qui se font jour à travers l’affaire
ukrainienne lisent dans la résurrection de la Russie l’annonce de leur propre
chute.
Edouard VALDMAN
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