J’ai longtemps éprouvé de la sympathie pour Éric Zemmour.
Contrairement à de nombreux intellectuels la plupart du temps compassés et prétentieux,
sans distance par rapport à leur pensée, il m’est toujours apparu jovial, en train
de rire et de s’amuser. Il n’a pas l’air de se prendre au sérieux.
L’émission de télévision à laquelle il participe avec son
compère Naulleau et Anaïs Bouton l’animatrice qui a beaucoup de charme, ressemble
davantage à une conversation de café qu’à un salon littéraire. Ils forment une
équipe sympathique et pleine d’humour.
Ils sont parvenus à conquérir la plupart des intellectuels
français, c’est-à-dire à se faire haïr d’eux ou à les rendre jaloux, en tout
cas à les intéresser.
Cependant, sous des allures sympathiques et bon enfants,
Zemmour communique une pensée incisive, réactionnaire qui peut facilement devenir
anxiogène. Il ressent une véritable crainte devant la montée de l’Islam, une authentique
peur d’un « grand remplacement » de civilisation. C’est son droit.
Les protestations fusent contre son discours, et réclament
qu’on l’interdise. Il a d’ailleurs déjà été condamné à plusieurs reprises pour
incitation à la haine raciale.
Zemmour persiste et signe.
Pourtant, la liberté de parole est une des formes les plus essentielles
que peut prendre la liberté humaine. Elle est un des piliers d’une société
moderne et évoluée. Des milliers d’intellectuels sont morts pour la défendre et
d’autres mourront encore pour elle car ce combat n’est jamais gagné.
C’est pourquoi, il ne faut en aucun cas empêcher le soldat
Zemmour de parler. Il faut au contraire lui fournir tous les moyens pour qu’il
puisse s’exprimer car l’expérience montre que tout ce qui est excessif disparait
en fin de compte de sa belle mort.
Lorsqu’Éric Zemmour demande à une jeune femme française,
venue des îles, de changer de prénom pour faire « davantage
français » il commet une double faute.
D’abord celle de ne pas s’apercevoir, ou de faire semblant,
que ce prénom d’Outre-Mer élargit la langue française. Loin de l’amoindrir ou
de la déformer, il l’a rend plus chantante et en même temps plus universelle.
C’est sans doute ce que désiraient ceux qui sont partis à la
conquête de ces territoires. Ils souhaitaient précisément agrandir la Nation
française.
La deuxième faute que commet Eric Zemmour, plus grave
encore, c’est de tenter de faire honte à cette jeune femme d’être ce qu’elle
est.
Cette démarche pleine de mépris qui se donne un droit sur la
vie des autres, c’est ça le fascisme.
Les immigrés doivent revendiquer leur condition. Ils sont
les enfants vrais de ceux que nous avons conquis et c’est à ce titre qu’ils
doivent être respectés.
Nous avons besoin d’eux, de leur apport original. C’est nous
qui sommes allés les quérir à l’autre bout du monde.
Plus récemment, le 17 octobre 2019, Denis Olivennes est venu
palabrer à la nouvelle émission d’Éric Zemmour sur TF1. Les condamnations se
suivent, les émissions de télévision aussi.
Ce dernier a récidivé en le félicitant de ce que son père Armand
Olivenstein a changé son nom en Olivennes. Vive la République !
Durant la dernière guerre, mon père a été obligé de modifier
le sien. Il s’appelait Samuel Waldmann et il a été contraint d’en soustraire à
la fois un « n », de remplacer le « w » par un « v »
et de changer son prénom de Samuel en Albert.
Ce sont les nazis qui l’y ont contraint.
Il a fallu l’Holocauste pour que les juifs soient
véritablement intégrés, après que la bête fut rassasiée de leur sang. Il
semblerait à présent qu’ils ne souhaitent pas que l’intégration concerne
d’autres peuples qu’eux-mêmes.
Eric Zemmour, un juif (je pense), se comporte comme un
collabo en demandant à cette jeune fille de changer son nom et en se félicitant
que Monsieur Olivenstein ait été contraint de modifier le sien.
En fait, Éric Zemmour endosse le rôle du traître.
Il ne défend plus la culture. Il la défigure.
On annonce BHL sur la chaîne pour la semaine prochaine. La
boucle est bouclée. Le bon chic bon genre va définitivement cacher la perfidie.
On pensait encore il y a peu de temps que les juifs étaient
préservés des intempéries du siècle.
Il n’en est rien.
Désormais, certains d’entre eux ont partie alliée avec la meute.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire